Se sentir seul dans le Noir
sylvenn
… Tuer le temps sur internet
Rester dans sa chambre
S'ennuyer
Se sentir seul dans le noir
Sortir de sa chambre
Partir à la plage
Admirer le coucher de soleil
Regarder autour de soi
Remarquer cette fille
La trouver belle
Ne rien trouver à lui dire
Ne pas oser aller lui parler
Continuer de la trouver belle
Tenter de se convaincre qu'elle est inintéressante
Ne pas y parvenir
Ne pas trouver de solution
SE SENTIR AMOUREUX SANS LA CONNAITRE
CONTINUER DE LA TROUVER BELLE
RATER LE COUCHER DE SOLEIL
LA VOIR S'EN ALLER
AVOIR LE CŒUR BRISE
SE SENTIR NE PAS EXISTER
REGRETTER PROFONDEMENT
SE SENTIR SEUL DANS LE NOIR
REGRETTER D'ETRE EN VIE
RENTRER SEUL CHEZ SOI
SE SENTIR SEUL
RENTRER DANS SA CHAMBRE
SE SENTIR SEUL
RENTRER DANS SON LIT SEUL
SE SENTIR SEUL
RENTRER DANS SON LINCEUL
VIVRE CELA CHAQUE JOUR
VIVRE CELA PLUSIEURS FOIS, CHAQUE JOUR
SENTIR LES REGRETS S'ACCUMULER
ETRE CONSCIENT DE SA NEVROSE
INTERIORISER SA SOUFFRANCE
LA SENTIR GRANDIR EN SOI AU FIL DES ANNEES
INTERIORISER SA SOUFFRANCE
DEVELOPPER DES DOULEURS PHYSIQUES
INTERIORISER SA SOUFFRANCE ENCORE
PARLER DE SA SOUFFRANCE A SES PROCHES
CONSTATER QUE RIEN NE CHANGE POUR AUTANT
VIVRE POUR ET A TRAVERS LE REGARD DES AUTRES
MAIS AVOIR TROP PEUR DU REGARD DES AUTRES
VIVRE A TRAVERS LES AUTRES SANS VOULOIR VIVRE A TRAVERS LES AUTRES
VIVRE POUR SOI SANS Y PARVENIR
DONC VIVRE SANS VIVRE
VIVRE DE CES EMOTIONS DECHIRANTES
MOURIR DE CES EMOTIONS DECHIRANTES
DONC MOURIR POUR VIVRE ET VIVRE POUR MOURIR Tout oublier, pendant un temps.
…
Fuir au plus profond de ses rêves, là où j'existe à travers elles.
Fuir au plus profond de la nature, là où j'existe à travers moi.
Fuir au plus profond de soi, là où mes yeux ne pleurent plus devant leur beauté insaisissable.
Oublier que personne ne comprend.
Oublier que personne ne ressent cela.
Oublier que je n'appartiens à aucune communauté.
Oublier que je n'ai pas d'identité.
Oublier que je n'ai aucune place sur Terre.
Oublier que je ne parviens pas à briser la roue,
Oublier que la roue me brise.
Fermer les yeux quelques temps, à défaut d'être aveugle.
La Nature est magnifique. Ces moments où l'on s'arrête, où l'on se perd silencieusement en elle. Où l'on n'a plus rien d'autre à faire que de la contempler. Sentir à travers la moindre de ses cellules à quel point on lui appartient. A quel point on fait partie d'elle. A quel point on est elle.
Parfois, je me prends à plonger dans un rêve où je suis nulle part et partout à la fois. Un rêve où je n'existe pas, et pourtant un rêve où je suis tout. Un rêve où je suis seul dans le noir, seulement la solitude n'existe plus. Dès lors « je » n'existe plus. Pourtant « je » suis heureux.
Alors je me réveille, et face à l'insupportable réalité de l'existence, de mon existence, je m'imagine que je n'existe pas. Ainsi seulement, je peux enfin assouvir mon Amour envers les femmes, envers cette moitié de moi qui me manque et que je ne suis pas. En n'étant plus nulle part, me voilà partout ; me voilà en chacune d'elles, comme chacun de nous l'a été en venant au monde.
…quand je pense à tout ça, je ne suis plus très sûr d'être si malade. Quand je pense à tout ça, je me dis parfois que c'est le reste de l'humanité qui a perdu l'esprit en acceptant de vivre enfermé dans sa prison de chair et d'os. Ou peut-être suis-je bien fou ? Je ne trouve plus de réponse à tout cela. Je me perds. Je me noie. La seule solution :
Tuer le temps sur internet.
Rester seul dans sa chambre.
S'ennuyer…
Se sentir seul dans le noir.