Solitaires Ch 11

rainette

Luca Valentini mène une existence bien réglée avec sa fille, mais la vie n'est pas un long fleuve tranquille. Vous trouverez le début de ce Roman ici http://welovewords.com/documents/solitaires


CH11


Le jour précis de l'anniversaire d'Isaline, Luca décida de l'emmener au restaurant. Il fit réserver une table dans une auberge qu'elle affectionnait particulièrement et se prépara pour lui faire honneur. Il avait fini assez tôt pour pouvoir l'accueillir quand elle rentrerait et il se réjouissait de ce dîner en tête à tête car cela faisait longtemps qu'ils n'étaient sortis tous les deux.

Elle arriva, un peu en retard par rapport à d'habitude et vint l'embrasser. Luca ne se lassait pas de ces moments de tendresse qui s'estomperaient forcément avec le temps, il le savait. Elle lui raconta sa journée de cours et lui sourit. Il attendit qu'elle ait fini pour l'informer de ses projets et fut heureux de constater qu'elle était enchantée de la proposition. Elle partit dans sa chambre pour travailler un peu avant le repas, et Luca choisit d'aller relire quelques documents dans la bibliothèque.

A peine installé, le téléphone sonna et il décrocha puisqu'il était à proximité.

Valentini, dit-il.

Ciao il mio fratello!

Francesco! ,répondit Luca hésitant enter joie et méfiance.

Come stai ?

Je vais bien, que me vaut l'honneur de cet appel ?

Allons, tu as oublié, j'appelle pour l'anniversaire de la petite.

Francesco, qu'y a-t-il d'autre ?

Mais rien du tout. Je viens prendre des nouvelles.

Tu n'appelles jamais. Qu'as-tu à dire ou à demander. Je suis certain que tu as quelque-chose derrière la tête.

Mais non. Par contre je voulais en profiter pour te dire que d'ici quelques semaines je vais venir en France. Puis-je venir vous voir un peu ?

Luca fronça les sourcils, il ne savait quoi penser, a priori, rien ne paraissait étrange et pourtant il soupçonnait une manœuvre sous-jacente.

Bien-sûr, il te suffit de me donner les dates en temps voulu.

Tu m'hébergerais ?

Si tu veux, mais je suis surpris, d'ordinaire tu préfères t'éclipser.

Que veux-tu, je vieillis. Je me dis justement que je ne prends jamais le temps.

Bene, vedremo che quando si arriva.1

Va bene ! mi permetta di parlare con mia nipote2

Luca alla chercher Isaline et lui passa son frère. Il ne comprenait pas sa démarche. Il avait une relation lointaine mais agréable avec son frère aîné, mais rien de très intime, alors il ne comprenait pas ce soudain attachement à l'anniversaire d'Isaline. Quoiqu'il en soit, il préférait garder à distance Francesco tant qu'il serait aux commandes de l'entreprise familiale et sous la coupe de son père. S'il voulait passer un week-end en famille, c'est qu'il avait quel que-chose à dire ou à demander, un revirement sentimental semblait improbable. Il attendit que sa fille revienne déposer le téléphone sur sa base.

Alors? Demanda-t-il

Et bien il m'a souhaité un bon anniversaire, m'a parlé des joies d'avoir vingt ans. Il m'a aussi dit qu'il était désolé d'être un oncle lointain. Il a précisé que, même si tu disais le contraire, il était loin d'être un mafieux, ajouta-t-elle en riant. Après il m'a demandé si je voulais des nouvelles de nonna et nonno.

Ah? et tu as dis quoi?

J'ai dit que je voulais juste savoir s'ils étaient en forme.

Ah, bien Isaline, ça suffit.

Et tu veux savoir?

Luca eût soudain une impression étrange. Il regarda sa fille, interrogatif:

Il y a eu quelque-chose de grave?

Non, fit-elle. Mais tu vois, tu as eu peur. Tu pourrais....

Stop Isaline! Si tu ne veux pas gâcher la soirée, arrête immédiatement, répondit-il d'une voix sourde.

Comme tu veux.

Isaline quitta la pièce sans ajouter un mot, laissant Luca seul avec sa colère grondante. Il décida de marcher jusqu'à la plage pour retrouver ses esprits. Il sortit de la maison d'un pas rapide et ralentit au fur et à mesure. Il tenta de s'apaiser mais des images remontèrent à la surface. Il se revit dans le salon de ses parents, à entendre son père lui mentir au sujet des contrats qu'il avait vu dans son bureau. Il noyait les explications douteuses dans un flot de compliments douceureux. Il revit sa mère, pétrifiée qui ne bougea pas quand il eût dit qu'il quittait le domaine familial. Il revit Francesco, le visage grave, lui promettant qu'il faisait une erreur. Il n'avait pas fait d'erreur. Il avait pris la meilleure décision de son existence. Catherine, Isaline, Omega, tout cela était arrivé parce-qu'il était parti.

Petit à petit, il s'apaisa. Cet étape douloureuse avait ouvert la porte à une magnifque histoire d'amour et une non moins magnifique petite fille, bientôt femme d'ailleurs. Malheureusement tout ne s'était pas déroulé comme cela s'annonçait. La souffrance avait fait son appararition dans ce tableau idyllique. Quelle était la suite? Isaline allait partir un jour, bientôt, et il resterait seul. Il avait vécu ces douze dernières années à bâtir une forteresse pour être en sécurité avec elle. Et après? L'avenir n'était pas réjouissant, il avait peu de gens autour de lui, il n'avait jamais réussit à renouer une histoire d'amour digne de ce nom, il avait tout fait pour que rien n'arrive. Il avait de l'argent, c'était le moins qu'on puisse dire, mais il n'avait personne pour partager son avenir. Peut-être devait-il accorder le bénéfice du doute à Francesco. Mais uniquement quand il aurait vérifié qu'il ne se tramait rien derrière ce soudain élan fraternel.


Isaline retourna travailler. Elle avait essayé de montrer à son père que prendre des nouvelles de ses parents lui feraient du bien, mais il était buté comme jamais. Elle connaissait ses grands-parents maternels qu'elle voyait de temps à autre, mais elle n'avait jamais rencontré personne d'autre du côté Valentini hormi son oncle Francesco. Elle se souvenait de lui comme un grand et bel homme, mince, un peu plus trapu que son père, les mêmes cheveux sombres, mais plus disciplinés. Francesco plaisantait beaucoup, riait fort et parlait avec les mains. Il s'était toujours montré agréable lors de ses visites annuelles, elle avait des difficultés à comprendre la réaction épidermique de son père, même si, elle en convenait, il n'était pas très proches d'eux. Elle avait une idée assez flou des raisons pour lesquelles son père avait coupé les ponts avec sa famille. Le sujet était très délicat et depuis que sa mère n'était plus là, elle n'avait jamais pu aborder réèllement le sujet.

Elle n'arrivait pas à travailler. Elle se mit un peu de musique et s'installa dans le fauteuil près de son lit. Que ne donnerai-t-elle pas pour être auprès de Johnny! Elle ne pouvait trouver aucune excuse valable pour le retrouver. Et puis elle osa. Elle attrapa son téléphone portable et ouvrit l'application des SMS. Les mains tremblantes elle chercha dans son répertoire le nom de Johnny Cooper. Elle regarda la bulle du message s'ouvrir. Elle hésita. Elle choisi un message neutre au cas où il serait lu par quelqu'un d'autre.

Bonsoir, comment allez-vous?

Elle appuya sur le bouton “envoi” et retint son souffle quelques secondes avant de reprendre une respiration crispée. Elle attendit. Silencieuse, le coeur battant. Elle ne sût combien de temps. Et soudain, un son cristallin se fit entendre. Un SMS! Fébrile, elle ouvrit le message inquiète car elle ne connaissait pas le numéro.

Je vais aussi bien que je peux sans toi. Voici mon numéro personnel. Efface l'autre message s'il te plait.

Elle senti son coeur se gonfler dans sa poitrine. Comme cela lui faisait du bien. Elle effaça le premier message et répondit.

Tu me manques. Ce soir mon père m'enmène au restaurant.


Il ne faut rien précipiter. Je sais pour ce soir. Bon anniversaire Darling.


Merci. :)


Elle ferma les yeux pour savourer ce bonheur. Ils pouvaient communiquer tranquillement! Cela allait tout changer. Cependant elle était consciente qu'il ne fallait pas en abuser, surtout quand il travaillait. Elle senti son coeur s'alléger un peu, et c'était peut-être la première fois depuis ces dernières semaines.

Elle se leva et alla se rafraîchir et se changer rapidement. Il allait être bientôt l'heure. Elle était en train de retoucher son maquillage quand elle entendit son père frapper.

Princesse, c'est l'heure du bal, plaisanta-t-il

J'arrive! Mais tu ne t'en tireras pas toujours à si bon compte, mon bon Roi! Lui répondit malicieusement.

Luca ne releva pas. Elle l'entendit redescendre vers les pièces communes.


Il avait levé les yeux au ciel. Quelle entêtée de premier ordre! Il avait préféré ne rien répondre pour ne pas gâcher la soirée à venir. Il entra dans le salon pour l'attendre, il venait de se poster près de la baie vitrée quand il entendit ses talons claquer sur les tomettes du couloir. Il se retourna pour accueillir le plus beau cadeau que lui ait fait la vie. Il eu le souffle coupé un instant. Elle apparu dans une robe blanche au drapé somptueux qui était retenu sur une hanche par une boucle dorée. Un liseret or ornait le décolleté et le bas des manches trois-quarts, soulignant les courbes de la jeune fille. Elle ne portait qu'un petit collier offert par ses amis le samedi précédent et des boucles d'oreilles en fils dorés.Ses longs cheveux noirs étaient libres et contrastait avec le blanc de la robe et la pochette dorée qu'elle portait. Les chaussures blanches aux talons impressionnants achevaient de la placer définitivement parmi les femmes. Luca aurait presque regretté de l'avoir invitée à présent. Il allait devoir l'enmener dans un lieu public et la laisser au regard des hommes qui s'y trouveraient et ne manqueraient pas de la détailler plus ou moins avidement. Quelle épreuve pour un père! Mais elle était là, souriante et ravie de passer du temps “dehors” avec lui. Il se rendait compte qu'il était proche de la séquestration avec elle, et il tentait de faire de son mieux pour ne pas en arriver à l'étouffer. Il lui tendit le bras, elle attrapa son trench coat et le suivit en bavardant gaiement.


Isaline dû faire un effort considérable en apercevant Johnny qui les attendaient dans le hall. C'était vraiment très compliqué à présent et elle éprouva une grande gêne. Heureusement, il maitrisait mieux la chose qu'elle et il garda ses distances de manière impeccable, aucun coup d'oeil, aucun geste ne le trahit, et elle lui en fût reconnaissante.

Le repas se déroula très agréablement. Isaline se régala du début à la fin et Luca s'était détendu et l'avait fait rire. Ils avaient parlé de leur semaine, de leurs projets. Isaline appris que son père projettait un audit par un cabinet tenu par une jeune femme qui semblait peu ordinaire. Ils abordèrent la suite de ses études. Aucune école dans le sud ne formait au stylisme des chaussures, il fallait aller sur Paris. Luca n'était pas enchanté mais il se rendit à l'évidence qu'il ne devait pas l'empecher de demander, et donc d'être selectionnée, à cette formation. Elle resta concentrée sur son père et ne remarqua ni les regards insistants de certains hommes du restaurant, ni le regard de Johnny, posté dans un coin, qui les aurait bien tous étranglés. Isaline songea un instant à lui parler de ses sentiments, mais le lieux et l'endroit étaient particulièrement mal choisis.

Il rentrèrent sans encombres et Isaline quitta son père en le remerciant pour la soirée. Elle eût très envie de rejoindre Johnny mais il était déjà fort tard et elle avait beaucoup de cours le lendemain. Elle alla donc se coucher. Juste avant de se mettre au lit, elle reçu un sms qui la combla de bonheur.


Bonne nuit, tu étais très en beauté ce soir. Très bon anniversaire. I love you.

Elle pondit, au combre de la félicité.

Bonne nuit. Merci. I love you so much.


Le vendredi arriva sans qu'Isaline ne touche vraiment terre. Beaucoup de cours et d'évaluations eurent raison de son dynamisme et elle acheva sa semaine le vendredi midi, dans la plus grande lassitude. Aussi, quand Annabelle lui proposa de déjeuner avec elle, elle accepta avec joie. Après avoir prévenu son père et Stéphane, elle se rendit donc chez son amie. Elles s'installèrent dans la cuisine au style provençale des parents de la jeune fille et grignotèrent en évoquant les faits de la semaine.

Il faut que je te le redise, ta soirée d'anniversaire était grandiose!

Merci encore, dit Isaline, j'ai passé un moment fromidable à tout point de vue! Cette fille est douée, elle a tout compris, c'était magique!

Carrément! Et ton ami, là, Théodore, tu ne me l'avais caché!

Mais non, sourit Isaline, il se cache tout seul. Je ne le vois plus très souvent. Mais n'espère pas trop, c'est un rat de bibliothèque, je vous vois très mal ensemble.

Ah oui? Pourtant je le trouve très sensuel, moi.

Tu l'es probablement trop pour lui.

Comment tu me casses le coup! Plaisanta Annabelle, ça se voit que tu as trouvé à te mettre sous la dent toi!

Anna! Ne parle pas comme ça.

Oui, oui, indigne toi, en attendant, je veux davantage de détails sur ta soirée de l'autre jour, tu m'as à peine expliqué.

Au restaurant? S'amusa à demander Isaline.

Bourrique!!!! non, je veux la suite de “Hier soir je suis allée le voir”!

Ah oui, et bien après nos baisers de samedi, il...

Samedi? Vous vous êtes embrassés samedi?

Isaline se mit à raconter leur rencontre du samedi, leur discussion dans le parc et le soir ou elle était descendu voir Johnny chez lui. Elle expliqua combien elle avait confiance en lui et combien l'avenir leur semblait incertain. Elle tenta de faire comprendre à son amie, que leurs sentiments étaient puissants et que mettre fin à leur relation était inenvisageable. Annabelle écouta et fronça les sourcils.

Tu m'inquiètes, ma chérie, tu sais. Tu as 20 ans, il est bien trop tôt pour avoir ce genre de relation compliquée. C'est un gentleman, je te l'accorde, mais il est bien plus vieux que toi. Soit il est vraiment accro et il voudra bientôt se stabiliser, tu vas rater les meilleures années de ta vie pour entrer dans le rôle de la parfaite compagne, soit il va se lasser et tu vas souffrir. Sans compter que ton père va surement très mal vivre cela, même en admettant qu'il vous donne sa bénédiction, ce qui, soit dit en passant, me surprendrait fort.

Je ne suis pas d'accord, il est capable de comprendre.

Mais ouvre les yeux, bon sang, il a douze ans de plus que toi, ton père te le colle aux fesses, passe moi l'expression, à longueur de journées parce-qu'il lui fait confiance, que crois-tu qu'il dira quand il saura qu'il t'a séduite?

Il ne m'a pas séduite! Nous sommes tombés amoureux! C'est totalement différent.

Oh Seigneur! S'écrira Annabelle, totalement désespérée pour son amie.

Mais enfin ne vois-tu pas?

Je vois ce que tu ne vois pas. Je t'en prie, ne va pas plus loin avec lui, tu vas y laisser des plumes.

Je ferais selon mon coeur. Je n'ai rien décidé d'avance.

On est mal barré, chérie.

Elles se regardèrent et se commencèrent à rire, bientôt ce fut un véritable fou-rire qui eût bien du mal à se calmer. Annabelle proposa une partie de tennis à Isaline qui accepta. Elles se changèrent, Annabelle et elle faisaient presque la même taille, et elles se dirigèrent sur le cours aménagé dans l'immense terrain qui entourait la maison des parents de la jeune fille. Si elles ne jouaient pas forcément très bien, elles se défoulèrent dans la bonne humeur.


Luca avait abordé son dernier après-midi de la semaine avec un sentiment de détente. Ses projets de diversification s'annoçaient sous de bons auspices et il commençait à penser à s'oragniser un week-end de détente, peut-être avec Isaline. Camille vint lui faire signer quelques lettres et lui rappela qu'il y avait la réunion du personnel avec Mila Rossini à 16H30.

Il n'avait pas oublié. Il avait même très envie de revoir la jeune femme et de voir comment elle mènerait sa réunion. Il ne doutait pas de sa capacité à capter l'attention mais il était curieux de la voir à l'oeuvre. Lui même préparait son discours d'introduction avec soin car il savait que son personnel était surpris de cette convocation commune. Il avait diffusé l'information la veille et avait précisé qu'il voulait leur présenter une personne qui allait aider l'entreprise à être plus performante, mais il était certain que la plupart étaient inquiets. Il repensa à Mila. Le départ de cette affaire était assez étrange. Cette femme n'était pas de celle qui se laissait impressionner ou marcher sur les pieds et Luca avait peut-être un peu de mal à se positionner. Luca s'était senti étrange en sa présence, mais il avait aussi beaucoup rit. Elle était sûre d'elle, droite, franche et positive, oui, c'était là, elle était positive.

Mila arriva à 16H00, élégamment vêtue, comme à son habitude. Le tailleur jupe camel et le top noir qu'elle avait choisi lui donnait une allure très professionnelle. Elle avait attaché ses cheveux en un chignon bas qui laissait briller des boucles d'oreilles assorties au gros médaillon d'opale qu'elle portait autour du cou. Luca eût furtivement une vision flottante de la jeune femme ouvrant ce chemisier sombre, mais il reprit rapidement ses esprits, se sermonnant au passage. Elle arriva à sa hauteur et le salua.

Heureuse de vous revoir, Monsieur Valentini.

Le plaisir est partagé, Mademoiselle Rossini, je suis ravi de terminer la semaine par votre présence.

Voilà qui est plaisant à entendre, ma foi, lui dit-elle taquine, vous avez une faveur à me demander?

Pas du tout, sourit Luca, mais je peux vous montrer le plan de ma propre intervention, vous me direz si cela vous convient.

Bonne idée, faites voir?

Luca était beaucoup plus à l'aise cette fois-ci. Parler travail c'était son domaine,e t il savait que Mila ironiserait sur les compliments qu'il lui ferait. Il pensait que cela lui permettait de tenir à distance tout mâle qui se sentirait en droit de faire autre chose que de travailler avec elle. Et pourtant, il snetait aussi qu'elle s'en amusait. Drôle de personnage. Ils parlèrent de cette réunion un moment et puis Luca le conduisit à la salle de conférence. Il lui proposa le tableau numérique, ou le vidéo projecteur, mais elle refusa tout. Il la contempla un instant, elle était parfaitement à son aise, elle posa juste un bloc de feuilles et un stylo sur la table. Elle le regarda dans les yeux et Luca sentit à nouveau cette sensation de malaise. Il en fut désappointé. Puis elle lui dit, d'une voix basse:

J'ai toujours une appréhension avant ces réunions. Si je fais mauvaise impression, le travail sera compliqué.

Vous ne donnez pas cette impression, Mademoiselle Rossini.

Et bien tant mieux.

Les femmes savent cacher leur jeu en général, lui sussura Luca, moqueur.

Mila le fixa quelques secondes et rit doucement, Luca y prit grand plaisir. Elle ajouta:

Il y a peut-être certaines pré-disposition en effet, mais je ne suis pas sûre que nous en ayons l'apanage.

Vraiment? Poursuivit-il sur sa lancée, je suis choqué.

J'en suis certaine, dit-elle, sans plus sourire.

Luca nota cet air grave qui détonnait mais il n'eût pas le temps de chercher à comprendre, les premières personnes arrivaient pour s'installer.

Luca les salua un à un et Mila les accueillit également avec une poignée de main. Avec aisance, il ouvrit la séance et présenta Mila.

Bonsoir à tous et merci d'être présents à cette réunion d'information, même si vous n'aviez pas réèllement le choix, en cette fin de semaine chargée pour nous tous. Je vous l'ai indiqué sur la convocation, je pense que l'entreprise a besoin d'un coup de fouet. Les résultats sont bon, nous progressons bien, mais nous pourrions faire mieux. Loin de moi l'idée de me séparer d'une partie des salariés d'Omega, je suis convaincu que chacun d'entre vous a sa place ici avec ses compétences et ses qualités. Il se peut qu'il ne s'agisse que d'une question de procédés, d'organisation ou d'investissement mal géré. Nous fonctionnons d'une manière qu'il peut être interessant de modifier, mais je ne suis pas le mieux placé pour observer cela. C'est pourquoi j'ai choisi de faire appel à un cabinet d'Audit. J'ai l'honneur de vous présenter Mademoiselle Rossini, qui sera à partir de lundi dans nos locaux pour quelques temps. Sans votre coopération, cette radiographie de nos méthodes ne pourra être faite correctement et nous ne retirerons aucun enseignement des analyses qui en ressortiront. C'est pourquoi je vous demande de coopérer pleinement et de parler sincèrement avec notre invitée temporaire. Elle occupera le bureau qui se trouve face à celui de Camille Célier à l'accueil et qui nous sert plutôt de salle de photocopie depuis plusieurs années. Vous trouverez pour quelques temps donc, la photocopieuse près de la machine à café du couloir B, ce qui est un lieu fort sympathique, vous en convindrez. Voilà pour les détails pratiques et je laisse le soin à Mademoiselle Rossini de se présenter et de vous présenter son travail. Merci. Mademoiselle, c'est à vous.

Luca se plaça dans un coin de la pièce et regarda Mila prendre la parole. Ses yeux bleus océans prirent une teinte plus claire et elle salua l'assemblée d'un sourire divin. Elle prit la parole d'une voix claire et posée, sans aucune fausse note. Tout le monde l'écoutait religieusement évoquer sa présence future et sa manière de travailler. Sans détour elle expliqua que son but était de décortiquer les façons de faire de chacun pour comprendre l'ensemble, mais aussi les personnalités de travail et les compétences qu'ils mettaient en oeuvre. Elle leur précisa que si elle verrait chacun en individuel ou en groupe, elle ne visait aucune personne en tant qu'individu mais bien les habitudes de travail, les procédures et les action au sein du groupe, qui sont aussi influencés par la présence des autres acteurs du groupe. Luca était subjugué, il ne doutait pas qu'elle maitrisa son sujet, mais elle avec une fougue dans son discours qui semblait irradier sur toute l'assistance. Elle croyait à ce qu'elle faisait et elle était passionnée, cela crevait les yeux. Et, ce qui ne gâchait rien, elle était incroyablement belle! Elle bougeait gracieusement et regardait l'assemblée comme une conquérante. Les mèches échappée de son chignon attiraient l'attention de Luca. Il se demandait s'il était correct ou n on de l'inviter au restaurant. Le prendrait-elle mal? Cela compromettrait-il son travail chez Omega? Valait-il mieux attendre? Il n'arrivait pas à décider, cependant il avait une envie lancinante de l'accompagner dans un lieux extérieur à l'entreprise pour la voir évoluer dans la “vraie vie”. Toutefois à ce moment précis, il ne trouva aucun moyen d'acceder à cette envie sans paraître déplacé.


Mila avait senti la pointe d'ironie dans la remarque de Luca sur les femmes. Elle l'avait sondé quelques instants pour être certaine qu'il l'attirait bien sur le terrain de l'humour et avait répondu de même. Cela lui plaisait bien qu'il la prenne à son propre jeu. Une chose était certaine, il fallait jouer d'égal à égal avec Luca Valentini, car il n'était pas homme à s'en laisser compter. Sa dernière remarque cependant, était teinté d'une expérience cuisante, et même si elle concédait que les femmes pouvaient cacher leur jeu, elle savait parfaitement de quoi étaient capables certains hommes, et ils n'avaient rien à envier au sexe féminin quand il s'agissait de tromperie. Elle regretta le ton grave de sa dernière remarque mais n'eût pas le temps de rattraper la chose car les employés arrivaient et elle les salua au côté de Luca qui assurait son rôle de chef d'entreprise à merveille. Elle l'écouta introduire son travail auprès de ses salariés avec habileté et autorité tranquille. Il paralit sans avoir pris le plan qu'il lui avait montré, c'était la preuve qu'il domptait ses interventions. Elle écoutait sa voix grave, légèrement éraillée et chaude et ferma un instant les yeux. Elle aimait cette voix. Elle rouvrit les yeux et se ressaisit. Luca était en train de la présenter. C'était à elle de parler.

Elle se lança dans sa tirade, ferme et décidée. Elle voyait dans les yeux de l'assisatnce s'il fallait qu'elle insiste sur un point ou un autre. Dans l'ensemble, elle se sentait bien accueillie. Les regards, les mimiques ne renvoyaient aucun signe de résistance, de moquerie ou de peur. C'était une bonne chose. Lorsqu'elle estima qu'elle avait fait le tour, elle demanda s'ils avaient des questions. Il y eu quelques questions, surtout d'odre partique Luca se joignit à elle pour répondre, notamment sur les aspects légaux de leur présence sur leur temps de travail.

Bientôt, ils restèrent seuls dans la salle de conférence. Le dernier salarié sortit et elle se tourna vers Luca.

Et bien voilà, je pense que nous avons instauré un climat positif. Merci de votre introduction, c'était parfait.

Je dois reconnaître que vous n'étiez pas mal non plus!

Je vous remercie, mais attendons de voir ce que cela donne quand je serais sur leur dos.

Si vous avez des difficultés, n'hésitez pas à m'en parler.

C'est gentil mais je pense que c'est à moi de leur donner suffisamment confiance. Vous êtes leur employeur, vous ne pouvez pas les forcer à avoir confiance en moi.

Je peux leur parler sans les forcer.

Elle hocha la tête, légèrement dubitative.

C'est entendu, si je suis coincée, je vous en parlerais. Et puis il y aura vous.

Moi?

Vous aussi allez devoir tout me raconter, sourit-elle avec un ton volontairement mystérieux.

Elle vit Luca l'examiner avant de répondre:

Avec grand plaisir, Mademoiselle Rossini.

Il s'inclina à la façon d'un serviteur et luii indiqua la sortie de la pièce. Elle le précéda, sentant sa présence charismatique derrière elle. Elle s'arrêta dans le hall d'entrée. Ils étaient vraisemblablement seuls car ils n'avaient croisé personne. Mila se sentait détendue après son élocution, mais ici et maintenant, le sentiment d'oppression augmentait. Elle se tourna vers son hôte et croisa les iris verts pailletés d'or de Luca. Elle se sentit stressée et ne bougea pas pendant de longues secondes. Il semblait aussi peu locace qu'elle à ce moment précis. Enfin elle bougea vers les portes coulissantes qui s'ouvrirent en laissant entrer un air un peu frais. Luca paru se reveiller et lui tendit la main.

Au revoir, à lundi, Mademoiselle Rossini. Passez un bon week-end.

A lundi, pour 9h00, ça ira?

Très bien. Bon retour.

Merci, au revoir.

Mila sortit et entra dans sa voiture en soupirant. Il fallait vraiment qu'elle comprenne ce qui se passait par moment entre eux. Dans quel système de fonctionnement étaient-ils entrés? Elle secoua la tête pour chasser ces questions, elle était en week-end, et elle verrait cela plus tard, pour le moment, elle ne pouvait rien analyser. Ce soir, elle irait faire le plein de bruit, de calins et de bisous baveux chez Joy, et c'était bien plus important.


Luca l'avait regardé un moment avant de se rendre compte qu'elle ne parlait que de son rôle dans l'Entreprise. Pourquoi avait-il pensé qu'elle voulait tout savoir de sa vie privée. Elle n'avait absolument jamais évoqué cette éventualité, il devenait stupide! Il l'avait suivie jusqu'ai hall sans pouvoir la quitter des yeux. Il était comme hypnotisé. Lorsqu'elle planta son regrad dans le sien, il eût envie de lui proposer de prolonger l'instant, la soirée mais il se retint. C'était vraiment une mauvaise idée, jusqte avant ses interventions. A regret, il remit ce projet à la fin de sa mission et, ne sachant que dire, sentant cette impression de chaleur moite refaire surface, il lui souhaita un bon week-end. “ tu aurais pu trouver meiux que ça Luca” se sermona-t-il. Elle embraya immédiatement et il la regarda rejoindre sa voiture avec cette démarche qu'il saurait à présent reconnaître sans faute. Elle se glissa dans son coupé sport et mit quelques instants à mettre le contact. Il crut un instant qu'elle allait revenir, mais ce ne fut pas le cas. Il secoua la tête en se traitant de doux idiot et repartit dans son bureau.

Luca Valentini sentait un lent changement s'opérer en lui depuis quelques temps, mais ce soir il était perplexe. Probablement que ce ne serait pas la dernière fois ces prochains jours.

1Très bien, nous verrons ça quand tu seras là.


2D'accord, Laisse moi parler à ma nièce

--------------------------------------------------------

pour la suite: *http://welovewords.com/documents/solitaires-ch-12

Signaler ce texte