Salamandre

Sylvette Heurtel

courte nouvelle de 150 mots

Le jardin et la maison envahis par la nuit, l’escalier comme un puits à l’envers, une seule pièce éclairée. Sous la lampe de la salle à manger les têtes penchées de la mère et des trois filles accrochent les reflets, un fil de lumière par cheveu. La Salamandre ronronne, presque rien ne bouge : les plumes sur le papier, une mèche auto...ur d'un doigt, une main contre la peau sous le tissu. Lettre et devoirs, elles écrivent toutes trois.
La mère redresse la tête, son regard cible l'aînée: - Dis donc, Françoise, et ton amant?
Le silence devenu lourd comme un couvercle au-dessus des têtes dorées. Une à une, les filles lèvent les yeux se parlent sans les mots, la houle de l'inquiétude bouillonne entre elles. A nouveau penchée sur sa lettre sous le regard interloqué de Françoise, la mère insiste : - Alors, étonnamment, ça prend un m ou deux m?

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