Rouge et le loup

Ludovic Metzker

Ceci est un petit extrait de mon conte "Rouge et le loup", issu de mon nouveau livre en préparation. J'espère qu'il vous plaira !

Plusieurs jours que Rouge n'avait pas été voir Mère-Grand. Fortement inquiète, Blanche demanda à sa fille d'aller rendre visite à Mère-Grand et cette fois-ci, de faire bien vite, car la tarte qu'elle venait de préparer était encore bien chaude. La petite fille fit la promesse de faire cette course très rapidement. Elle n'avait pas dit qu'elle espérait surtout faire appel à Loup. Ainsi, elle entra dans le bois et se mit à courir assez vite pour se trouver à la Croisée des Chemins lorsqu'une forme au loin s'approcha d'elle très rapidement. Elle reconnut Loup grâce à ses yeux rouges. La petite fille s'arrêta un peu, essoufflée d'avoir couru. Loup la regarda puis l'odeur du gâteau vint chatouiller ses narines.

— Est-ce pour moi ? demanda Loup.

Sa grande langue joua sur ses babines. Loup avait vraiment très faim et la cannelle mélangée à la pomme ne pouvait qu'exciter ce petit ventre insatiable.

— Non, c'est pour Mère-Grand, répondit la petite fille.

Loup s'assit et approcha son museau du panier. Il hocha sa tête sur le côté d'un air assez surpris : Mère-Grand ?

— La maman de ma maman. Je n'ai pas été la voir depuis longtemps et ma mère est très inquiète… Je dois lui apporter ce gâteau et prendre de ses nouvelles ! Les adultes ne se déplacent pas beaucoup ! Tu voudrais bien m'accompagner ?

Loup se redressa sur ses quatre pattes et à l'aide de celle de derrière, il se gratta frénétiquement l'oreille gauche avant de répondre :

— Non ! dit Loup.

Les yeux de Loup devinrent encore plus rouges que la normale, virant à l'orange et son poil ne semblait pas vraiment gris ou noir, non, il devint comme le charbon. Les griffes se mirent à sortir violemment et le grognement de Loup ne rassura pas la petite fille qui n'avait jamais ressenti la crainte jusqu'à présent. De la bave sortit de la bouche de Loup et à l'aide de son horrible langue, il se lécha les babines :

— Loup ? Pourquoi as-tu de si grandes pattes ? questionna la petite fille.

Loup venait de grandir d'une taille de plus de cinq enfants. Rouge se sentit immensément ridicule avec sa petite taille :

— C'est pour courir encore plus vite, mon enfant !

Les oreilles de Loup se mirent aussi à grandir et dépassèrent sa tête :

— Pourquoi as-tu ces grandes oreilles ? demanda Rouge figé par la transformation de Loup.

— C'est pour mieux entendre le moindre de tes pas, le moindre battement de ton cœur… Mon enfant !

Les yeux de Loup devinrent comme injectés de sang et devenaient de plus en plus gros au point que le visage de Rouge puisse se refléter à l'intérieur :

— C'est pour mieux te voir et te repérer dans le noir…

Le grognement provenant de Loup fit voler les feuilles restées au sol et se mit à ricocher d'arbre en arbre faisant peur au moindre écureuil, au plus petit oiseau. Au moment où Loup se leva sur ses deux pattes de derrière, Rouge lâcha son panier et se mit à reculer progressivement tout en pensant à cette chanson que sa mère lui chantait, une chanson pas des plus plaisante, celle du grand méchant loup.

Jamais Loup n'avait été violent à son égard. Jamais Loup ne lui aurait fait de mal et pourtant, les légendes disaient vraies. La pauvre petite fille ne comprenait pas pourquoi et elle estima n'avoir rien fait de mal. Selon la légende, le loup mangeait les méchants enfants. Était-ce donc des sottises ? Pourquoi Loup lui en voulait-il ? Lorsqu'il se remit sur ses quatre pattes, le sol de mit à trembler, le ciel invita les nuages les plus sombres à venir voiler la moindre parcelle de clarté cachant ainsi le soleil et invitant Rouge à faire ce qu'il fallait : fuir !

Signaler ce texte