Si j'avais su, je ne serais pas venue.
amandinebournouville
Il faisait nuit noire. Les phares des voitures de la gendarmerie éclairaient le corps et l’épave. Le regard hagard de la femme morte fixait l’immensité du ciel sans lune. Elle avait l’air bête des gens qui suivent des yeux des évènements sans les comprendre, l’air qu’ont ces badauds curieux et intrusifs sans grande réflexion.
Schercousse se tenait à côté d’elle, debout, suivant nonchalamment les activités des gendarmes, affairés. Il était clair que ça n’était pas une petite affaire de routine et qu’elle serait vite reprise par les départements de la police judiciaire. Lui avait déjà retracé le trajet du tueur, ses plans.
Des traces d’huile sur le bitume montraient qu’il y avait eu une voiture garée pendant plus de dix minutes non loin du cadavre de ce qui semblait être une prostituée. Sa tenue et son maquillage ne laissaient pas grand doute et les analyses toxicologiques confirmeraient rapidement que c’était une junkie. Vulgaire et toxicomane, deux adjectifs qui vont de pair avec ce métier.
Seulement l’accident était encore énigmatique. Il avait des idées mais il lui manquait des éléments pour qu’il décide du bon scénario.
L’arrivée de deux gendarmes le sortit de son analyse. L’un d’eux avait l’air choqué, et il n’était visiblement pas à l’aise près du corps sanguinolent gisant sur le bitume. Le capitaine de gendarmerie s’approcha de ses hommes.
« Nous avons trouvé une autre femme à environ un kilomètre d’ici, à la lisière du bois. Elle a apparemment pris plusieurs balles et s’est vidée de son sang. Elle est morte.»