Sentiments...Le réveil

Lucas ? Lucas ? Pourquoi tu t'en vas comme ça ?

Lucas ? T'es parti ?

8H00 Oh, merde ! Quelle conne, les Bretons sont là !  Le bruit vient de ma porte. Pas de Lucas ici…évidemment.

« -Bonjour Monsieur 1, 2, 3, 4… » Belle brochette.

- Bonjour, eh ben je vois que vous êtes fin prête vous au moins ! Quelle ponctualité ! »

Oh, ça va…Il va pas la ramener celui-là ! Ça arrive à tout le monde une panne de réveil le jour de son déménagement. Non mais !

« - Il faudrait peut-être aller vous préparer Mademoiselle, on ne va pas rester là 8 jours! »

Lui, il commence vraiment à me gonfler, ces remarques je m'en cabosse le cocotier ! Franchement, s'il ne mesurait pas le double de ma taille, j'irai le lui dire en face…

En attendant, je retourne dans ce qui me reste de chambre, attrape des vêtements, ceux qui débordent du dernier carton pas encore scotché/étiqueté/entassé…

Je repense à hier soir : cette soirée fiasco, ce sentiment de n'être pas à ma place, et cette rencontre inattendue…

Lucas : Je revois son visage, son regard, j'entends sa voix… J'étais heureuse de ce moment, hors du temps, hors tout. Etrange, je ne le connais pas… Et la probabilité que je le recroise un jour avoisine zéro.

Quand bien même je passerai une soirée dans le métro à faire des allers retours en espérant le croiser? Peu de chance que ça marche, et puis je ne ferais pas ça, question de fierté.

Bon, admettons, qu'effectivement j'aille faire un tour sur cette ligne 5, et qu'il soit là, en face de moi. Que dire ? Que faire ?

« -Salut, tu me remets ?

 - ???

- Oui, on était dans le même resto il y a peu, oui, c'est moi qui me suis rattrapée au pantalon du patron… »

Ridicule. Aucune chance qu'un gars comme lui s'intéresse à quelqu'un comme moi…

Et si je le croisais par hasard, irais-je l'aborder ? Que pourrais-je lui dire ?

Réfléchissons : la première fois que je l'ai vu, il était en costume stylé, moi en survêt'… Il parlait d'une Victoire de son boulot, donc cette fille, elle, c'est tailleur (stylé aussi), foulard burberry, et Louboutin aux pieds… La fille d'hier soir, elle était plutôt rock, mais avec une certaine classe, je dois l'avouer…

Bref, je ne fais pas le poids, je le sais. Et puis, c'est peut-être pas quelqu'un de bien ce Lucas ? Je suis troublée. Sa douceur, la manière dont il a pris soin de moi, la distance avec le sentiment d'être proche…Je suis larguée/ Est-ce qu'un goujat aurait pris la peine de me raccompagner dans le froid ? Ben non.

S'il avait eu envie de me revoir, il m'aurait demandé mon numéro non ? Ben si…

Mais s'il l'avait fait, est ce que je ne l'aurais pas considéré comme tous ses gars qui ne pensent qu'à une chose ? J'aurais eu le doute, la possibilité de le revoir, et j'aurai aimé ça le revoir…

En résumé, ça doit être un type bien, empathique, gentleman, avec suffisamment de femmes dans sa vie pour s'encombrer d'une reine de la loose comme moi…

« - Bon, vous comptez passer la journée à rêvasser ? Faudrait peut-être penser à vous bouger !

- Et vous ! Vous êtes toujours aussi agréable, où j'ai particulièrement de la chance aujourd'hui! J'ai préparé tous mes cartons, tout est empilé correctement… Je me suis donné du mal et vous ne faites que me crier dessus ! Merde…

- Mademoiselle, ça fait une heure exactement que vous êtes là, dans votre chambre, vous n'avez pas encore terminé de vous habiller, j'aimerais que mes hommes puissent démonter le lit sur lequel vous êtes assise. Sans vouloir vous brusquer, pensez-vous pouvoir nous le libérer avant la mi-journée ? »

Je me regarde, effectivement, pas encore habillée. Je me re-saisie.

Retour sur terre, je zappe Lucas, l'insaisissable de la ligne 5…

Je pense nouvelle appart', nouvelle vie, Kenan ?

 Et là tout de suite, je pense Bretons ! Je me bouge, décide de prendre une douche rapide, et prépare un café pour mes déménageurs musclés.