J'aurais aimé être elle

versolite

Quelques mots tardifs


J'aurais aimé être elle, l'étrangère inconnue
Qui paraissait pour toi si pleine de vertus
Tes désirs, ton amour, tes aveux et ton coeur
Elle s'en est emparé avec tant de fraîcheur,

Elle m'a laissé bien sot, moi qui croyais avant
Que l'amour n'était qu'un recueil trop mièvre.
Je m'esquintais ; elle eut un bout de miel sur les lèvres
Et cette moue fut pour toi un rien suffisant.

Tous ces fols efforts m'ont fait réaliser
Que je suis beaucoup de choses, mais ne suis pas assez ;
J'aurais voulu pourtant être semblable au tableau
Chantant chaque parole à chaque trait de pinceau.

Je voulais de tout coeur être merveilleux, tu sais.
Mais je ne suis que l'Ombre, l'étendue qui s'ignore
Ces coups jetés faisant briller telle l'aurore
La merveilleuse étoile qui siège en ta pensée.


J'ai dilaté les couleurs
créé des nuances amères au coin du doux du vert,
fait de l'or un jaune terne craquant mal sur la toile,
le rose s'est fané en bouquets.
J'ai peint alors le tableau le plus laid
et j'y ai mis mon nom d'auteur et de portrait.

Par dérision, j'ai barbouillé mon visage
Et deux points noirs baissés y sont, en guise d'yeux.
Voilà ce que je t'offre,
Penaud.
Je n'ai pas son talent et j'en suis bien navré
Mais je lève mon verre à sa somptuosité.


Tu sais, je t'aime.
Ce n'est pas compliqué, ç'aurait pu être tout ce texte
quelques traits dans le blanc, toi pour combler le reste.

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