Seule dans le noir (saison 1)

minarakche

Chapitre 1 de mon roman " Seule dans le noir" ( saison 1) disponible sur Amazon et Lulu en livre numérique et sur bookelis.com en version relié papier.

Chapitre 1 de " Seule dans le Noir"(saison 1)

Le retour à Paris

Encore cette maudite chanson et ces rires….encore cet affreux cauchemar qui la réveillait en sursaut toutes les nuits depuis qu'elle était revenue ici. Cela faisait bientôt deux semaines que Judith avait emménagé dans les beaux quartiers parisiens. Une nouvelle vie commençait pour elle, sa carrière décollait enfin mais alors pourquoi avait-elle du mal à dormir, sûrement le stress de sa nouvelle situation.

Parmi tous les nouveaux avantages liés à sa  fonction de vice-présidente, sa société lui offrait ce superbe duplex dans le 7ème arrondissement de Paris avec vue sur la tour Eiffel, un logement ultra chic de 120m² pour elle toute seule.

Jamais elle n'aurait pensé revenir à Paris, ville qu'elle avait quittée presque vingt ans auparavant.

Sa nouvelle promotion fut  rapide, elle avait dû très vite prendre une décision pour accepter ou non un tel poste. Devenir vice-présidente des entreprises cosmétiques Bellima ne pouvait se refuser, c'était une occasion unique pour son évolution de carrière.

A 34 ans, son parcours professionnel était en effet impressionnant. Dès la fin de ses études, elle avait très vite obtenu un poste important dans le secteur des cosmétiques.

A la sortie de son école de commerce Londonienne, elle n'avait que 22 ans mais déjà une volonté de se battre et de réussir qui impressionnait tous ses professeurs et ses collègues masculins. Beaucoup se demandait pourquoi une si belle jeune fille avait un tel tempérament de battante, seul le travail avait de l'importance à ses yeux, seule sa carrière comptait, gagner de l'argent devenait une obsession…elle était une énigme pour son entourage professionnel.

Elle avait intégré la société américaine Bellima un peu par hasard en débutant comme simple commerciale sur la côte ouest des Etats-unis. Cette entreprise américaine recherchait justement des candidats d'origine française afin d'apporter un plus vis-à-vis d'une clientèle très riche et très cultivée pour qui la « french Touch » était un atout. Lorsqu'elle postula pour ce poste, elle avait déjà deux ans d'expériences dans la vente de cosmétiques, une solide réputation de vendeuse, et un diplôme très côté.

A 24 ans, elle débarquait donc pour la première fois dans cet immense pays des Etats-Unis avec un simple bagage et une promesse d'embauche. Judith laissait derrière elle sa meilleure amie Sarah avec qui elle partageait un petit appartement sur Londres depuis la fin de ses études.

C'était son unique amie, ne plus la voir l'attristait un peu mais c'était plus fort qu'elle, cette envie de bouger faisait que sa vie en Angleterre devenait étouffante.

C'était dans son tempérament, ce besoin de toujours évoluer, d'apprendre, de voir et de découvrir de nouveaux horizons. Aller de l'avant, se dire que la vie est trop courte, que nul ne peut savoir de quoi demain sera fait, telle était sa manière de penser et de vivre.

Un coup d'œil au réveil pour réaliser qu'il n'était que 3 h 15 du matin…maudit cauchemar qui l'empêchait de bien dormir alors qu'une rude journée l'attendait demain au siège de la société.

Réveillée pour réveillée, c'était l'occasion de se préparer pour cette fameuse réunion où elle devra passer le grand oral devant tous les membres de son équipe. Elle se doutait bien que sa nomination était une première pour cette entreprise quasi centenaire où seules des hommes d'un certain âge étaient nommés à des postes de direction, et ils étaient nombreux à l'attendre au tournant, notamment un certain Alan Smith, neveu du grand patron.

Dès leur première rencontre, elle avait très vite compris avec qui elle avait affaire, qu'elle devait se méfier. Derrière ce physique de jeune premier, il est certes un très beau jeune homme, elle a de suite vu en lui une sorte de menace. Une petite voix intérieure lui disait de rester sur ses gardes. Déjà elle ne comprenait pas pourquoi ce poste ne lui avait pas été attribué à lui qui était tout de même le neveu d'Henri Smith, patron du siège français de Bellima.

Ce garçon avait à peu près son âge, les mêmes qualifications, ne semblait pas être en froid avec son oncle, mais alors pourquoi lui avoir proposé une telle fonction de vice-présidente.

Elle n'avait jamais vraiment compris sur quels critères ce poste lui avait été proposé et quelques parts, elle s'en moquait un peu.

Cette offre tombait au bon moment, elle commençait à se lasser du rythme de vie californien, elle aspirait à une vie moins stressante.

Il faisait encore nuit lorsqu'elle sortit de sa douche pour se diriger vers sa cuisine. Elle mourrait de faim, elle avait toujours gardé la bonne habitude de bien se nourrir dès le matin, elle se mit à penser à sa mère qui  lui répétait souvent : « petit-déjeuner de roi, déjeuner de prince et dîner de pauvre ».

Il est vrai que pendant son enfance, sa mère et elle vivaient dans la précarité et souvent le repas du soir se réduisait comme peau de chagrin.

A l'évocation de sa mère, Judith eut le cœur serré…Elle n'était plus retournée la voir au cimentière depuis que sa Tante Natacha était venue la chercher. Elle n'avait plus jamais remis les pieds en France, elle n'en avait pas eu la force, trop de mauvais souvenirs.

Le jour ne s'était pas encore levé…il était à peine quatre heures du matin…Emmitouflée dans sa robe de chambre en soie rose, Judith se dirigea vers son bureau pour y prendre un calepin et un crayon à papier puis les posa sur la table de la cuisine.

Elle ouvrit la porte du réfrigérateur, sortit une boite contenant du café moulu, une bouteille de jus d'orange, une plaquette de beurre, un pot de confiture aux myrtilles et trois œufs. Une fois le café lancé, elle se prépara une omelette, se versa un grand verre de jus d'orange.

Tout en beurrant quelques biscottes, elle se mit à réfléchir au déroulement de son intervention à venir devant son équipe. Elle s'était fait un principe de toujours se préparer au maximum, de ne laisser aucune place à l'improvisation. Ses études de commerce l'avaient parfaitement formé aux différentes techniques de communication, lui ont bien montré l'importance à accorder aussi bien au fond qu'à la forme.

Ses expériences professionnelles ont complété sa formation. Elle était devenue une redoutable professionnelle, une spécialiste du marché de la cosmétique internationale,  rompue aux techniques de négociations les plus ardues.

Une fois l'omelette avalée, elle se versa une grande tasse de café, pris son calepin et son crayon puis se mit à fermer les yeux, c'était une de ses techniques pour se projeter, moins stresser, s'imaginer dans la situation à venir :

Elle se voit entrer dans la salle de réunion (elle n'a pas encore visité les lieux mais sa secrétaire, Eléonore lui en a fait la description), tous les membres de la société, à savoir une vingtaine de personnes sont présents, les seuls visages familiers seront Henri Smith, le PDG de Bellima Paris, l'homme qui l'a engagé, Alan Smith, neveu du PDG, directeur du marketing et cette charmante Eléonore, la secrétaire personnelle de Judith.

Le public est censé être debout, l'équipe de direction est assise derrière une longue table placée sur une estrade.

Le protocole veut qu'elle se dirige vers sa chaise de vice-présidente, placée juste à droite de M.le PDG. Elle prend un micro puis se met à parler : «  Bonjour à vous tous et à vous toutes.. »…Non c'est mauvais, elle se mit à raturer nerveusement les premiers mots de son discours…elle qui a l'habitude de prendre la parole en public n'avait aucune inspiration…

Une deuxième tasse de café lui remit les idées en place. Elle prit à nouveau son calepin pour y écrire l'objet de la réunion, un plan détaillé, le temps à consacrer à tel ou tel point…l'inspiration lui revenait enfin et en vingt minutes, elle avait fini d'écrire son discours.

Ravie de son travail, elle s'allongea sur le canapé en cuir de son salon et observa la vue splendide de la tour Eiffel, se mit à rêvasser, son esprit était ailleurs, elle était enfin détendue…

La sonnerie de son téléphone portable la réveilla en sursaut, elle s'était complètement endormie, elle se précipita pour répondre :

«  Oui ? répondit-elle

- Mme Garance ? C'est Eléonore…nous devions faire un point juste avant la réunion !! J'ai pris l'initiative de vous contacter vu l'heure…

Eléonore, sa secrétaire ? Pourquoi l'appelait-elle ? Elle jeta rapidement un œil sur l'horloge pour s'apercevoir qu'il était  8 h 15 et qu'elle était encore en robe de chambre !!

-Ah oui ! Heu…Vous avez bien fait de m'appeler Eléonore, je n'allais pas tarder à arriver, mentit Judith, je suis là dans 15 minutes.

-Bien,  Mme Garance.

Une fois la conversation terminée, Judith se précipita dans sa chambre, ouvrit sa penderie, prit les vêtements choisis la veille. Heureusement que j'avais déjà réfléchi à ce que j'allais porter, pensa-elle.

En effet, la tenue choisie était de circonstance : Une chemise rose, un tailleur gris assorti à ses escarpins, un style sobre à la fois féminin et très professionnel. Il est vrai qu'avec son 1 m 70 et ses 55 kg, elle pouvait tout se permettre, et avec un physique si avantageux, elle n'avait nul besoin d'en faire trop.

Maintenant, la coiffure et le maquillage…un simple chignon pour dompter sa belle et longue chevelure rousse, un peu de fard à paupières, un soupçon de brillant à lèvres et la voilà prête !!

Ses escarpins enfilées à la va vite, elle se précipita dans le salon pour récupérer son sac pour y mettre toutes ses affaires éparpillées sur la table de chevet puis rangea dans son cartable en cuir son calepin, son agenda professionnel et son smartphone.

Elle était enfin prête pour partir à pied vers son lieu de travail qui était à deux pas de son logement. Pendant le trajet, elle put tranquillement réfléchir au déroulement de la matinée et se remémorer les points clés de son discours.

Elle jeta un rapide coup d'œil sur sa montre bracelet au moment où elle arrivait devant l'immense porte d'entrée du siège parisien de Bellima, un superbe bâtiment Haussmannien, dont la façade avait été visiblement restaurée.

8 h 35…je suis dans les temps se rassura Judith. Arriver en retard aurait été du plus mauvais effet pour une première entrée en scène…Quelle chance que sa secrétaire l'ait appelée sur son portable !!

- Bonjour Mme garance, lui fit une charmante jeune fille en poste à l'accueil. La réunion ne débutera qu'à 9 h 30..M.henri Smith aura un léger retard.

- Bonjour, répondit Judith, surprise que cette inconnue sache son nom mais ravie de l'information qui lui laissera un peu de temps.

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