Sans suite
versolite
Après les pas dans le couloir, les bruits de clés et la brève seconde de silence, la porte claque et le garçon frêle et massif rentre. Il dépasse le fauteuil où l'autre est assis. Il le salue, enfin, il y a de la mauvaise volonté là-dedans. Sa voix s'entend à peine dans l'appartement.
- Salut, répond pâlement Kas, qui ne détache pas les yeux de son ordi.
Des yeux qu'il a pâles, aussi, ils se perdent dans son visage livide, c'est à peine si on discerne ses traits sous sa masse de cheveux blonds.
- Tu fous quoi ?
- J'essaie d'écrire.
Sean balance son manteau sur le premier truc qui dépasse, et va jeter un regard indiscret sur l'écran. Peine perdue.
- Si tu pouvais un peu moins essayer et un peu plus écrire, ce serait pas mal, marmonne-t-il d'une voix acerbe.
- J'ai pas d'idées...
- Ouais, bah bouge-toi et trouve-en. Parce que là, ton écran il est aussi blanc que ta gueule.
Kas laisse échapper un rire - un souffle de rire cédé du bout du nez.
- Quoi ? jette Sean
- Rien, ça me fait marrer. Tu faisais quoi ?
- J'étais chez Octave, y a un de mes potes qui avait un problème à son genou.
- Il avait quoi ?
- Écris.
- Nan mais dis-moi ?
- Il est tombé d'une voiture, je sais pas comment, il a dû faire le con encore, du coup il se l'est défoncé. T'écris ?
- Tu me déconcentres, là, j'arrive pas.
Kas se renverse en arrière, clignant précipitamment des yeux. Il le fait souvent ces derniers temps, ses cheveux sont en bordel et il a la flemme d'y faire quoi que ce soit.
[...]
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