Sans titre
djakal
Il y a des échos qui n'arrêtent jamais de brailler. Impossible de les faire taire. Leurs crochets écarlates, luisant dans l'ombre qu'ils projettent, s'insurgent contre autrui qui n'est finalement rien d'autre qu'un pantin ; un jeu de lumière imprimé dans leurs cervelles, qui n'a pas d'âme, qui n'a pas de conscience, pas d'être en vérité. Il y a des échos plus pâles encore que les visages qui les crachent; des bruits qui ne ressemblent à rien de connu mais sonnent comme des mots à l'oreille de l'habitué. Des siècles qu'il entend les mêmes syllabes former la même insupportable bouillie. De grands troupeaux se dandinent à la suite de plus petits, dans leur sillage on entend bêler ceux qui n'ont pas su suivre et qui, comme un tribut à la lâcheté commune, se mélangent à nouveau dans le creuset populaire, à l'abri de nouveaux échos vrombissant dans la nuit noire. Il y a les frères de sang qui se vident au-dessus des nuages, de leurs promesses égrenées par hasard. Déambulez comme des morts. Jouez aux fous. Souvenez-vous d'un jour où vous serez heureux de n'avoir jamais su l'être; impossible; aberrations qui scrutez l'horizon pour y déceler la merde où vous avez foutu les pieds. Il vous faudra disparaître, hors de mon corps ou dans mon crâne, vous deviendrez des légendes ou des photos jetée dans le feu qui vous emporte. L'idiotie dont vous faisiez preuve était un spectacle avant que l'on me traine sur scène à mon corps défendant. Lâchez-moi. J'ai tué tant de vos semblables en rêve que je n'hésiterai pas à me faire insomniaque, quitte à sombrer dans le cauchemar qui fait votre ordinaire. Laissez-moi. Il y a des hommes qui doivent mourir. Des infirmes de l'esprit, au regard brouillé par la bêtise ; bovins inlassablement dépouillés de leur lait, et qui applaudissent encore. Ceux-là dont la chair est tendre car aucun nerf ne vient la tordre, ignorez-les car ils ignorent jusqu'à leur mort. [...]