SM-S

anewface

“(jeudi 26 avril 23:02) Frangin tu dors ?

— (23:04) Slt Mica. Non je dors pas. Cmt tu va ?

— (23:19) ça va. tu fais quoi

— (23:21) Rien, je suis ds mon lit. Je lis. Et toi tu fais quoi ?

— (23:35) suis chez ma soeur je garde son fils de 3a qui dort

— (23:36) Ha ok, c'est pour ça que tu prend un plombe pour répondre ;-)

— (23:37) une plombe ?

(23:37) tu fais quoi demain après le boulot

— (23:38) Rien de particulier, pourquoi ? Tu proposes quoi ? Tu veux prendre un café quelque part ?

— (23:40) je te dis quoi demain frangin

— (23:40) ???

(23:41) Pourquoi tu me demandes ce que je fais demain après le boulot ?

— (23:48) on pourrait se voir ?

— (23:49) Samedi matin, pas de problème! Disons midi devant à la bourse ?

— (23:53) midi et demi frangin. je préfère devant le macdo.

— (23:53) Ok, 12:30 devant le MacDo demain.

(23:54) Et sinon, quoi de bien Mica ?

(00:00) Tu dors ?

(00:06) Bon… Ben, à samedi alors…

— (01:46) Demain frangin”

“(samedi 28 avril 12:30) Salut Mica, je suis devant le MacDo

(12:35) Tu es où ?

(12:41) Tu es en chemin là ? Je t'attend.

(12:45) Je vais prendre un café au coin en t'attendant.

(13:16) Je reste encore 15 minutes

(13:35) Je pars. C'est pas cool…”

Sur le chemin du retour, Jean râlait sur tout: sur le bruit que faisait la sirène du tram, indiquant en hurlant la fermeture imminente des portes; sur les gamins, qui bloquaient la porte du même tramway pour laisser le temps à leur pote d'entrer; sur la jeune maman, qui encombrait le passage avec sa poussette 4x4 alors qu'il existe un emplacement prévu plus loin dans le wagon... En vérité, il s'en voulait surtout de s'être encore laissé manipuler.

Enfin rentré, c'était le silence. L'appartement semblait mort. Tout était si calme, figé. Même le vieux plancher craquelant s'était tut. Jean s'effondra alors dans le divan, il n'avait plus goût à rien. La journée était perdue, il ne restait plus qu'a attendre la nuit et regretter ensuite de s'être laissé sombrer dans cette lassitude inutile qui aura ruiné l'après-midi.

C'est alors que le téléphone vibra dans la poche se son jean's :

“(samedi 28 avril 15:30) Frangin...

— (15:31) woaw, me dis pas que tu es devant le MacDo ?

— (15:33) dsl frangin, je me suis pas réveillé

— (15:34) Tu t'es pas réveillé ?

— (15:35) J'ai pas bcp dormi cette nuit.

(15:36) Tu vx que je passe chez toi ?

— (15:37) Vers quelle heure tu veux venir ?

— (15:37) dans une heure frangin ?

— (15:38) D'accord, je t'attend.”

Bien que contrarié, Jean trépignait de plaisir et d'impatience. Cette journée n'était peu-être pas aussi mauvaise qu'elle en avait l'aire!

Cette boule dans le ventre, il fallait qu'elle parte! Et le seul moyen de s'en débarrasser, c'était de voir Mica. Enfin ! Mais une heure après son dernier message, il n'était toujours pas là... Jean, masqua sa peine et envoya un message : “(samedi 28 avril 16:45) Tu t'es rendormi ? ;-)

(16:59) …

— (17:17) Je suis dans le métro frangin

— (17:18) D'accord. Je t'attend.

— (17:19) je suis chez toi ds 15 min”

“(samedi 28 avril 17:43) frangin je suis devant chez toi”

Bien que fâché, Jean ouvrit la porte par le biais de l'interphone et laissa la porte de l'appartement entre-ouverte. Lorsqu'il entendit le déclenchement de l'ascenseur au loin, le trac le reprit.  Après quelques minutes, Mica entra enfin dans l'appartement. Toute la colère de Jean s'était évaporée. Il n'avait plus rien à lui reprocher. Les petits yeux noirs irrésistibles et la moue d'enfant triste de Mica désarmèrent une bonne fois pour toute la moindre tentative de reproche, même objective. Comme il était bon de tout oublier, comme s'il n'avait jamais été question de se voir à un autre moment que celui-là, maintenant. Jean était encore en train de faillir, mais cela lui était à présent bien égale, puisqu'il était là...

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