Second extrait de "Yrmeline ou le chant des pierres"

Bleuette Diot

Second extrait

« Non, ce n’est pas le fruit du hasard si la Genèse hébraïque plante le décor du jardin d’Éden à l’est d’Israël, dans la plaine autrefois fertile de Shinéar, autrement dit le pays de Sumer, sis entre les fleuves Tigre et Euphrate. Car, ce fut bien dans cette région du monde que s’implanta la toute première civilisation avant de prendre son essor. Un essor aussi fulgurant qu’inexplicable...

...Car, en effet, en basse Mésopotamie, un peuple dont la culture brillante et parfaitement aboutie, allait émerger spontanément, surgi de nulle part comme par enchantement. Dans tous les domaines et en un temps record, les Sumériens atteignirent un niveau d’excellence dont malheureusement nous sommes bien loin d’avoir su conserver le patrimoine. Aussi incroyable que cela puisse paraître, cette haute civilisation fut à l’origine de toutes les inventions encore en usage de nos jours. Oui, il n’est pas une seule des grandes découvertes qui ne vît le jour au pays de Shumer. Cela seul ne défit-il point l’imagination ? Car, les Sumériens n’inventèrent pas seulement l’écriture ou les systèmes mathématiques les plus complexes, ils furent aussi les premiers à codifier des lois équitables et à instaurer de très hauts concepts d’ordre moral. Mais ce n’est pas tout. Nous leur sommes redevables de la fonte des métaux et de la technique des alliages, de la première monnaie* et du premier système bancaire particulièrement élaboré, de l’invention de la roue, de la navigation, de la musique et même du tout premier calendrier. L’école étant obligatoire, à cette époque, tous les individus savaient lire et calculer. De ce fait, chaque cité comptait une ou plusieurs bibliothèques où des milliers de tablettes demeuraient soigneusement rangées par thème. Des facultés de médecine enseignaient non seulement l’art de guérir mais préconisaient également des mesures d’hygiène fondamentales dont nous avons hélas perdu la saine habitude. Outre la médecine thérapeutique, ces universités apprenaient aux étudiants la dissection des corps, l’anatomie et la chirurgie la plus pointue. Soyons logique ! Ces réussites remarquables, ces trouvailles en chaîne, les hommes ne pouvaient les avoir toutes découvertes par eux-mêmes, surtout dans un laps de temps aussi court sur l’échelle de l’évolution. Cela paraît inconcevable. Néanmoins, ces innombrables traits de génie émanent tous sans exception de cette minuscule région de l’Orient, désignée indifféremment dans le monde antique comme la terre des dieux ou terre des géants.

« La civilisation se limita longtemps à la Mésopotamie avant de se propager tous azimuts. On est alors en droit de se demander : grâce à quelle intervention mystérieuse, les Sumériens ont-ils été ainsi propulsés à ce niveau de connaissances ? Et bien, la réponse inscrite sur les tablettes d’argile a traversé le temps pour nous parvenir : des êtres divins, de formidables géants seraient à l’origine de notre civilisation. Ces dieux omniscients manipulaient un véritable arsenal technologique que l’homme dans son ignorance ne pouvait comprendre et, encore moins, concevoir. Toutefois, cela ne l’a pas empêché de décrire son vécu et tout ce dont il était témoin avec ses propres mots, si maladroits, si imprécis fussent-ils. D’après la croyance sumérienne, rien n’était entrepris sans l’accord des grands dieux. Les Anunnaki leur ayant tout appris, les Sumériens agissaient selon leurs directives...


* La toute première monnaie connue est le shekel en argent d’origine sumérienne.

 

© copyright- Tout droit réservé- Bleuette DIOT

ISBN : 978- 2- 35291- 072-5

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