Sobrement.

djakal

Le songe est une maladie, l'éveil est une maladie, la langue est une maladie, l'autre est une maladie, sa bave est un cancer aux airs de trampoline et moi, j'y saute aveuglément. La mort est une maladie. Avant nous étions fous de rage, d'amour ou de clichés, et tuer sa propre mère n'était qu'un meurtre à l'horreur sans pareille. Le monstre était celui qui tenait le couteau, non pas le fantôme à son oreille qui lui disait de le planter, le retourner, trancher, déchirer, pisser dans les plaies ouvertes comme un clochard dans un caniveau. Je suis une gangrène au visage humain, et lorsque je ris trop fort on peut voir planer le sang noir de mes tumeurs. Ne me fuyez pas car je ris rarement, mais cachez-vous sous vos draps lorsque suintent mes humeurs ; grises comme les yeux, les yeux sur vos villes grises où vous rampez croyant bondir. Pensiez-vous émerveiller la bête qui jaillissait de vos entrailles, avec vos pitreries aveuglées de soleil? Pensiez-vous que j'aimerais l'odeur du sang dont vous faîtes votre ordinaire? Je n'aspire qu'à m'étendre sous un astre tranquille et, bercé par l'odeur des filles et de l'herbe, mourir en songe à défaut d'être mortel. Mais le songe est une maladie. L'éveil est une maladie. Je suis tombé malade du haut de vingts étages et le trou que je fis au béton découvrit l'enfer des hommes: des regards à l'horizon, des yeux à mes basques, des mains qui caressaient ma nuque et n'avaient rien de sensuel. Elles étaient comme la pluie qui coupe, comme les mains qui coupent la pluie, comme les coupes acides que l'on boit au crépuscule. Le crépuscule est un vaccin qu'ils absorbent tous en me volant ma part.

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