Seule

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Je ne pourrais pas désirer tout cela si je me plaisais dans ma solitude.

Quand les gens me demandent si cela ne me pèse pas d'être seule, je leur réponds que non, que c'est parfois essentiel de se retrouver dans la solitude. Je leur invente tout un tas d'idioties sur le concept " d'être soi avec soi " et ils ne cherchent même pas à savoir si je leur dis la vérité. Ils me pensent épanouie, heureuse comme je suis. Je me suis toujours moi-même confortée dans cette idée, me disant que c'était effectivement la meilleure solution, le meilleur choix de vie. Et j'ai même déjà réellement cru à mes propres mensonges. Ayant eu le cœur brisé une seule et première fois, je me suis promis de ne jamais recommencer. J'ai tellement pleuré, tellement souffert. Seule. J'ai décidé que cela ne devait plus se reproduire et que j'allais me l'interdire. Je pensais que cela pouvait fonctionner. 404 ERROR ! La plus belle connerie de ma vie.

Évidemment parfois j'aime être seule, avoir mes propres moments. Mieux, parfois je ne ressens aucun besoin d'échanges et de complicité. Mais dans les moments les plus mal choisis, quand je m'y  attends le moins, paf... Ce besoin, cette envie, cette soif revient. Tu désires plus que tout au monde serrer quelqu'un dans tes bras, tu rêves de poser ta tête sur l'épaule d'une personne tout en soupirant de bonheur. Et surtout, plus que tout, tu rêves que tes larmes soient séchées par la main de quelqu'un qui ne te veut que du bien. C'est idiot, c'est con, c'est stupide, c'est... Comme ça. En réalité, nous sommes des êtres de partage. Des êtres d'amour. Ça fait très mal, mais nous nous obstinons toujours à trouver. Un jour cela nous tombe dessus, sans prévenir. Voilà, notre rythme cardiaque s'accélère. Nos pensées se retrouvent envahies. Nos yeux commencent à s'humidifier plus régulièrement. Notre souffle se fait parfois saccadé. Notre estomac se retourne et se retourne encore. C'est terminé. On aime. La partie est finie, nous avons perdu. Que cela puisse se faire ou non, on aura toujours cette petite palpitation lorsque le visage de l'autre personne apparaîtra dans nos pensées. Qu'importe les circonstances, qu'importe si la rencontre a été programmée ou totalement hasardeuse. Elle s'est faite. Le plus étrange dans tout ça, c'est que je ne suis pas du genre fleur bleue. Du moins, pas dans les grandes lignes. Le mariage est quelque chose qui m'agace profondément, les restaurants 5 étoiles avec harpe en fond sonore me donnent envie de vomir, les bijoux en or et les bagues à gros diamants me font mourir de rire. J'aimerais bien me laisser vivre et me laisser bercer, mais je n'y arrive pas. Je dois toujours avoir les pieds sur terre et penser à ce qui empêchera quoi qu'il arrive la relation de fonctionner. Je ne rêve pas du tout de robe blanche ni de beaux bouquets (d'ailleurs je n'aime pas tellement les fleurs en vase). Mais je rêve tout de même de quelque chose de spécial. Quelque chose d'hors normes. Je veux qu'il me regarde dans les yeux en me disant " je ne sais pas si je serai là demain, mais aujourd'hui, maintenant, je t'aime comme un fou ". Je veux qu'il m'offre un baiser sur le front tout en laissant sa main sur ma joue. Je veux qu'il hurle sur les toits que c'est moi qu'il aime, qu'importe les injures et les regards. Je veux qu'il me serre tout contre lui, installés par terre pour admirer les étoiles. Je veux qu'il se mette à chanter avec moi à en faire tomber la pluie sur nos chansons préférées. Je veux rester à côté de lui pendant des heures sans rien dire tout en écoutant de la musique. Je veux qu'il me regarde sincèrement, que je puisse lire dans ses yeux à quel point je suis importante. Je ne veux pas d'un cadeau demandé et réclamé, et encore moins d'une chaîne en or massif à 400 balles. Moi je veux un bonbon déposé chaque matin à côté de moi, une peluche douce et apaisante, un petit mot laissé sur la table du salon. Je ne veux pas de démonstrations, je veux des attentions. Je sais, ça peut sembler puéril comme désirs. Mais je plains ceux qui ne les ont pas, ceux qui ont perdu leurs rêves d'enfants et leur fragilité.

Je ne veux pas qu'il conduise une ferrari, je me fous qu'il ne soit pas invité vip. Qu'il soit médecin, artiste de rue, musicien, ingénieur, chômeur, agriculteur, mécanicien, voleur... Qu'importe, tant qu'il a emporté mon cœur. Oui, je rêve de tout ça... Rien qu'ça ! Je ne pourrais pas désirer tout cela si je me plaisais dans ma solitude.

Si j'y pense, si j'en crève, c'est que je n'en peux plus.

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