Sale journée.

Marguerite De Branchus

Nous avons à peine eu le temps de nous réveiller tranquillement dans des draps gelés et de nous étirer de tous nos orteils que celle-là nous balade déjà sur le parquet glacé de la cuisine.

Le réveil est dur. La journée s'annonce rude. Voilà qu'elle nous presse de bon matin. Nous avons à peine eu le temps de nous réveiller tranquillement dans des draps gelés et de nous étirer de tous nos orteils que celle-là nous balade déjà sur le parquet glacé de la cuisine. Des miettes de pain, des poils de chats, des tâches de vin. A peine levés que sommes déjà en plein parcours du combattant. Un café avalé debout ne nous laisse même pas le temps de nous remettre que nous revoilà déjà à remonter énergiquement les escaliers étriqués.

Nous voilà encore à nous agripper dangereusement sur le carrelage lisse et froid de la baignoire à batailler pour ne pas boire la tasse pendant que mademoiselle se délasse avec grâce. Réveil frissonnant, petit-déjeuner croustillant et bain bouillant, on ne pouvait pas mieux faire pour mal commencer la journée. Après avoir supporté l'agression brûlante des eaux tumultueuses de cette douche matinale, notre heure est enfin arrivée. L'accalmie tant désirée, la douceur de vivre tant méritée : voilà qu'elle nous glisse enfin dans notre écrin, une douillette parure en coton.

Enfin notre douce journée va pouvoir commencer bien au chaud et confortablement installés, il ne nous reste plus qu'à nous laisser bercer par le rythme du programme qui nous attend sans ne plus rien demander. A moitié engourdis par cette douce chaleur et ce tissu cotonneux qui nous embrasse, nous savourons chaque pas comme une délicate caresse. 

Finalement, cette journée ne va pas si mal se passer. Ploc. Le choc est rude. Ploc. Froid saisissant. Ploc, ploc. Soudain surgit de nulle part et sans crier gare, une flaque nous envahit de toute part et nous sort brutalement de nos douces rêveries.

Chaussettes mouillées, pieds énervés, sale journée.

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