route du Maine
millie--2
Il était arrivé. Il connaissait bien cet endroit pour y avoir déjà travaillé quelques années auparavant. Il s’était garé à cinq cent mètres en contrebas. On ne voyait pas sa voiture. Il l’avait laissée à l’ombre. Il était venu ensuite à travers champs. Il aimait ces moments de calme avant de commencer le travail. Il admira le paysage, Le lieu ne changeait pas, une sorte d’immuabilité, de pause dans la course de la vie se dégageait de cet endroit. Calme et paix. De loin en loin, il entendait chanter un oiseau qu’il ne voyait pas.
Calmement, il ouvrit sa valise pour sortir le matériel dont il aurait besoin. C’était un homme ordonné et méthodique et il aimait que tout fut rangé exactement à sa place.
Il avait de la chance, le temps était clair, les couleurs superbes, la visibilité limpide, la luminosité idéale. Il sentit qu’il allait faire du bon travail.
Une fois son matériel installé, il s’accorda une pause. La température était douce. Il s’allongea dans l’herbe tendre.
Au loin, on entendit un bruit de moteur. Un tracteur. Il sourit en repensant à son enfance à la ferme. Il en avait passé d’heureux moments là-bas à travailler aux champs. C’était dur, certes mais il aimait cette saine fatigue. Mais il devait ses meilleurs souvenirs aux parties de chasse avec son père, le sourire heureux de celui-ci quand il présentait le gibier à sa femme et le rire de celle-ci en le voyant si fier.
Le tracteur passa en contrebas, pris le virage et disparut derrière la colline.
Il soupira de bien-être.
Un second bruit de moteur. Grosse berline. Il se mit aux aguets. Il aurait peu de temps. La Mercedes noire déboucha vivement. Il ajusta son M40 et lorsqu’elle amorça le virage, il tira.
L’instant lui paru suspendu jusqu’au bruit de l’impact sur la vitre du passager. Le sang sur les éclats de verre, le crissement des pneus. Le chauffeur perdit un instant le contrôle et il lui sembla que la voiture allait percuter le talus. Il fronça les sourcils. Il n’avait rien contre le chauffeur et n’aimait pas les dommages collatéraux.
Mais non, la voiture se redressa. On entendit le moteur s’emballer quand le conducteur appuya à fond sur l’accélérateur et disparut pour échapper au tireur embusqué.
Celui-ci sourit. Beau travail.
Le calme revint. Il remit méthodiquement le fusil dans sa valise, repris le chemin en sens inverse et rejoignit sa voiture.
Cet après-midi, il irait à la pêche.
Joli titre et joli tableau (je parle du texte :)!
· Il y a plus de 12 ans ·amouami