Solitaires Ch 10

rainette

Luca Valentini mène une existence bien réglée avec sa fille, mais la vie n'est pas un long fleuve tranquille. Vous trouverez le début de ce Roman ici http://welovewords.com/documents/solitaires


Ch 10


Le même jour, Johnny s'apprêtait à rejoindre Isaline. Il avait eu du mal à se concentrer la veille, et ce d'autant plus qu'il ne l'avait pas vue car son père l'avait conduite à l'école et Stéphane avait assuré le retour. Sa journée lui parut interminable, quand l'heure de partir la chercher approcha, il passa rapidement chez lui pour se changer. Il prit un pantalon en coton épais beige et une chemise noire. Il repassa son holster et une veste beige. Il prit une pose mannequin devant la glace et sourit. Il fallait qu'il soit le plus séducteur possible pour qu'elle envisage une liaison solide, mais aussi rassurant car ça allait être un sacré paquet de soucis. Seulement il n'y avait pas d'autre d'issue, en une semaine il avait cheminé et il avait étudié la situation sous tous les angles. Leur dernier baiser n'avait fait que le mettre devant le fait accompli. Il était amoureux de la fille de son patron- lequel l'employait au moins trois semaines sur quatre et lui fournissait son logement dans sa propre sa propre demeure- de douze ans sa cadette, et tout cela dans la plus pure clandestinité invivable. « Vu comme ça, ça devient glauque » songea-t-il. Mais voilà, il tenait à elle et il devenait fou à l'idée de ne pas pouvoir l'avoir dans ses bras, ou pire, à l'idée de devoir la laisser voir quelqu'un d'autre. Il revit Matthieu la faire danser en lui lançant des regards charmeurs et il éprouva un bouffée de jalousie. Il entrevit immédiatement tous les problèmes connexes à la situation, et s'il n'avait pas encore voulu réfléchir à ses conditions de travail, il pressentait que cela allait être un énorme écueil.

En attendant, il préférait prendre les choses une par une. Il repassa par le PC, il ouvrit la porte et lança :

Je vais chercher la petite, à plus.

Check ! Lui répondit Stéphane.

Mais alors qu'il allait repartir, Malik, qui prenait son service, le suivi dans le couloir et lui montra le planning corrigé à la main.

Et mec, à quoi tu joues ?

Malik ? Demanda Johnny, surpris.

Tu veux perdre ta place ou quoi ?

Johnny ne s'amusa pas à faire celui qui n'avait pas compris. Il voyait la manière dont Malik se positionnait devant lui, et il était en colère. Il était un excellent élément et il n'avait probablement pas fallu beaucoup pour qu'il s'aperçoive de son manège avec Isaline

Ecoute, on en parle plus tard, ce n'est pas le moment.

Mais enfin, Johnny, tu vas droit dans le mur. Tu crois qu'on ne voit rien ? Samedi, tu es resté 15mn dehors avec elle, sans rien dire.

Elle avait un coup de blues, je ne pouvais la ramener dans cet état, je sais ce que j'ai à faire !

Ouais, et pour la rassurer, tu la décoiffes et elle revient les lèvres gonflées par la vertu du Saint Esprit ?

Malik, ménage ton langage.

Et les signes d'accords ??? hein ?? les mêmes qu'entre nous ? Entre elle et toi ?

Aucune personne normale, n'ayant un service de sécurité à ses côtés, ne saurait le remarquer. Je ne vois pas en quoi c'est gênant. De plus, c'est elle qui a choisi de communiquer ainsi.

Tu l'encourages !

Ne te mêle pas de ça. Je sais ce que j'ai à faire, je te dis.

C'est risqué ! Tu vas y laisser des plumes. Tu vas faire exploser l'équipe. Johnny, tu ne dois pas jouer avec elle.

Johnny prit une respiration et tenta de renverser les rôles. Il se plaça devant son collègue et posa ses mains sur ses épaules pour le regarder bien en face.

Malik, est-ce que je t'ai déjà pris pour un idiot ?

Non Chef.

Est-ce que j'ai déjà mis l'équipe en danger ?

Non, Chef.

Est-ce que tu me fais confiance.

Oui, Chef, mais là...

Malik, ajouta calmement Johnny, fais moi confiance encore. Je ne joue pas avec elle. Je ne sais pas comment c'est arrivé, mais ce n'est pas juste pour voir, sinon je n'en serais pas là. Je ne parle pas d'une aventure, je te parle d'amour Malik, je l'ai dans la peau.

Mais c'est encore pire !

Je vais aller la chercher, j'ai laissé le doute sur le planning, je la ramène à l'heure, j'ai juste besoin d'un peu de temps pour parler avec elle hors d'ici. Pour la suite, je vais m'en charger. Il me faut du temps. Du temps aujourd'hui, et du temps les prochaines semaines. Après je ferais ce que je dois faire. Je suis en contrat à quasi sept jour sur sept, je ne peux pas tout quitter et ne rien avoir à lui proposer qu'une relation avec un SDF .

Malik hésita puis soupira. Johnny sentit les muscles puissants de Malik se détendre et il ôta ses mains de ses épaules. Il choisit de sceller son accord.

Tu en as parlé à quelqu'un d'autre ?

Non, mec, j'aurais jamais fait ça avant de venir te voir.

C'est bien ce que je pensais, je t'en suis reconnaissant. S'il te plaît, ne dit rien. Laisse-moi encore du temps.

Combien ?

Je ne sais pas, Malik, il ne s'agit pas que de moi. Elle aussi peut perdre beaucoup et même plus. Elle est jeune, elle est encore naïve pour envisager la situation dans son ensemble. Si je ne me trompe pas, et honnêtement, il y a peu de chance, elle est aussi très éprise de moi, je n'ai pas envie de lui briser le cœur, je n'ai pas envie de la faire souffrir alors que c'est réciproque et qu'elle croit en moi. Mais je ne sais pas comment son père réagira, je dois lui parler, je dois préparer la situation, elle doit pouvoir compter sur moi.

Ok, Chef. Je te crois. Je ne pensais pas que t'étais accro à ce point. J'te couvre, mais pas dix ans non plus, c'est clair ?

Ça marche.

Ils se donnèrent une accolade sincère et Johnny sortit précipitamment pour sauter dans la voiture. Il se sentait soulagé mais il se rendait compte qu'il n'avait pas beaucoup de temps devant lui, et il détestait être étriqué de la sorte. Il arriva au lycée alors qu'Isaline était déjà sortie, il se plaça à quelques mètres de l'entrée et la vit s'avancer vers lui. Sa démarche légèrement chaloupée, ses cheveux en chignon négligé, ses yeux au noir intense fixés sur lui, Johnny était déjà subjugué avant qu'elle n'ait atteint la voiture. Il sortit pour lui ouvrir la portière, elle le regarda dans les yeux et lui sourit .

Mademoiselle, dit-il, je vous en prie.

Merci très cher.

Où allons-nous ?

Je ne sais pas, un café ?

Johnny retourna au volant, et répondit :

Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée, on sera plus à même de déguiser la situation dans un parc ou dans la rue.

Alors le parc derrière l'Université ? J'y vais parfois.

Parfait.

Johnny s'inséra dans la circulation et prit le chemin du lieu convenu. Comme les autres fois, ils ne dirent mot pendant le trajet. Lorsqu'il descendirent pour entrer dans le parc, il se sentit anxieux et inquiet. Il essaya de maîtriser ces sentiments que d'ordinaire, de par ses fonctions, il domptait parfaitement bien, mais cette fois-ci l'exercice était difficile. Et c'était exactement là que résidait le danger.

Ils marchèrent quelques minutes et, arrivant devant un bassin agrémenté de fontaines, Isaline se retourna vers lui. On devinait son impatience dans tous ses gestes qu'elle retenait. Elle leva vers lui un visage interrogateur et empli d'espoir qu'il n'aurait su ignorer bien longtemps. Il ouvrit les bras en souriant et elle s'y glissa pour son plus grand bonheur. Il referma son étreinte sur elle et prit ses lèvres sans plus attendre. Il goûta ce baiser tellement plus intense, tellement plus fougueux, avec un plaisir fulgurant. La liberté qu'ils avaient ici, catalysait toutes les émotions qu'il avait refoulé jusque là. Il sentait les mains d'Isaline explorer son dos, passer sur son torse, se perdre dans ses cheveux. Il était dépassé par les flux de plaisir qu'elle provoquait en lui. Il la serra un peu plus fort et descendit ses baisers vers ses cheveux, son cou, ses épaules. Il la sentit perdre sa respiration et se recula légèrement, il la vit, les yeux brillants, presque haletante, accrochée à ses épaules. Il ressentit une bouffée d'amour qui le bouleversa.

Isaline, nous devons parler, dit-il enfin.

Je sais, répondit-elle d'une toute petite voix .

Je ne sais pas par où commencer, poursuivit-il

Moi, si. Avez-vous des sentiments pour moi, Johnny, ou ai-je imaginé ce que j'ai vu et ressenti ces derniers temps ?

Oh, non, non, Darling, vous n'avez rien imaginé, je ressens des sentiments très forts pour vous, extrêmement forts.

Moi aussi, je ne pense qu'à vous, chaque instant vous êtes dans mes pensées. Je ne sais quoi faire de tout ça, mais je sais que je ne veux pas que ça cesse. J'avais si peur que ce ne soit pas réciproque.

C'est réciproque, je vous assure, et c'est bien là le soucis.

Mais pourquoi, si nous sommes sur la même longueur d'onde ?

Mais nous ne devrions pas, et surtout pas moi. Je suis employé par votre père.

Ah oui, mon père, mais si je lui explique, il comprendra. Ça peut être difficile, mais c'est quelqu'un de droit et honnête, il verra bien que ce n'est pas juste un caprice.

Je connais votre père aussi, et je ne pense pas que ce soit aussi facile.

Mais je lui parlerais !

Johnny la conduisit vers un banc et la fit asseoir avant de prendre place près d'elle. Instinctivement, il lança un regard circulaire pour vérifier les alentours et se re concentra sur elle. Il lui caressa la joue et prit ses mains dans les siennes. Après une respiration profonde et se mit à parler lentement mais de façon ferme.

Cela ne suffira pas, Darling, notre liaison pose différents problèmes, et chacun à lui seul, pourrait en signer la fin. Je suis sous les ordres de votre père, et bientôt des vôtres, en soi ça aurait dû empêcher toute relation personnelle. Votre père vous aime plus que tout, comment croyez-vous qu'il le prenne ? Il me confie votre sécurité et je vous embrasse dans les parcs et les escaliers de sa maison ? J'ai douze ans de plus que vous ! Douze ans, Honey ! Je vous ai vu grandir, je vous ai prise par la main, appris à nager, je vous ai consolé quand cet imbécile de Bastien vous a brisé le cœur en 3eme ! Cette différence d'âge est un vrai fossé. Je suis un homme, un routard qui dort avec une arme dans son tiroir et qui joue au billard dans les pubs enfumés, et vous, vous êtes un jeune papillon à peine sorti de sa chrysalide. Vous rayonnez de votre jeunesse et votre innocence quand je flaire les déséquilibrés et les assassins en puissance. Je côtoie la mort, c'est mon job. Comment pourrais-je vous rendre heureuse ? Comment un père peut-il accepter tout ça ?

Je ne sais pas, mais ne le sous estimez pas, il peut très bien vous surprendre. Et vous n'avez pas à rougir de votre travail !

Et il reste un autre problème. Et pas des moindres.

Quoi donc, vous me faites peur.

Mes sentiments pour vous représentent un danger.

Un danger ?

Oui, cela peut compromettre votre sécurité.

Je ne comprends pas.

Mon jugement, ma façon d'analyser les choses, mes priorités peuvent en être affectées. J'ai du mal à me contrôler en votre présence parfois, qu'en serait-il si vous étiez en danger ? Comment pourrais-je gérer la situation en toute objectivité ? Je pourrais faire quelque-chose d'insensé parce-que j'aurais peur pour vous. Vous comprenez ?

Je vois oui.

Isaline avait la tête baissée. Le cœur de Johnny se serra, il l'avait peut-être blessée. Il caressa ses cheveux, et s'approcha pour la serrer contre lui. Isaline enfouit sa tête au creux de sa poitrine, et il en ressentit un plaisir intense.

Isaline ?

Elle lui fit face, le regard embué, la bouche tremblante.

Et que suggérez-vous ? Que l'on cesse tout séance tenante ?

Je ne sais pas. Je ne sais pas du tout, mais la clandestinité ne nous mènera nulle part.

Vous ne me demandez pas de vous oublier ?

Mais pas du tout, sauf si c'est votre décision. Il fallait juste que je vous explique mes silences, et combien cette situation est compliquée, très compliquée.

Mais alors, qu'allons-nous faire ?

Il faut trouver. Je ne pourrais pas nous cacher bien longtemps, votre domicile est sous surveillance. J'ai fait classer les bandes, mais un jour, ça se saura. Malik est déjà venu me voir. Les autres suivront, ce sont des mecs qui connaissent leur boulot.

Qu'avons-nous comme choix ?

Je ne peux pas rester votre garde du corps.

Vous allez changer de travail ?

C'est l'idée, mais voyez-vous, je ne suis pas comme vous, je n'ai pas beaucoup de talent, je ne sais rien faire d'autre. Rien. Si je pars, je ne sais pas où je vais atterrir.

Oh, non ! D'abord, vous avez des talents, vous avez des qualités, votre esprit d'analyse, d'anticipation, vous gérez une équipe, vous êtes doué. Mais il doit bien y avoir d'autres postes.

Je ne sais pas vraiment. Il y a des sociétés de surveillance mais....

Oh, non, vous vous ennuieriez !

Je serais peut-être obligé.

Ou alors moi.

Vous quoi ? demanda Jonnhy, surpris.

Je m'en vais.

Vous n'êtes pas sérieuse !

Bien sûr que si ! L'année prochaine je vais poursuivre mes études, et je vise des écoles sur Paris, surtout une . Mon père ne pourra pas me chaperonner toute la vie, il ne pourra pas m'empêcher de poursuivre mon parcours professionnel. Il ne reste que quelques mois.

Si vous le laissez, il ne s'en remettra pas. Et je refuse que vous compromettiez vos relations familiales, votre vie, vos études pour moi.

Et si moi je refuse que vous perdiez votre place pour moi ? S'énerva-t-elle.

Il la trouva si belle, en colère, il était surpris par son attitude ferme et rebelle.

Nous y voilà. Toute mon hésitation, toute notre liaison dépend de ce que nous venons d'évoquer

Et nous n'avons pas de solution ?

Pas encore....



Isaline soupira. Elle avait tellement attendu ce moment, elle avait frissonné de plaisir en voyant la voiture pour ce premier rendez-vous, elle avait rongé son frein jusqu'à la fontaine. Lorsqu'il lui avait ouvert les bras, elle avait cru défaillir, elle avait senti une passion envoûtante la submerger, elle avait eu juste envie de le caresser et de sentir ses baisers la consumer à en perdre le souffle. Elle lui aurait promis n'importe quoi à ce moment là, mais Johnny était un homme d'honneur et il avait voulu lui montrer l'ampleur du problème que constituait leur liaison. Elle était démoralisée, mais elle savait qu'il avait bien fait. Elle se laissa aller contre lui et goûta au bonheur d'être là, sans se cacher, tentant d'imprimer pour plusieurs jours la sensation de ses bras autour d'elle. Que faire ? Se cacher serait difficile et insupportable. Vivre au grand jour supposait des sacrifices énormes. Quel camp choisir ? Ils n'étaient qu'au début de leur histoire, comment savoir ? Fallait-il laisser les choses se faire au fur et à mesure ?

Au bout d'un moment elle se redressa et le regarda, décidée :

Vivons ce que nous avons à vivre, nous verrons ensuite. Puis elle ajouta, volontairement provocante. Embrasse-moi, Johnny, embrasse-moi encore.

Elle vit le visage de Johnny s'animer. Il lui sourit et s'empressa d'accéder à sa demande. Elle savait qu'elle attisait ses désirs et elle aimait cette idée. Puisque tout pouvait s'arrêter, puisque tout pouvait partir en fumée ou devenir un incroyable paquet de nœud, elle préférait encore profiter et se brûler les ailes au feu ardent qui la tenaillait depuis des semaines.

Johnny lui proposa de se lever pour marcher un peu, et elle devinait qu'il cherchait par là à calmer ses ardeurs. Elle accepta, elle même étant un peu dépassée par l'intensité de ce qui se passait entre eux. Elle lui tendit la main, et il lui la prit. Elle profitait de cet instant de pur douceur quand son téléphone vibra. C'était son père qui lui disait qu'il sortait et qu'il dînerait en ville. Elle sourit, il ne disait pas avec qui ou pourquoi, mais au moins il prévenait.


Johnny reçu aussi un message de Luca. Il le lut et se tourna vers la belle Isaline. Elle lui dit que son père sortait dîner, il se tut donc, et regarda l'heure.

Nous devons rentrer.

Je sais.

Il l'enlaça et l'embrassa encore en toute liberté, impressionné par la manière dont elle le provoquait gentiment mais clairement, et surtout, par le peu de résistance que lui même lui opposait. Il retournèrent à la voiture. Quelques mètres avant la sortie du parc, il lâcha sa main avec un clin d'oeil et la laissa passer devant. Il inspecta rapidement les alentours et lui ouvrit la portière, la parenthèse était finie.

En arrivant à la propriété Valentini, Johnny déposa Isaline avec un sourire magnifique. Elle s'éloigna en insistant sur son « au-revoir » et alla rejoindre le cocon de sa chambre. Johnny rejoignit le PC sécurité, et tint au courant des dernières informations concernant son patron et le déroulement de la soirée. Luca était sorti pour un bon moment, peut-être même toute la nuit et Isaline était à la maison. Il s'assit pour remplir quelques dossiers et passer le relais à Malik. Il n'était pas en service cette nuit. Malik prenait le relais jusqu'au retour de Stéphane. Il allait pouvoir retrouver l'intimité de son domicile, il avait besoin de digérer ce qui venait de se passer.

Rien n'était vraiment clair concernant leur avenir, mais il était sûr que leurs sentiments étaient réciproques. Réciproques et puissants. Cette petite est incroyablement sexy et tendrement aguicheuse pour son âge. Johnny se faisait violence pour ne pas brûler les étapes. Il prit une douche et passa un jean pour aller récupérer dans le couloir, le plateau qu'Alberta lui laissait presque chaque soir. Il se mit un fond musical et posa le plateau sur la table basse devant le canapé et mangea silencieusement. Il cherchait des pistes pour les sortir de l'impasse, mais il ne trouvait rien de satisfaisant. Il n'était pas très ambitieux mais devenir gardien de supermarché ne lui convenait pas du tout. Il se disait bien qu'au pire, il pourrait commencer par là, mais le salaire, les avantages en nature, et l'intérêt du travail lui même, rien ne le satisfaisait. Changer de ville signifiait quitter Isaline. Que restait-il ?

Il entendit frapper. Surpris, il regarda l'heure, à cet heure-ci, plus de 20h, il n'y avait pas de raison qu'on vienne le déranger. Si c'était une urgence, les autres l'auraient joint par téléphone. C'était sûrement Alberta. Il alla ouvrir, prêt à la taquiner.


En arrivant dans sa chambre Isaline s'était mise à danser et à sautiller partout. Elle se laissa tomber sur son lit en riant et soupira d'aise. Johnny tenait à elle, Johnny la serrait et l'embrassait ! Ses sentiments étaient réciproques. C'était le plus important, ensembles, ils allaient gravir des montagnes. Son sourire s'effaça lorsqu'elle repensa à toutes les barrières qui allaient se dresser sur leur chemin. Mais elle ne doutait pas, ils trouveraient comment avancer. Johnny ne connaissait pas son père aussi bien qu'elle. Il serait peut-être choqué et réticent au début, mais il saurait comprendre. Son amour pour Johnny était tellement puissant qu'il ne pourrait l'ignorer.

Après avoir mangé, elle passa au salon. Elle pianotait sur son téléphone mais son esprit n'était pas à ce qu'elle faisait. Elle n'avait pas envie de discussion avec ses amis, elle avait envie d'être avec Johnny, elle avait de n'être qu'avec lui et rien d'autre. Elle se leva d'un bond et, mue par une force extraordinaire. Elle sortit du grand couloir et dévala les marches qui menaient au grand hall. Elle se fichait de tout, elle ne tenait plus, elle ouvrit la porte de gauche et se trouva devant la salle de sport. Elle s'arrêta pour souffler à peine quelques secondes et ouvrit celle du couloir des appartements, elle repéra celui de Johnny et frappa, le cœur battant. Si elle devait ne vivre heureuse avec lui que quelques jours, alors autant vivre leur histoire à fond. Elle attendit, impatiente et inquiète, les sens en alerte.

Il lui ouvrit et apparu tel un icône de magazine, irradiant de sensualité, simplement vêtu de son jean noir, laissant apparaître son torse musclé. Son visage étonné laissa apparaître un sourire des plus séduisants, ses cheveux ébouriffés accentuaient son apparence de jeune premier qui s'ignore. Isaline se sentit fondre d'un amour intense, et le fixa sans baisser les yeux.

J'ai besoin de toi ! Souffla-t-elle.

Il n'en fallu pas beaucoup plus au garde du corps, pour l'attirer à lui et refermer la porte en l'enlaçant tendrement. Elle s'abandonna totalement à lui, se laissa porter par ses caresses et ses baisers, elle ne voulait plus penser ou s'inquiéter, elle avait juste besoin de savourer leur amour.

Bientôt, ils se retrouvèrent sur le canapé, et Isaline sentait leur désir gagner en puissance. Jamais elle n'aurait soupçonné avoir un tel degré d'intensité dans son ressenti. Elle glissa sous Johnny et laissa ses mains explorer le corps de celui qu'elle aimait. Johnny avait déjà mis le feu à son cou, sa gorge et descendait vers sa poitrine qu'il libéra sans peine. Elle gémit de plaisir en s'agrippant à ses cheveux, elle sentait son souffle en devenir rauque et elle en tira un intense bonheur. Elle oubliait le temps, le lieu, elle n'était que passion. Ses mains cherchèrent la taille de son compagnon, elle trouva le bouton du jean et le fit sauter. Elle commença à le faire descendre sur les hanches de Johnny, qui brusquement s'écarta d'elle. Inquiète, elle le regarda sans comprendre, elle eût presque froid.

Il la regardait intensément, les yeux voilés pas le désir, et s'écarta encore un peu.

Johnny ? Demanda-t-elle

Isaline, murmura-t-il, as-tu déjà...

Pétrifiée, elle n'osa répondre. Qu'allait-elle lui dire ?

Dis le moi, poursuivit-il, serais-je le premier à....

Elle ne bougeait plus. Elle avait presque honte de n'y avoir penser vraiment. Si elle mentait, il s'en rendrait compte, serait fâché ou manquerait peut-être d'égard.... Si elle disait la vérité, il allait la repousser.

Et bien...

Isaline ? Quelqu'un t'a-t-il déjà fait l'amour ?

Non, répondit-elle en baissant la tête.

Darling, es-tu sûre ? En as-tu vraiment envie ? Si tu es inquiète, il faut le dire, on n'est pas obligés, rien ne presse.

Isaline, s'il était encore possible d'être plus éprise de lui qu'elle ne l'était déjà, sentit qu'elle était définitivement et radicalement amoureuse de lui.

Je ne sais pas, je n'y avais même pas vraiment pensé. J'ai confiance en toi, totalement confiance, mais je ne sais plus.

On va attendre, baby, on va attendre, viens par là. Il faut que tu sois sûre, il faut que tu aies envie.

Mais j'ai envie.

Alors une autre fois, tu n'auras qu'à m'arrêter si tu le souhaites, et sinon nous verrons.

Johnny, je t'aime lui dit-elle plongeant dans ses yeux noisettes.

I love you, lui répondit-il la voix tremblante.

Lovée au creux de ses bras, elle goûta à la chaleur de sa tendresse et de son amour profond. Ils restèrent ainsi, à se cajoler et s'embrasser une partie de la nuit, chuchotant des douces paroles et des rêves d'avenir.


Lorsque Johnny avait ouvert, il faillit s'étouffer avec la gorgée d'eau qu'il avait en bouche. Elle était là, devant lui, telle une apparition en talons hauts et décolleté pigeonnant.

J'ai besoin de toi ! Avait-elle soufflé.

Ceci avait allumé un grand brasier, trop longtemps ignoré en lui. Il n'avait pas essayé de résister, elle était là, elle le voulait, ils étaient peut-être déjà perdus et il l'aimait à en crever. Il l'attira à lui pour refermer la porte et laissa son corps parler. Il l'embrassa et la caressa comme si cela devait être l'unique occasion qu'ils aient jamais. Les caresses de la jeune fille lui procuraient un plaisir indicible et il aventura dans son, cou, sa gorge délicate, ses seins qu'il découvrit avec une intense fébrilité. Elle était contre lui, ses mains plantées dans ses cheveux, il était saoulé de désir et sa respiration se faisait courte. Elle fit descendre ses mains vers sa taille elle trouva le bouton du jean et commença à le déshabiller. Il allait lui faire l'amour comme jamais ! Et soudain il reçu choc. Il se recula pour la regarder. Elle était comme hébétée... se rendait-elle compte. Il la contempla, merveilleuse ainsi, ébouriffée et essoufflée.

Johnny ? Demanda-t-elle

Il essaya de savoir si elle avait déjà fait l'amour. Cela était peu probable quand il y pensait, mais comment être vraiment sûr ? Et ça changeait tout, il était tellement épris qu'il aurait pu lui faire peur, ou mal, si c'était sa première fois. En avait-il le droit ? Que voulait-elle ? Son mutisme l'inquiéta, puis la réponse lui parvint faiblement.

Non, lui répondit-elle en baissant la tête.

Encore plus amoureux que jamais, Johnny la rassura. Cela lui demandait un certain effort, mais il voulait qu'elle soit sûre, consciente et consentante. Il la sentit se détendre et il la serra contre lui comme son bien le plus précieux . Elle serait sienne pour son plus grand bonheur, une autre fois si elle le souhaitait. Il l'aimait. C'est à ce moment qu'il l'entendit prononcer les paroles qui scellaient à jamais leur histoire.

Johnny, je t'aime lui dit-elle plongeant dans ses yeux noisettes.

I love you, lui répondit-il ému.

Quoiqu'il advienne, il ne renoncerait jamais à elle.


Ce soir là, elle regagna tard sa propre chambre. Johnny nota mentalement de classer les bandes de surveillance. Luca s'était couché sans s'imaginer que sa fille ne dormait pas dans son lit comme elle l'avait toujours fait jusque là.



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cela vous plait-il? je m'en sors dans les scènes un peu "hot"? vous vous y êtes cru ou c'était artificiel?

A bientôt


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la suite: http://welovewords.com/documents/solitaires-ch-11


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