Sans-titre
Malou
Je viens d'entrer dans un bar où n'est jamais né aucun souvenir. Je demande un verre de vin rouge pour oublier que je suis là. Je ne veux raconter à personne mon coeur qui se serre, et si l'on m'adresse la parole, je n'aurais pourtant que ça à dire. Pourquoi essayer d'expliquer ? Les mots sont confus lorsqu'on s'étouffe. Les jeux de perceptions me provoquent. J'esquive un prédateur, je demande pardon. Elle est grandissante cette sensation si familière. Celle de ma fougue écoe…urante ou effrayante. Celle qui m'exile. Ma sensibilité et mon imagination sans âge frappent un nouveau coup. Et la folie fidèle et fatigante, cette maudite perverse est satisfaite. Le nom d'une autre ville résonne dans mes tempes, assourdi mes oreilles, gicle dans mes yeux. Deuxième verre. Troisième verre. Entre les deux, juste une cigarette. Je ne veux pas bouger de ce comptoir qui supporte mon poids, surtout les mots qui s'en échappent.
10 minutes passent. Puis le téléphone sonne. Il me dit que je suis idiote aveugle et ingrate. Que je me suis trompée à chaque mot. On m'a volé ma chaise pendant que je souriais comme une imbécile en entendant une voix. C'est logique et j'ai envie de rire. L'humour noir de dieu, ou les signes absurdes de la destinée, je m'en fout après tout. Je vais payer mes verres, c'est le prix de la mélancolie, et puis sortir. Pirate existentielle, le cœur libre.
Encore la voix m'appelle et me rappelle. Qu'on parle la même langue, que je ne suis qu'une trouillarde. Je trinque à mon absurde. Je pars retrouver ses yeux.