Solitaires 13

rainette

Luca Valentini mène une existence bien réglée avec sa fille, mais la vie n'est pas un long fleuve tranquille. Vous trouverez le début de ce Roman ici http://welovewords.com/documents/solitaires



Mila fut obligée de passer la nuit à l'hôpital. Les examens n'avaient rien montré de grave, ni fracture, ni hémorragie, seul un hématome et une belle bosse témoignaient de la matinée difficile qu'elle avait passé la veille, cependant, les médecins préféraient la garder en observation. Cela ne l'avait guère enchantée, mais elle reconnut que cela était plus raisonnable. Dans la pénombre de sa chambre aux murs verts pâles laqués et vieillissants, Mila retraça sa journée. Elle se rendait compte qu'elle avait eu de la chance. Une chance d'avoir oublié de raccrocher, une chance que Luca n'ait pas raccroché non plus, une chance qu'il intervienne avec Johnny Cooper, et une chance de ne pas s'être fait tirer dessus. Et puis s'enchaînèrent les moments passés avec Luca, ils avaient eu des moments complices, il avait été si prévenant. Elle sourit quand elle se remémora son propre effroi quand il lui avait proposé de retourner chez elle pour lui apporter quelques affaires. L'idée qu'il farfouille dans ses vêtements, ses cosmétiques et sa lingerie l'avait presque terrorisée. Elle dû lui donner le numéro de Joy.

Joy avait rejoint Luca chez elle et était revenue avec un sac contenant tout ce dont elle avait besoin, y compris son maquillage, un magazine, le sèche-cheveux.... et un petit paquets de biscottis dont elle raffolait. Joy était arrivée avec un air inquiet, malgré que Luca l'aie rassurée lors de l'échange de clés. Mila avait dû plusieurs fois lui affirmer qu'il n'ai avait rien de grave. Dès que Joy en fut convaincue, Mila la sentit changer d'attitude et la dévisager d'un air suspicieux.

Oui Joy ? Lui demanda-t-elle.

Who is this Valentini ? ….mmmm tell me more...1

Mila se sentit rougir.

C'est mon employeur actuel, Joy. Je fais un audit chez lui.

Oui, ça je sais, répondit son amie, mais encore ?

Encore rien.

Rien ? Il se promène avec tes clés, il prend soin de toi comme s'il te connaissait depuis dix ans, et tu me dis « RIEN »

Mais enfin, je ne vais pas te mentir.

Il est beau comme un dieu, il est so sexy, so....

T'emballe pas, Miss, tu es mariée.

Oui, moi. Pas toi.

Plus moi.

Ok, c'est pareil.

Non. J'ai déjà donné, merci.

Mais on ne te demande pas de te marier, juste...

Juste rien, Joy, je travaille pour lui. Il se sent responsable parce-que son garde du corps a dû m'écarter de l'autre malade, c'est tout.

Joy la regarda avec un air désapprobateur qui laissait clairement voir qu'elle ne croyait pas son amie plus que cela. Mais Mila n'était pas prête à en parler tant la clarté sur ses sentiments était récente.

Joy était repartie sans en savoir davantage, et Mila avait dormi jusqu'au repas. Luca avait téléphoné pour prendre des nouvelles, il était en effet très prévenant, cela lui faisait chaud au cœur, mais elle se demandait ce qu'il en était pour lui. Il avait des moments de gentillesse et de sympathie, et d'autres ou il était plus dur, sec, distant. Elle ne savait que penser. Elle se demandait si les souvenirs de leurs différentes conversations avaient le filtre de ses sentiments naissants. Inventait-elle ces regards intenses, ces instants hors du temps lorsqu'ils se trouvaient face à face... elle n'aurait su le dire.

La nuit avançait et Mila se battait avec ses démons. Comment gérer cette situation ? Elle avait toujours réussit à écarter l'éventualité de tomber amoureuse. Sans forcément le faire exprès, elle ne s'était jamais laissé la possibilité de faire ce genre de rencontre., voire elle les repoussait, comme quand Alexandre essayait de lui faire rencontrer ses amis célibataires. Non seulement elle ne voulait pas, mais elle était jusqu'ici persuadée qu'elle ne pourrait plus. Et voilà que Luca Valentini déboulait en fracassant ses certitudes... volontairement ou non. Elle comprenait mieux à présent son sentiment d'oppression lorsqu'elle était avec lui. Comment pourrait-il en être autrement ? Avec quoi rimait une histoire d'amour pour elle ? Avec le stress, la trahison et la souffrance. Même si tout ça était derrière elle, elle ne pouvait s'en débarrasser, et elle le savait, une nouvelle histoire, si tant est qu'elle ait lieu, ne saurait la protéger que cela n'arrive encore. C'était risqué, trop risqué, elle ne devait pas être amoureuse. Jusqu'à aujourd'hui c'était aussi simple que cela, pour se protéger, il ne fallait pas aimer. Raté ! Elle se souvint avec délice de Luca la tenant contre lui, de Luca qui la regardait à quelques centimètres de son visage, de Luca qui riait. Luca. « Me voilà bien ! » Elle travaillait pour lui, comment allait-elle rester objective à présent ? « So Sexy », ça oui. Elle avait beau essayer de repousser tout ce que son corps et son esprit lui faisaient comprendre, elle n'y parvenait pas. Il était évident que repousser ses sentiments ne l'aiderait pas. Il fallait qu'elle fasse avec, et il fallait qu'elle termine cet audit avant. Cela s'avérait compliqué à présent. Et après ? Après l'audit, qu'allait-elle faire ? Son cœur sembla se tordre à l'idée de fermer définitivement la page « Omega ». C'était une possibilité. Luca avait peut-être une petite amie, ou simplement il n'éprouvait rien pour elle. Mila se sentit en danger. Elle détestait se sentir en danger, cela la replaçait des années en arrière, elle frissonna de dégoût.


Inexorablement, le fil de son passé lui revint en mémoire. Pascal Colin était un bel ingénieur, réservé et mystérieux, un beau brun aux yeux sombres frangés de longs cils. Ils s'étaient rencontrés lors d'une soirée et avaient rapidement sympathisé. Elle faisait alors des études de psychologie et rêvait d'aider les personnes en fin de vie et leurs familles. Leur relation évolua en quelques mois et devint passionnelle. Mila aurait fait n'importe quoi pour lui, et il était très épris d'elle. A partir de la deuxième année de leur relation il y eu quelques heurts sur la façon de voir leur vie de couple, mais Mila l'aimait si fort qu'elle passa outre. Ils ne pouvaient plus se passer l'un de l'autre. A la fin de son diplôme d'ingénieur, Pascal voulu créer sa propre entreprise, son créneau était les jantes de voitures sportives, voire même voiture de compétition. Il avait déjà presque conçu son prototype avec un collègue et ils firent un emprunt. Pascal la demanda en mariage et Mila vécu sur un petit nuage pendant quelques temps. Malheureusement, le collègue se désengagea rapidement et Pascal, s'il était doué dans son domaine, était plus hésitant et moins féroce côté administratif. Mila dû mettre la main à la pâte. Les finances étaient au plus mal et elle arrêta ses études pour se consacrer au développement de l'entreprise. Elle embrassa le rôle d'associée et passa des jours et des nuits à monter des dossiers, des demandes d'aides, et à faire déposer des brevets. Elle chercha des investisseurs, se documenta dans le domaine de l'entreprise et de la finance, et alla aussi démarcher de la clientèle et des sous-traitants. Après deux ans, ses efforts avaient leur fruits et elle entame une formation en management pour assurer ses arrières. Elle continuait à gérer l'entreprise et faisait des journées doubles et ne prenait que peu de temps pour elle, mais enfin, ils avaient une entreprise qui tournait, et au delà de leurs espérances. Ils étaient dans le secteur d'équipementier automobile, tourné vers le luxe et le sport. Pascal s'était re-centré sur la recherche et le développement. Lorsqu'elle eut senti que les choses commençaient à tourner correctement, elle envisagea de terminer ses études de psychologie. Il n'y avait plus qu'à entériner les accords avec un investisseur très intéressé par le dernier projet de Pascal.

Et puis il y eu cette première soirée ou elle l'avait cherché pour une information dont elle avait besoin. Il était resté au bureau, et il ne répondait pas. Comme c'était urgent, elle avait pris la voiture, le pensant dans un atelier. Mais il n'était nul part, sa moto n'y était pas non plus. Le lendemain il lui affirma qu'il s'y trouvait toute la soirée. Mila et sa clairvoyance naturelle n'y crûrent pas, même si elle lutta plusieurs jours pour s'en défendre. Mila frissonna en se souvenant de ces moments qui signaient le début de sa descente aux enfers. Elle s'était rendu compte qu'il avait moins de gestes affectueux, qu'il ne restait plus le soir avec elle, ils n'allaient plus au restaurant. Elle avait organisé une soirée en amoureux qui finit sans étreinte, prétextant la fatigue, et Mila s'était sentie de plus en plus mal. Elle se retourna dans son lit, essaya de changer le cours de ses pensées, en vain. Elle y était retournée, un soir où il restait travailler sur un dossier. Elle s'était garée plus loin. Et elle l'avait vu. Il faisait encore jour, c'était l'été, et il tenait par la taille une femme blonde, cheveux mi-longs. Mila la trouva quelconque et s'étonna. Elle était habillée en robe très moulante avec un décolleté qui n'avait d'égal que la hauteur des talons de ses escarpins de marque. La femme se mit à rire très fort et elle se tourna, Mila avait reconnu la fille de leur futur investisseur. Elle était devenue pâle, c'est Pascal qui lui en avait parlé, c'est lui qui avait insisté pour le faire entrer dans la boucle. Elle reçu le coup de grâce en voyant son mari l'embrasser à pleine bouche, la main remontant sous sa robe, avant de lui ouvrir la portière de la voiture.

Mila était rentrée chez elle, dévastée. Elle avait attendu. Lorsqu'il était rentré, elle lui avait demandé des comptes. Il lui mentit. Les phrases, les lieux, l'atmosphère, tout était encore frais dans son esprit. Les mots lui parvinrent comme cette nuit-là :

Tu n'étais pas en train de travailler. Je suis allée te voir et je t'ai vu avec elle.

Tu n'as rien vu, tu te fais des idées Mila, avait-il répondu sèchement.

Je t'ai vu l'embrasser et la tripoter à moitié vautrés sur sa voiture, lâcha-t-elle d'une voix sourde.

Et il avait changé de physionomie. Ses beaux traits fins devinrent durs et tirés, son regard si beau devint perçant, une flamme inquiétante s'y alluma, il s'était redressé et la toisa.

Tu veux savoir ? Très bien, puisque tu ne peux pas t'empêcher de toujours poser des questions. Oui, j'étais avec elle, oui je couche avec elle, oui elle me plaît.

Mais pourquoi tu nous fais ça ? Pourquoi ? Qu'est-ce que je t'ai fait ? Je viens de passer ces dernières années à te soutenir, à travailler avec toi, main dans la main pour que l'entreprise marche. Qu'est-ce qui ne va pas ?

Rien. Rien Mila, tu n'as rien fait de mal. Enfin regarde -toi. Regarde ce que tu es devenue ! Tu as grossi, tu ne ressembles à rien, tes cheveux sont ternes, tu te complais en vieux trucs informes, tu as toujours l'air triste, tu ne ris plus. On n'a pas fait l'amour depuis des lustres, tu ne parles qu'investissement, dividendes et je ne sais quoi.

Mais, mais j'ai passé des jours et des nuits à sauver la boite ! Je n'ai pas eu le temps, je...

Ses larmes étaient montées malgré elle, elle se s'était sentie tellement humiliée et trahie, rabaissée, traînée dans la boue.

- Tu es pitoyable.

- Mais j'ai fait ça pour nous, pour toi. J'ai sacrifié mes études, j'ai tout donné pour nous sauver de la faillite ! Je l'ai fait parce que je t'aime ! Qu'est-ce ça vaut quelques fringues et quelques kilos contre tout ça ?

- Tu l'as fait pour toi, pour ne pas restreindre ton train de vie.

- Absolument pas, et tu le sais, tu es ignoble !

- Lâche moi Mila !

- Mais ne vois-tu pas que tout cela ce sont des preuves d'amour sans faille ? Je me suis peut-être oubliée mais je me suis investie à 300% pour toi !

- Et tu penses que je vais rester avec toi à cause de ça ? Tu l'as bien voulu, je ne t'ai pas obligée, avait-il asséné, dédaigneux.

- Pascal arrête, tu es horrible.

- Je fais ce que je veux avec qui je veux.

- Quoi ? Tu ne crois pas que je vais supporter cela, lui avait elle dit, folle de rage. On est marié, c'est de l'adultère ! Tu ne continueras pas comme ça. C'est elle ou moi !

Le cœur glacé, le corps figé et le cœur battant elle avait attendu. Il n'avait pas hésité. Il l'avait regardée comme une vulgaire serpillière, avait remis son blouson et repris son casque, avant de dire, sans même se retourner :

- Tu l'as cherché. On divorce. Je vais la rejoindre dès maintenant.

Mila était restée seule dans leur salon, incapable de bouger, atterrée. Elle avait entendu la moto démarrer et le moteur strident hurler par à-coups jusqu'au dernier changement de rapport avant de s'atténuer dans la nuit finissante. Puis plus rien. Elle venait de tout perdre, toue sa vie, sa raison d'être, l'homme de sa vie, sa fierté, son amour-propre. Les larmes étaient arrivées petit à petit. Elle n'avait jamais su combien de temps elle avait pleuré. Elle avait dû s'endormir d'épuisement.

Au petit matin, elle fut réveillée par la sonnerie de téléphone. Hébétée, elle avait décroché dans un semi brouillard. La voix au bout du fil lui revint en mémoire avec une précision diabolique.

- Madame Colin ? Officier Dubois, gendarmerie nationale, vous êtes bien l'épouse de M Colin Pascal ?

- Oui.

- Madame, je suis désolée, il a eu un grave accident, il est actuellement au bloc opératoire.

- J'arrive.

Elle était arrivée là bas sans prendre la peine de se changer. Ses vêtements froissées, son visage rouge et gonflé avait laissé penser qu'elle était choquée par l'accident, mais Mila était ailleurs, elle vivait ces moments par procuration. Pascal était décédé des suites de ses blessures, pendant l'intervention au bloc. Tout le monde entoura Mila et l'épaula dans les démarches qui suivirent. Elle n'avait rien dit à personne. Elle était aux yeux de tous la veuve éplorée de cet homme qui l'avait détruite avant de se faire rattraper par son destin. Elle fit figure de parfaite veuve, ce qui n'était pas vraiment faux, car elle l'aimait toujours, mais cet amour était entaché à jamais, et au jour de ses obsèques, elle était plus proche de l'aversion que de l'amour. Elle se paya juste le luxe de demander à la demoiselle à la robe moulante de sortir lorsqu'elle se présenta à la cérémonie. Elle refusa également l'alliance avec le père. Elle avait vingt-neuf ans quand elle hérita de l'entreprise entièrement. Elle continua quelques temps à la diriger. Le temps aidant, elle avait repris doucement le dessus. L'entreprise Colin en plein essor, fut vendue. Elle resta actionnaire minoritaire, ce qui lui conférait des revenus non négligeables, mais plus aucune responsabilité. Elle reprit son nom de jeune fille, au grand dam de ses beaux-parents. Mila avait fuit tout ce qui la rattachait à son ex-mari. Seul son jeune beau-frère, David, venait parfois au nouvelles, elle l'aimait bien, à part lui, elle avait coupé tout ce qui pouvait la rattacher à son mariage. Elle avait été l'héritière d'une entreprise et d'un capital dont elle ne voulait pas. Tout le monde imaginait qu'elle avait été meurtrie par la mort de son mari, alors que c'est lui qui l'avait détruite. Elle avait été vengée sans en faire la demande, et elle ne l'assuma que très mal. Elle avait ouvert dans la foulée son cabinet d'Audit pour mettre à profit ses compétences de son diplôme en management, renonçant à reprendre ses études de psychologie. Elle avait démarré très rapidement, dès son deuxième contrat, le bouche à oreille avait fonctionné. Elle était douée, elle avait un instinct pour ce genre de chose, c'est comme ça qu'elle avait redressé la barre de son ancienne entreprise, et c'est comme ça qu'elle avançait dans la vie à présent. Sauf pour les hommes. Pour les hommes, elle était particulièrement incompétente. Il suffisait donc de les éliminer de son quotidien pour ne plus être en position de souffrir. Et c'est ce qu'elle avait fait jusque là.

Ce soir-là, dans sa chambre d'hôpital, Mila pleura. Elle pleura sur la trahison qu'elle avait vécue et sur l'impact que cela avait eu sur elle. Aujourd'hui était-elle capable d'aimer ? Etait-elle capable de laisser quelqu'un l'approcher et la rendre vulnérable. Pourrait-elle à nouveau faire confiance à un homme, à Luca Valentini. Cela faisait 4 ans maintenant qu'elle n'avait plus pleuré sur son sort. Pascal était mort depuis 5 ans, et contrairement à Luca avec sa femme, elle n'était pas affectée par son absence. Il ne le savait pas, mais en cela, ils avaient un point commun. Elle n'était pas certaine que cela allait leur faciliter la tâche. A bout de fatigue, Mila sombra dans un sommeil agité ou se mêlèrent les images de son passé et de l'incident du matin, l'agressant de toute part.

Le lendemain matin, Mila se sentait assez mal. Les médecins la trouvèrent fatiguée et ils attendirent qu'elle récupère par une sieste réparatrice pour l'autoriser à rentrer. Elle fut surprise d'apprendre que M. Valentini avait prévu de la faire conduire chez elle. Elle vit Johnny Cooper venir à sa rencontre dans le hall de l'hôpital, un sourire divin aux lèvres.

Je suis heureux de vous savoir en forme.

Je vais bien, ne vous inquiétez pas.

Je tenais à m'excuser, Mademoiselle, je vous assure que c'était la seule chose à faire.

Je vous crois, lui sourit-elle.

Monsieur Valentini m'a chargé de vous raccompagner jusque chez vous. Il vous informe également que votre voiture est au garage de la Baie, mais ils sont la garder un bon moment, les experts ne sont pas encore passés, la police veut aussi la voir. Si vous avez besoin de vous déplacer ces prochains jours, nous pourrons assurer vos trajets.

C'est gentil, Monsieur Cooper, mais j'ai une assurance, je vais demander un véhicule de remplacement.

Très bien, Mademoiselle.

Johnny l'accompagna jusqu'à sa porte, lui prenant son sac de voyage et ne la quitta que lorsqu'elle referma la porte. Elle se débarrassa de sa veste et se dirigea vers la cuisine avant de remarquer un bouquet de fleurs qui s'épanouissait sur la table du séjour. Étonnée, elle s'approcha et pris la petite carte et lu « pour quand vous rentrerez, reposez-vous. Luca ». Mila sourit, touchée par ce geste simple et chaleureux. Elle comprit que le seul moment ou Luca avait pu déposer les fleurs était au moment ou Joy avait récupéré ses clés, et que c'est ce qui avait dû piquer encore plus sa curiosité. Elle s'installa confortablement sur son canapé pour lire mais elle se fit rattraper par la fatigue et elle s'endormit sans s'en rendre compte.


Luca Velentini avait appris avec soulagement la sortie imminente de Mila pour son retour chez elle. Il avait envoyé Johnny la prendre en charge. Il mettrait la voiture à sa disposition autant que possible. Depuis le matin, l'état de fatigue de Mila l'avait inquiété. Il eût toutes les peines du monde à se concentrer sur ses affaires. Il n'analysait pas très bien pourquoi il était si anxieux de son état, dans la mesure où elle était entre de bonnes mains, et qu'il avait fait ce qu'il devait faire. Il se sentait responsable, mais il n'était coupable de rien, il n'avait pas de raison pour être démesurément inquiet. Il avait mal dormi, cette histoire l'avait bousculé. Il se décida à consulter les sites des agences de voyage. Il avait vraiment besoin d'un break. Son choix se porta sur la Grèce. Pour un week-end ce serait parfait et pas trop loin. Il referma les sites et décida d'attendre de savoir si Isaline voulait l'accompagner... et si Mila allait bien. «  Voilà que tu recommences ! » se dit-il. Il se cala dans son fauteuil et songea à la manière dont il avait sympathisé avec elle durant les nombreuses attentes à l'hôpital. Il ne souvenait pas avoir eu depuis fort longtemps, des conversations aussi amicales avec qui que ce soit. Soit il était en affaires, soit il faisait des mondanités, ou encore il séduisait une femme pendant quelques semaines, mais là c'était différent. Il avait parlé de diverses choses sans but précis. Et il avait évoqué Catherine. Aussi incroyable que cela puisse paraître, il était parvenu à dire les choses simplement. Lorsqu'il avait parlé d'Isaline, il avait vu que Mila attendait la suite, mais elle avait la délicatesse de ne rien demander. Il avait songé s'arrêter là, la pointe de douleur revenant à chaque évocation, puis il s'était dit que ce n'était pas très courtois et que Mila n'y était pour rien, il ne ferait qu'attiser sa curiosité inutilement. Alors il l'avait dit. Il l'avait supporté, il avait même l'impression d'avoir franchit un cap. Mila s'était excusée, mais il n'y avait pas lieu de le faire.Elle n'avait pas insisté davantage et Luca lui en était reconnaissant. De son côté, il se demandait pourquoi aucun homme n'était tombé sous le charme de cette femme assez unique en son genre. La peur de sa liberté, de son assurance, de son intelligence indéniable ? Il y avait des hommes assez stupides pour ne pas supporter qu'une femme puisse les égaler ou les dépasser. Il n'avait pas poursuivit sur le sujet. Il songea au dossier que Johnny lui avait remis et ouvrit son tiroir ; puis se ravisa. Pour une fois, il laisserait les choses venir d'elles-même.

- Le soir, il fut pris d'une envie de savoir si elle allait bien. Il alla dans la bibliothèque et appela Mila de son portable. Elle mit un peu de temps à répondre, il crût qu'elle ne décrocherait pas.

Bonsoir, répondit-elle d'une voix pâteuse.

Bonsoir Mila, je vous ai réveillée ? Je suis sincèrement désolé s'excusa-t-il, ennuyé.

Ce n'est rien, il faut bien que je décolle de ce canapé, sinon je n'aurais plus sommeil tout à l'heure. Vous allez bien ?

C'est plutôt à moi de vous demander cela. Vous vous sentez bien ? Avez-vous besoin de quelque-chose ?

Je vais bien, merci pour tout. Je n'ai besoin de rien, c'est gentil. Et...

Oui ?

Merci pour les fleurs.

Il sût qu'elle souriait, et il sourit également, emplit d'une joie qui le surprit mais qui le rendait heureux. Il se félicita d'avoir eu cette attention. Si personne ne s'occupait d'elle, il pouvait au moins lui offrir quelques petites attentions.

Vous restez chez vous jusqu'à la fin du week-end ?

Je pense que oui, enfin je vais sortir un peu, sinon je vais me morfondre à tourner en rond.

Votre voiture risque d'être immobilisée un moment.

Oui, M. Cooper m'a prévenue. J'appellerais mon assurance, ça va s'arranger. Mais je ne vais pas reprendre la voiture demain de toute façon.

Je peux tout à fait mettre une voiture à disposition pour venir chez nous, Mila.

Je ne sais pas, je peux me débrouiller.

Ecoutez, si vous avez une appréhension, je le comprendrais, et franchement ce n'est pas un problème.

Je ne veux pas vous imposer des contraintes supplémentaires.

C'est bien simple, si vous acceptez de décaler un petit peu vos horaires, cela ne gènera rien du tout.

C'est à dire ?

Un agent de la sécurité conduit ma fille tous les matins à Marseille. Il peut vous prendre juste après et vous ramener juste avant.

D'accord, je verrais. Mais ça risque de raccourcir mes journées et donc de rallonger la durée de ma présence.

Ce n'est pas important.

Je vais y penser. Encore merci.

Je vous en prie. Prenez soin de vous, Mila.

Bonne soirée.

Il raccrocha, satisfait, voire heureux. Il ne vit pas l'air surpris de sa fille lorsqu'il retourna au salon. Il ne s'entendit même pas chantonner en allant se servir un dernier café.

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1Qui est ce Valentini ? ...mmmm Dis moi tout !


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j'attends toujours vos avis et critiques constructives.... Merci


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