saxosexy

Loumir

" Ode '' au jazz

On aime le jazz ou on n'aime pas !

Pourquoi on n'aime pas, je ne sais pas, et pourquoi j'aime, je ne sais pas vraiment non plus.

Peut-être juste parce que j'ai été bercée par Sydney Bechet que mon père adorait. Et que je ne peux pas écouter Petite fleur sans être submergée par une vague émotive qui perle mes cils, une bouffée nostalgique pleine de ces temps heureux et insouciants quand nous allions à Juans les Pins, quand nous roulions sur la corniche d'Antibes…

Du jazz New Orleans aux divers courants du jazz, animée d'une insatiable curiosité, je ne me lassais jamais de découvrir… swing, bebop, cool et hard bop, latin jazz, jazz rock. J'en oublie certainement, que les puristes me pardonnent.

Et comme ils me viennent à l'esprit, dans le désordre... Miles, Sonny, Count, Chet, Stan, Benny, Duke, Glenn, Art, Lester, Charlie et les autres…

Et John.  Ah Coltrane ! Des nappes de sons puisées aux racines d'un blues épuré, magnifié, transcendé et égrenées en flot continu de notes tournant inlassablement autour des harmonies. Pourtant Coltrane que je préfère, et c'est Lui qui me l'a fait entendre, c'est l'incompris, le téméraire, l'inspiré qui forçait les portes de la musicalité dans des solos interminables et improvisés, en recherche et explorations désespérées surpassant les délires free jazz les plus osés.

Ce ne fut pas facile, ce ne fut pas inné. A ces stridences et dissonances mon oreille n'était pas accoutumée, poils hérissés, la sensation d'une craie crissant sur le tableau. Je m'imaginais agressée.

Mais je voulais aimer ce qu'il aimait. Je suis opiniâtre, je me suis entêtée. Je rêvais d'amour fusionnel qui durerait des années, des semaines ou un jour ou peut-être juste le temps d'aimer Coltrane.

Un fond sonore animé des longues plaintes sauvages d'un sax avec brio maîtrisé, je pétrissais ma pâte pour une tarte bien pimentée - Ah les mains d'une femme dans la farine, mieux encore que dans la chambre c'est dans la cuisine ... - culotte en un clin d'oeil ôtée, et tout aussi prestement soulevée, cul posé sur la  table farinée, oh, la belle empreinte que voilà ! le plus joli des coeurs est dessiné. La fusion fut totale. Entre cris et chuchotements, enfin je l'aimais ce jazzman et son infinie liberté.

Amour, cuisine, Coltrane ... et jazz déjanté !

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