Solitaires Ch 12

rainette

Luca Valentini mène une existence bien réglée avec sa fille, mais la vie n'est pas un long fleuve tranquille. Vous trouverez le début de ce Roman ici http://welovewords.com/documents/solitaires

CH12

Mila pestait contre son manque d'anticipation. Il y avait beaucoup de circulation en ce lundi matin à Cassis et elle risquait d'arriver en retard. Elle n'avait que rarement d'appréhension en arrivant dans une entreprise, qui plus est quand l'accueil avait été relativement encourageant comme c'était le cas chez Omega. Elle espérait retrouver sa sérénité au fil des jours car il n'y avait objectivement aucune raison d'être inquiète. Elle prit quelques liberté avec les règles de dépassement et les feux oranges et finit par arriver à 9H04, à l'horloge de sa voiture, sur le parking d'Omega. Elle se dirigea rapidement vers le bureau de Camille et souffla d'être enfin arrivée.

Camille la salua et lui montra le bureau qui lui avait été attribué. Elle serait près de l'accueil et de celui de Luca mais bien séparée. La fenêtre laissait apercevoir une partie de la côte et des jardins qui jouxtaient le parking des employés. Le bureau en bois sombre était de belle facture et se détachait sur les murs bleus ciels et blancs. Un tableau, représentant un voilier sur un banc de sable surplombé d'un ciel bleu azur, décorait l'un des murs. Des étagères qui contenaient des stocks de papier et de fournitures étaient dissimulées derrière un paravent blanc. Elle fut reconnaissante de trouver de quoi écrire, un téléphone et un annuaire interne sur le bureau. Camille lui donna les codes pour se connecter à Internet et au réseau d'imprimantes, un badge et un pass pour les accès dont elle avait besoin. Sa venue était vraiment bien pensée et Mila trouva cela fort agréable. Elle se retrouva seule un moment et prit place sur le fauteuil rembourré qui lui tendait les bras. Elle sortit son ordinateur, un bloc de feuilles et des chemises de cartons destinées à classer ses notes. Ellprit le premier bilan que lui avait fournit Luca et l'organigramme des services. Elle pouvait commencer.

Camille revint avec une partie des documents qu'elle avait demandé. Puis elle ajouta que M Valentini souhaitait la rencontrer dès qu'elle serait disponible. Mila sourit, c'était une jolie formulation dont elle reconnut la courtoisie, et proposa d'aller le voir une quinzaine de minutes plus tard. Elle prit donc un peu de temps pour parcourir les documents apportés par Camille et les classer selon ses besoins. Elle chercha le bilan financier par secteur mais ne le trouva pas. Elle nota sur un post-it les diverses choses qui semblaient lui manquer et se leva pour aller jusqu'à l'accueil ou Camille la pria d'attendre. Elle informa Luca de sa présence et la fit entrer.

Une fois de plus Mila ne put s'empêcher d'admirer la prestance incroyable du chef d'entreprise. Il était encore superbe dans son costume probablement sur mesure, et sa façon de se mouvoir était empreinte d'une sensualité palpable. Elle alla vers lui pour le saluer. Leurs mains se rencontrèrent en même temps que leurs yeux. Mila sentit le décor s'évanouir à nouveau, ne la laissant percevoir que le contact de la main de Luca et les paillettes brillantes de ses yeux verts qui l'hypnotisaient. Elle eût l'impression d'être en contact avec une partie immatérielle de son interlocuteur. Son cœur se mit à battre plus vite et elle ne bougea plus. Puis la sensation oppressante refit son apparition et elle retira sa main. La bulle s'évanouit et elle retrouva l'atmosphère du bureau très design de Luca Valentini. Avec la sensation d'atterrir brutalement, elle offrit un sourire timide à son hôte qui la considéra quelques instants sans mot dire, puis lui dit doucement ces mots qui la caressaient venant de lui :

Mademoiselle Rossini...

Monsieur Valentini, je vous remercie pour votre accueil. Ce bureau est très agréable.

Je suis heureux qu'il vous convienne. Vous avez tout ce qu'il vous faut ?

Puisqu'on en parle, j'aurais bien encore une ou deux petites choses à vous demander.

Je vous écoute.

Et bien j'aimerais pouvoir mener les entretiens sur des chaises autour d'une petite table si cela était possible, cela fait moins interrogatoire qu'un bureau.

Je pense que l'on peut arranger ça rapidement.

Oh, aujourd'hui et demain au moins, je ne vais pas faire cela, je vais observer les services dans leur quotidien. Ensuite je n'ai pas votre bilan financier effectif, j'en aurais vraiment besoin pour la fin de la semaine.

Je le sais, Mademoiselle, je l'ai avec moi, je tenais à vous le remettre moi-même. C'est un document interne et confidentiel. Prenez en grand soin. Dit-il en lui remettant un document à la couverture noire sobrement relié.

Je vous remercie, répondit Mila, sentant combien Luca prenait sur lui pour lui confier le bilan. Je vous rappelle que j'ai une clause de confidentialité.

En effet, fit Luca, d'une voix sèche.

Mila ne releva pas. Elle lui expliqua le déroulement des deux prochains jours et prit congé.

Une fois dans son bureau bleu et blanc, elle se rendit compte qu'elle n'avait pas respiré convenablement depuis qu'elle avait franchit le seuil du bureau de Luca. Cela l'agaça et elle prit quelques instants pour inspirer et expirer calmement avant de prendre son bloc, un crayon et partit à la découverte des différents services. Elle commença par le bureau des informaticiens chargés d'écrire les programmes. Elle les salua et leur dit qu'elle jetait un œil, de ne pas faire attention à elle, se plaça dans un coin et les regarda faire. Elle posait une question de temps à autre, mais se fit le plus discrète possible. Au bout d'un long moment, elle changea de bureaux et alla observer les concepteurs des programmes. Elle était concentrée et ne remarqua pas Luca qui la regardait depuis le pallier.


Luca s'était préparé à l'arrivée de Mila et pourtant, il ne put s'empêcher de s'immobiliser quelques instants au contact de la main dans la sienne. Il sentait une sorte de courant électrique le parcourir, qui s'intensifiait avec la brillance soudaine du bleu des yeux de son interlocutrice. Il lui semblait qu'elle sondait son âme tellement il était absorbé par son regard. Comme les autre fois, il eût soudainement chaud et mit un certain temps avant de pouvoir reprendre le cours normal des choses. Mila n'avait pas davantage bougé que lui et il se demandait si elle ne l'avait pas déjà classé dans la catégorie des hommes d'affaires rigides et inertes.

A peine était-elle sortie de son bureau qu'il remarqua qu'il était fébrile comme s'il attendait un événement particulier. Il décida de s'occuper à autre chose pour laisser passer cette sensation étrange et se plongea dans ses affaires en cours jusqu'à ce que Camille l'interrompe. Il allait être l'heure de déjeuner et elle ne savait pas si Mila avait prévu quelque-chose et elle n'avait pas songé à lui demander. Luca proposa d'aller voir cela avec leur intervenante et partit à sa recherche.

Il la trouva sagement postée dans un angle du bureau ou travaillaient les programmeurs. Elle promenait son regard d'une personne l'autre et prenait de notes de manière rapide et concentrée. Il resta l'observer un petit moment. Il la trouvait toujours aussi élégante et gracieuse. Elle dégageait une sensualité discrète qui ne lui avait pas échappé, même si elle ne semblait pas en avoir conscience elle-même. Il remarqua également les coups d'oeil à la dérobée de certains de hommes présents, et il se demanda si c'était simplement en raison de sa présence inhabituelle et potentiellement stressante ou bien s'ils la regardaient en temps que femme. Cette idée lui déplut mais il dû en faire abstraction car il n'avait aucune certitude sur la question. Il toussa légèrement et tout le monde se tourna vers lui.

Mademoiselle Rossini ?

Monsieur ?

Je voulais vous entretenir quelques minutes d'un petit détail, puis-je vous déranger.

Bien entendu.

Mila se leva et se dirigea vers lui. Il sentit les effluves de son parfum lui parvenir comme pour l'avertir de la suite. Elle était à présent toute proche et posait sur lui un regard interrogateur. Il sentait sa respiration s'altérer pendant qu'il réprimait une envie étrange de lui replacer une de ses mèches de cheveux qui lui tombait sur l'oeil et la joue.

Mademoiselle, Camille vient de m'alerter sur votre temps de pause de midi, comment procedez-vous ? Dit-il à vois basse

Je comptais aller manger quelque-chose en ville, répondit Mila sur le même ton.

Nous sommes un peu loin, mais c'est comme vous voulez. Ici nous travaillons avec un service de portage de repas. Si vous le souhaitez, vous pouvez réserver un plateau repas auprès de Camille avant ce soir pour demain, il vous sera livré en bas entre midi trente et treize heures. Il y a des micro-ondes pour réchauffer et des tables en salle du personnel en bas.

C'est une excellente organisation, approuva Mila. Je trouve l'idée séduisante.

Vous verrez avec Camille, il y a deux ou trois formules, et c'est très bon. Et pour ce midi, vous irez en ville ? Je ne peux vous accompagner car j'ai un déjeuner d'affaires.

Ne vous inquiétez pas, j'ai l'habitude, et puis je préfère ne pas déjeuner avec les personnes que je n'ai pas encore entendu. Vous voyez, vous avez le temps. C'est pour ça que, même si je me laisse tenter par vos plateaux repas, je mangerais dans mon bureau si cela est possible. Et puis je pense que vos employés seront mieux sans moi pour cette pause. Ils m'ont déjà assez sur le dos comme ça !

C'est entendu ! Je devrais patienter pour avoir le plaisir de votre compagnie à table alors, s'entendit questionner Luca

C'est cela ! Lui sourit Mila.

A plus tard, Mademoiselle

A plus tard !

Luca était contrarié d'avoir laissé échappé cette stupide phrase. « Elle va me prendre pour un coureur de jupon ! » pensa-t-il. Vraiment, en ce moment , Luca avait un peu de mal à s'y retrouver dans ses propres attitudes. Enfin voilà qui était réglé ; il n'avait qu'à attendre s'il voulait l'inviter au restaurant, elle avait annoncé la couleur.

Le reste de la journée, Luca était à l'extérieur et il ne revit pas Mila. Il rentra tard, et il passa la soirée seul car Isaline travaillait sur un projet avec des amis. Il détestait la savoir ainsi dans un café ou une bibliothèque sans surveillance, mais elle ne voulait plus du tout avoir un garde du corps derrière son dos quand elle travaillait en groupe. Il s'absorba dans la lecture d'une étude sur l'avancée des technologies et leur impact sur la population, avant d'aller faire un peu de sport et de se coucher.

Le lendemain, alors qu'il faisait le point avec Johnny, il demanda à Mila de les rejoindre.

Mademoiselle Rossini, dit-il, je voulais vous présenter M Cooper, qui est notre chef de la sécurité.

Echantée, fit-elle en souriant.

Le plaisir est pour moi, lui répondit Johnny.

Je tenais à vous présenter, en cas de soucis, vous pouvez faire appel à lui. Y compris si vous repartez tard. Peut-être devrions nous échanger nos numéros de portable, qu'en pensez-vous Mademoiselle Rossini ? Camille a dû téléphoner dans plusieurs services pour vous trouver, ce ne serait pas plus simple ?

Pourquoi pas, répondit Mila, visiblement peu à l'aise. Elle Regarda Luca fixement.

Un problème Mademoiselle ? Lui demanda Luca, soudainement ennuyé. Il regrettait de l'avoir mise en défaut, mais il pensait qu'elle possédait une ligne professionnelle.

«décidément, se dit-il » Il reprit.

Si cela ne vous convient pas, nous ferons autrement.

Pas du tout, excusez-moi, répondit Mila. Allons-y.Il échangèrent les moyens de communiquer et Johnny Cooper les laissa ensembles pour rejoindre le PC sécurité. Luca laissa Mila prendre congé en convenant d'un premier bilan succin le lendemain à la première heure. Il se réjouissait de pouvoir avoir quelques éléments rapides et de commencer sa journée avec le charmant sourire de la jolie blonde qui explorait sa société.


En redescendant à son poste, Johnny se repassa la scène qu'il venait de vivre dans le bureau de son patron et se questionna sur leur relation. Elle était une belle femme, très élégante, et paraissait sûre d'elle. Il connaissait Luca depuis longtemps, et là, il avait assisté à un échange qui ressemblait davantage à des balbutiements de jeunes lycéens comme il en voyait à la sortie du lycée d'Isaline, gauches et mal à l'aise. Il trouvait ça bien étrange, mais il n'avait pas savoir ce qui se passait en dehors des locaux, et il passa à autre chose.


Mila rentra chez elle fatiguée. La société était dense, il y avait beaucoup de services, des personnels ultras compétents avec des profils très pointus dont elle ne maîtrisait pas forcément tous les aspects. Elle avait terminé sa journées en consultant les fiches de postes et elle avait dû engranger un grand nombre d'informations et de connaissances dans le domaine pointu de l'informatique. Elle songea qu'elle allait sûrement beaucoup « s'amuser » en prenant connaissance des CV. Elle regretta d'avoir paniqué à l'idée de donner son numéro de portable à cet homme qui était vraisemblablement quelqu'un de confiance, mais cela lui avait vraiment fait une impression étrange. Elle se jeta sous la douche puis s'installa sur le canapé avec un plat qu'elle avait pris chez son traiteur asiatique préféré. Elle alluma la télévision mais bientôt, elle préféra aller se coucher. Demain une dure journée l'attendait. Plus que quelques services et elle allait avaler des kilomètres de documents avant d'entamer les entretiens.

Elle sentit le sommeil la gagner quand l'image de Luca Valentini s'imposa à elle. Elle le revoyait dans son bureau, puis près de sa voiture, et aussi lors de sa présentation au personnel. Aussitôt elle ressentit cette étrange impression d'oppression qui la gagnait insidieusement lorsqu'elle passait du temps en sa présence. Une idée germa dans son esprit un peu embué par la fatigue. L'impressionnait-il ? Cette idée lui semblait étrange. Pourquoi serait-elle impressionnée, elle n'avait pas eu l'occasion de se retrouver en position de faiblesse. Elle revit les paillettes de ses yeux vert et sa silhouette souple et charismatique lors de leur première entrevue. Séduisant ? Et si simplement tu le trouvait séduisant ? Elle considéra la chose un peu plus sérieusement, et reconnu que Luca Valentini était un homme en effet fort séduisant, galant, et même sexy. « Me voilà bien ! Se dit Mila, comme si tu n'avais pas autre chose à faire avec lui que de jauger son sex-appeal ! ». Mila sourit en s'endormant, se disant qu'à présent qu'elle avait identifier la cause, ses sensations étranges cesseraient de l'importuner.

Le lendemain matin, elle partit assez tôt pour ne pas être en retard. Elle mettait un point d'honneur à être ponctuelle, cela laissait toujours une impression de professionnalisme et de respect. Elle monta dans son coupé sport en jetant sa mallette sur le siège passager avant d'attacher sa ceinture de sécurité. Elle sorti du garage privé et s'inséra dans la circulation le cœur léger. Elle repensa à ses déductions de la veille et se dit qu'elle était devenue bien fleur bleue pour être ennuyée par le charisme sensuel d'un client. Elle avait voulu en faire abstraction, sûrement pour garder le contrôle ou à cause de leur première entrevue, et cela avait parasité sa façon d'être avec lui. C'était idiot ! Elle prit la route de Cassis mais elle était déjà un peu en retard. Elle essaya d'accélérer, cependant le trafic était trop dense et elle fut obligée de prendre son mal en patience.

Arrivée sur la rue principale de Cassis, ce fut encore pire. Mila commençait à perdre patience, mais elle n'avait aucun moyen de contourner l'artère encombrée, et même en regardant les rues adjacentes, cela semblait compliqué. Elle arriva à un carrefour ou deux voitures étaient au milieu de la route suite à un accrochage. Elle poussa un soupir et plaça son téléphone et mode vocal pour appeler Luca Valentini.

Bonjour Mademoiselle Rossini.

Le son de la voix de Luca accéléra les battements de son cœur.

Bonjour, Monsieur Valentini, je vais être en retard, je suis confuse mais il y a une circulation monstrueuse.

Vous avez des soucis de circulation ?

Hélas oui, j'en suis désolée, mais je ne peux rien faire. Je suis à Cassis, mais c'est totalement bouché.

Ne soyez pas désolée, ce sont des choses qui arrivent. A cette heure surtout.

Il y a eu un accrochage au carrefour, je pense que c'est dû à ça.

Ne prenez pas de riques inutiles. Nous nous verrons plus tard, ou même à l'heure du déjeuner, il n'y a vraiment rien qui soit pressé au point de faire des choses inconsidérées.

Elle contourna un 4X4 qui semblait être plus préoccupé par le spectacle des voitures accidentées que par sa route et ajouta :

Même des choses inconsidérées ne me semblent pas possible en l'occurence !

Soudain elle sentit un choc violent pousser sa voiture de l'arrière vers la gauche, elle poussa et un cri et se mit à jurer. Un véhicule venait de la percuter violemment, et elle ne savait absolument pas d'où il venait car elle avait effectué les contrôles avant de dépasser le 4x4.

Merde  c'est quoi ça ?

Ça va Mademoiselle ? Demanda Luca d'une voix inquiète.

Oui, ça va, on vient de me rentrer dedans, je vous rappelle.

Mila descendit en râlant et se désola de l'état de la voiture. Elle se tourna vers l'autre véhicule et vit arriver l'occupant avec un objet à la main qu'elle n'identifia pas.


Elle n'avait pas raccroché et Luca l'entendit pester, et cela l'amusa car le vocabulaire contrastait sérieusement avec le langage habituel de Mila. Il entendit la potière s'ouvrir et Mila pousser des cris en découvrant le dégâts. Et puis il cessa de sourire, la suite de ce qu'il entendit commença à l'inquiéter. Mila parlait lentement, avec une vois calme, posée mais très basse :

Ecoutez Monsieur, posez ça, on va faire un constat, je suis persuadée que tout ira bien.

Espèce de connasse, tu as vu ma bagnole ?

Oui, j'ai vu, je suis désolée, je ne sais pas ce qui s'est passé. Ne braquez pas ça sur moi.

Luca sentit son sang se glacer, il décrocha son standard et attendit la suite, se demandant s'il n'avait pas une imagination trop fertile.

Qu'est-ce que j'en ai à foutre que tu sois désolée, sale pute, tu sais combien ça m'a coûté pour l'avoir ?

J'imagine bien, calmez-vous, nous allons faire un constat, j'en ai un là, dans la boite à gant, je suis très bien assurée.

Ouais, c'est sûr, ça pue le blé par ici ! Touche pas à ta caisse ou j'te bute !

Posez cette ARME ! Ça ne sert à rien.

Cette fois, Luca senti son sang ne faire qu'un tour et il appela Johnny :

Johnny, Mila Rossini est sur l'avenue principale de Cassis, elle se fait braquer par un type avec une arme, elle a laissé son téléphone en communication. On prend les motos et on y va, ILLICO. Et prévenez la police également.

Les deux hommes raccrochèrent et se précipitèrent au garage.Luca mit l'oreillette de son téléphone et rejoignit Johnny. Il installèrent l'équipement pour communiquer rapidement pendant que Luca donnait des détails et sortirent de la propriété en poussant les moteurs de leurs machines à fond.

Pendant ce temps, il entendait Mila négocier et tenter de calmer son interlocuteur avec un sang froid impressionnant. Il n'y avait pas beaucoup de distance jusqu'au carrefour où se trouvait Mila, mais la circulation les ralentit. Ils décidèrent de passer chacun par un chemin différent pour arriver de chaque côté du lieu où la scène se déroulait. Il espérait que Mila tiendrait l'homme à distance suffisamment longtemps pour que quelqu'un puisse intervenir avant qu'il ne soit trop tard. Il se sentait crispé et extrêmement anxieux. Avec un calme et une intelligence inouïe de la situation, Mila parvenait à temporiser l'automobiliste armé.


Mila se sentait glacée, son cœur battait très vite et son cerveau fonctionnait à une vitesse vertigineuse. Il fallait continuer à le faire parler, aller dans son sens, mais aussi essayer de le faire détourner cette arme de poing qu'il brandissait. Il n'était pas habitué à manier ce genre d'engin car son poing se baissait fréquemment ou se détournait imperceptiblement d'elle avant qu'il ne la remette en joue. Elle avait remarqué que son téléphone clignotait comme étant en ligne et se doutait que Luca était encore en communication. Elle avait parlé de l'arme assez fort, il allait sûrement appeler les secours, il fallait gagner du temps. Il continuait à déverser son flot de colère.

J'en ai rien à foutre que ça serve à quelque-chose, j'ai plus de bagnole, j'ai plus de fric, je vais pas trouver de boulot et je vais finir dans la rue à cause de toi et de ta caisse de riche ! C'est de ta faute !

Oui, je sais, c'est de ma faute, je vais faire réparer votre voiture, dit Mila en amorçant un mouvement pour contourner sa voiture, espérant pouvoir se placer derrière.

Bouge pas, salope ! J't'ai dit de pas bouger ! J'en veux pas de ton constat ! J'vais te buter, j'ai plus rien à perdre.

Je comprends votre situation, mais aller en prison ne vous aidera pas, voulez-vous que nous appelions un garage, je prendrais en charge les frais de réparation. Regardez, les dégâts ne sont pas si importants...

Ta gueule !

Mila commençait à sentir la nervosité de l'homme en face d'elle monter insidieusement. La circulation s'était fluidifiée et personne ne semblait voir qu'elle se faisait menacer par un fou à lier. Derrière eux, au carrefour, les voitures prenaient en majorité les autres routes et presque personne ne passait près d'eux. Les véhicules devaient dissimuler l'action et elle ne savait pas comment en sortir. Son regard fixait le bras de l'homme qui ne semblait pas être si à l'aise que ça avec son arme.

Soudain, un vrombissement strident se fit entendre et une masse imposante arrivait près d'eux à vive allure. L'homme, surpris, détourna la tête quelques instants. Mila ne réfléchit pas et bondit sur le bras armé qui s'était écarté d'elle dans le mouvement de tête, elle allait le soulever vers le haut pour le désarmé quand elle fut violemment projetée contre sa voiture. Sa tête heurta le montant de la portière et elle hurla. Elle glissa le long de la carrosserie jusqu'au sol et se sentit groggy. Elle vit une silhouette maîtriser l'individu armé, des gyrophares et des hommes en uniforme envahir les lieux. Elle lutta pour ne pas s'évanouir. Devant elle, une moto gisait au sol, elle vit l'homme qui tenait son agresseur juste avant, venir la relever, il la mit sur béquille et enleva son casque. Elle reconnu Johnny Cooper et fronça les sourcils. Dans le même temps, Elle sentit quelqu'un l'aider à se relever et la faire asseoir sur le siège de sa voiture. Elle leva les yeux, et tout à coup, tout le décor, les bruits, les gens autour d'elle disparurent. Elle se retrouva noyée dans un regard vert ou des paillettes dorées brillaient. Luca ! Elle eût envie de se jeter contre lui, de se lover au creux de ses bras, mais elle ne pouvait bouger. Il la fixait intensément et elle sentit un frisson lui parcourir la colonne vertébrale. Il parla, mais elle n'entendit rien, elle le regarda étonné.

Mila, vous m'entendez ?

Oui, oui, articula-t-elle péniblement.

Comment vous sentez-vous ? Vous avez mal ?

Je vais bien, j'ai mal à la tête et au thorax, mais ça va, je vous assure.

Ça va, ça va , disons que ça aurait pu être pire !

Oui c'est ça. Merci.

Vous me remercierez plus tard, dit Luca en fronçant les sourcils, je crains que par notre faute, vous ayez quelque-chose de fracturé. Mais quelle idée vous est passée par la tête de vous jeter sur ce malade ?

Je ne sais pas, il a détourné la tête. Je n'ai pas réfléchis.

Ça c'est certain !

Ils se regardèrent et elle tenta de se lever mais elle vascilla et Luca la retint d'un bras. Il la plaqua contre son flanc, son visage n'était qu'à quelques centimètres du sien. Mila ne sentait plus rien que ce bras enroulé autour de sa taille et le souffle doux et irrégulier de Luca. Elle sentait la chaleur de son torse l'envahir, elle sentait son cœur s'affoler, elle eût un flash, se revoyant des années en arrière... se pouvait-il qu'elle soit....

Mademoiselle, je suis désolé, j'espère que je ne vous ai pas blessée trop grave, dit Johnny qui arrivait près d'eux, en en perdant son français.

Johnny les avait regardé quelques instants avant de s'approcher, et il avait hésité. Ces deux-là se regardaient de manière intense, et cela n'avait pas grand chose à voir avec les évènements qui venaient de se dérouler. Son patron semblait avoir perdu le sens des priorités, il fallait qu'elle aille faire un bilan à l'hôpital rapidement.

Comment ça ? répondit Mila, c'est vous ?

Luca se détacha d'elle et l'adossa à la voiture.

Je suis désolé de vous avoir ainsi poussée, Mademoiselle, mais vous étiez devant le type et je ne m'attendais pas à ce que vous vous placiez entre lui et moi, alors je vous ai écartée comme je pouvais, répondit Johnny.

Ah bon ?

Oui, Mila, ajouta Luca, c'est Johnny qui vous a poussé, j'en suis mortifié, mais il n'avait pas d'autres solutions pour vous éloigner du danger. Vous auriez pu recevoir une balle s'il avait tiré et Johnny lui a carrément sauté dessus.

Ah ? Je comprends. Vous avez fait ce qui était le mieux j'imagine.

Totalement, Johnny est un as !

Je pensais que vous alliez juste appeler la police.

Nous l'avons fait, mais nous sommes arrivés en premier. Johnny est formé à ce genre de situation, c'était peut-être même mieux que la police.

Ok. Je vous crois.

Bien, je vais vous faire conduire à l'hôpital, Johnny va s'occuper de faire rapatrier les voitures et les motos.

Je n'ai pas besoin d'aller à l'hôpital, ça ira comme ça.

Je ne suis pas d'accord !

Mais je vous dis que ça va.

Ecoutez, juste un petit Check up....

Je préfère rentrer chez moi.

Luca soupira et appela un taxi. Il alla parler avec un policier pendant quelques instants, la surveillant du coin de l'oeil, promettant de la surveiller et laissant ses coordonnées et celles de Mila. Il assura également qu'ils viendraient témoigner sous peu. Le taxi arriva et il la fit monter avant de prendre place à ses côtés. Mila était sonnée, son crâne l'élançait et elle avait mal au niveau du plexus lorsqu'elle bougeait. Elle donna son adresse au taxi et ils firent le trajet sans mot dire.


Luca était arrivé derrière l'agresseur de Mila en faisant hurler son moteur. Johnny devait arriver par le côté pour le surprendre, mais il avait vu Mila sauter sur l'arme et il avait eu très peur, peur que l'homme ne tire, peur que Johnny ne puisse l'éviter. Il avait alors vu Johnny la pousser avec la jambe avant de plaquer le déséquilibré au sol. Il sentit comme une énorme décharge éléctrique lui transpercer le corps et bloquer sa respiration. La tête de Mila tapa contre la voiture et il l'entendit crier. Il s'était hâté de poser sa machine et de la rejoindre. Lorsqu'il vit qu'elle était consciente, il se sentit mieux. Il rencontra son regard bleu, immense, profond. Il se perdit dans cet océan, submergé par un soulagement et un sentiment de félicité intense. Il était impressionnée par le sang froid dont elle avait fait preuve. L'inquiétude refit surface, elle semblait ailleurs. Il parla plus fort et enfin elle répondit. Elle n'avait pas vraiment compris ce qui s'était passé, elle avait mal à la tête et à l'endroit ou Johnny l'avait presque frappée. Lorsqu'elle se mit debout, il la sentit sur le point de s'écrouler et il la soutint, la serrant instinctivement contre lui. Luca la senti s'appuyer sur lui et il la regarda à nouveau, le visage tout proche du sien. Il se demanda ce qu'il ressentirait s'il l'embrassait, elle était encore plus belle avec cette vulnérabilité qu'elle laissait entrevoir.... mais il fallait prendre soin d'elle et lui faire consulter un médecin. Cette petite tête de mule refusait d'aller à l'hôpital. Il décida de la raccompagner chez elle et de la surveiller un moment. Il appela un taxi et s'entretint avec la police pour la suite des démarches. Lorsqu'il revint vers elle, il vit qu'elle était pensive. Une bouffée de tendresse l'envahit. Quelle sacrée bout de femme ! Mais elle était probablement plus choquée qu'elle n'avait l'air de le penser.

Devant son appartement, elle ne parvint pas à insérer la clé dans la serrure. Sa main tremblait et elle recommençait à vaciller. Il dût la soutenir et ouvrit la porte. Il découvrit l'appartement de Mila, tout en simplicité, avec des tons doux et chaleureux, décoré avec goût et quelques touches de « girly » comme aurait dit Isaline. Impeccablement rangé, si ce n'est quelques livres et magasines sur la table basse et un mug de thé non bu sur la table. Il l'aida à se poser sur le canapé et alla dans la cuisine avec le thé qu'il réchauffa au micro-ondes. Il le lui apporta.

Mila, il faut consulter un médecin.

Je n'ai pas envie d'attendre des heures aux urgences, implora-t-elle, je vais bien.

Je vais appeler notre médecin de famille pour qu'il vienne ici vous ausculter, qu'en pensez-vous ? Lui proposa-t-il d'une voix douce

Très bien, puisque vous insistez, finit-elle par répondre, je crois que sinon, vous ne me laisserez pas tranquille.

C'est exactement ça !

Grands dieux ! S'exclama-t-elle, levant les yeux au ciel.

Luca se mit à rire, elle était exquise ! Il l'observa, assise sur son canapé, dans son joli tailleur beige souillé par le traitement infligé par Johnny, rien ne lui faisait perdre son aura sublime.

Vous avez été incroyablement courageuse. Je suis impressionnée par votre sang froid.

J'étais morte de peur.

Vous avez été parfaite.... enfin jusqu'à ce que vous vous vous jetiez sur lui !

Je voulais le désarmer ! Il n'était pas très sûr de lui, son bras n'était pas ferme. J'avais peur qu'il n'appuie sur la détente ! J'aurais voulu vous y voir !!!

M'y voir ? Mais il n'y a que vous pour trouver ça normal !

J'aurais dû le laisser m'avoir en ligne de mire encore longtemps selon vous ? Je ne suis pas sûre, il s'énervait de plus en plus !

Mila, vous nous avez fait très peur.

Et bien, ce n'était pas la peine, vous voyez, tout va bien. Mais je suis heureuse que vous soyez intervenus.

Si j'avais pu le faire plus vite....

Merci, Monsieur Valentini.

Je crois que vous pouvez m'appeler Luca, maintenant. Nous allons laisser les mondanités de côté, vous ne croyez pas ?

Elle hocha la tête sans rien dire et pu une gorgée de thé. Luca en profita pour demander à son médecin de venir et il obtint qu'il passe d'ici une heure.

Vous n'avez pas envie de prendre une douche ? Vous vous sentiriez mieux avec des vêtements propres et un maquillage rectifié, non ?

Mila sursauta.

Oh là, oui, je dois avoir l'air affreuse !

Allez-y, j'attendrais ici au cas où vous auriez un problème.

Du genre ? Demanda-t-elle sur la défensive.

Du genre un malaise ! Lui dit Luca légèrement en colère.

Non mais qu'allait-elle imaginer ? C'était bien elle, ça ! Elle sortait les griffes dès qu'elle sentait sa liberté ou sa légitimité effleurée.... et cela la rendait diablement séduisante. « Luca ! » se sermona-t-il intérieurement. Il s'installa dans le canapé à la place de Mila et lui sourit.

Allez-y, je vais attendre en passant quelques coups de fil.

Il la vit passer dans une autre pièce qu'il supposa être sa chambre et revenir dans le salon pour gagner la salle de bain avec des vêtements sous le bras.

Servez-vous un café ! Lui dit-elle en désignant la cuisine.

Volontiers, merci.

Luca repéra la cafetière, décrocha une tasse du support qui se trouvait à proximité et se servit. La cuisine de Mila possédait un grand plan de travail sur lequel trônaient quelques appareils ménagers de qualité. La table se composait d'un ilôt central et chaises de bar avec des dossiers rembourrés. Une corbeille de fruits était placée au milieu et une plante s'épanouissait près de la fenêtre. Un décor composé de tableaux très « italiens », représentant des pâtes, des tomates, des biscottis, du Cianti terminait cet ensemble aux couleurs qui convenaient, de blanc, vert et rouge.

Il retourna au salon pour boire son café et appeler Camille pour annuler ses rendez-vous jusqu'à au moins 16H. Il régla quelques détails avec elle et l'informa de l'absence de Mila au moins jusqu'au lendemain soir. Ensuite il fit le point avec Johnny et le chargea d'informer et de rassurer sa fille. Il se laissa enfin aller contre le dossier et souffla. Quel début de journée sur les chapeaux de roue. Il regardait l'appartement de Mila comme pour essayer de mieux la cerner, il notait les détails qui parlaient d'elle en tant que femme et non en tant que professionnelle. Il sentait une sorte de retenue, qu'elle lâchait par ce foulard à paillettes sur une chaise, ou cette série de boîtes roses et grises à pois qui se trouvaient dans les étagères.... ou ces chaussons en forme de chiens qui étaient près du porte manteaux... Il songea qu'il n'était probablement pas au bout de ses surprises avec elle, et cela lui plût.

Elle sortit de la salle de bain, vêtue d'un pantalon noir et d'un top à manche courte vert d'eau. Ses cheveux mouillés étaient plaqués sur sa tête, et elle avait refait un maquillage très sobre. Elle ressemblait à une adolescente timide, souriant comme si elle était prise en faute.

Je me sens mieux dit-elle, c'était juste ce qu'il me fallait. Je crois que je ne vais pas aller travailler aujourd'hui.

Bien sûr que non !

Merci.

Enfin Mila, vous avez eu deux gros chocs aujourd'hui, il semble évident que vous ne pouvez pas aller travailler. Reposez-vous. J'attends le médecin et si tout va bien, je vous laisserais tranquille jusqu'à demain.

Il se leva pour l'inviter à s'installer sur le canapé qu'il désigna d'un geste. Mila sourit et se dirigea vers l'endroit qu'il lui indiquait. Elle s'arrêta à sa hauteur et leva le visage vers lui. Luca se figea net, un courant chaud lui parcourait le corps des reins jusqu'à la racine des cheveux.

Merci d'avoir été là, lui dit-elle.

Luca allait répondre mais il la vit trembler puis chanceler, il n'eût le temps que de l'empêcher de s'écrouler sur le sol. Surpris, il la tint contre lui quelques instants, puis l'allongea sur le canapé. Il chercha son pouls et fut un peu rassuré de sentir que son cœur battait normalement. Il rappela le médecin sur le champ, en proie à une vive inquiétude.


Mila se sentait ankylosée et fourbue, elle avait toutes les peines du monde à ouvrir les yeux, elle était si fatiguée ! Pourquoi lui parlait-on ? Pourquoi ne la laissait-on pas dormir ? Elle fit un effort conséquent et ouvrit les yeux. Un homme brun à la carrure imposante et au regard doux lui sourit.

J'aime mieux ça, fit-il, vous êtres une dure à cuire, mademoiselle.

Et vous êtes ? Demanda Mila inquiète.

Docteur Alègre, Monsieur Valentini m'a fait venir d'urgence.

Oh ! Fit Mila reprenant ses esprits.

Elle regarda autour d'elle. Elle était sur son lit, dans sa chambre, les volets étaient un peu tirés et une douce pénombre régnait. Elle ne se rappelait pas comment elle était arrivée là depuis qu'elle avait pris sa douche.

Vous avez visiblement fait un malaise après votre douche. Cela peut être dû au choc émotionnel, mais vu la jolie bosse que vous avez à l'arrière du crâne et vu que vous vous êtes plainte au niveau de vos côtes, je vous envoie à l'hôpital pour quelques examens pour éliminer le pire.

Oh non !

Oh si, Mademoiselle. Ce sera fini ce soir et tout le monde sera plus tranquille. On ne sait jamais ce que cela pourrait cacher. Et Monsieur Valentini est fort inquiet.

C'est gentil de sa part, mais il ne doit pas...

Je pense que si. Il se sent fautif et c'est normal. Cessez de lutter, si vous n'avez rien, vous aurez tout le loisir de vous amuser ce week-end. En attendant, je vous place en arrêt pour le reste de la semaine.

C'est inutile, je suis en libéral.

Prenez au cas où Monsieur Valentini vous ferait une demande anticipé de retour au poste dit-il avec un clin d'oeil. Et reposez-vous !

Mila le regarda sans comprendre et le vit sortir. Elle entendit des voix, puis la porte d'entrée claquer. Bientôt celle de sa chambre s'ouvrit et elle vit apparaître Luca Valentini qui avançait vers elle avec un regard divinement chaleureux. Elle se senti fondre littéralement et eût envie de pleurer.

Mila, fit-il, l'ambulance sera bientôt là. Je vais vous accompagner jusqu'à ce qu'on sache ce que vous avez vraiment.

Oh, ne vous donnez pas cette peine, vous avez sûrement des montagnes de choses à faire. Vous allez passer des heures à attendre pour rien. Rentrez vite.

Pas question, mon garde du corps vous a projetée sur une voiture, je veux être certain qu'il n'y a pas séquelles.

Mila n'avait pas le courage de lutter, elle soupira et commença à se lever.

Oh, oh, oh ! Pas question ma jolie, vous allez attendre les ambulanciers, je n'ai pas envie de vous revoir vous évanouir.

Vous n'êtes pas joueur ! Lui lança-t-elle l'oeil espiègle.

Luca marqua un temps d'arrêt, l'air étonné, puis se mit à rire. Mila senti son cœur se gonfle, c'était un rire qu'elle aimait entendre.

La sonnette retentit.

Vous êtes incroyable ! Mais ne bougez pas d'ici !

Mila ne dit plus rien et se laissa mener à l'hôpital.

Elle passa plusieurs examens dont une radio et un scanner. Elle passa presque toute la journée à se faire promener en fauteuil ou en lit sur roulettes dans divers services. Luca lui tenait compagnie, lui apportait du café, et même de quoi manger. Il était difficile de garder ses distances, et inévitablement, ils finirent par parler de choses plus personnelles.

Y a t-il quelqu'un que je puisse prévenir, un proche ?

Non, personne, merci.

Vous n'avez pas de famille ?

J'ai une amie qui a trois enfants, elle a assez de travail et un autre qui a un travail très prenant, donc inutile de les inquiéter pour le moment. Je vous remercie. Mes parents commencent à être vieux et habitent loin, ce ne serait d'aucune utilité.

Vous êtes italienne ? C'est étrange avec votre blondeur, on ne le croirait pas.

Moi ? Pas du tout. Mais mon père, en effet a de vagues origines italiennes.

Donc vous aussi ! Cela nous fait un point commun.

Moi, non, enfin je ne crois pas, justement avec mon physique.

Comment ça ?

Je suis une enfant adoptée. Alors j'ignore mes origines exactes, mais ce ne sont pas celles de mes parents, dit-elle en riant. Mais je ne peux éliminer que celles là !

Excusez-moi, j'ai mis les pieds dans le plat je crois.

Aucun problème.

Elle hésita, pressentant un sujet sensible, mais elle mourrait d'envie de savoir. Son travail de toutes manières allait devoir se faire après cet épisode, elle saurait s'adapter.

Et vous, Luca ? De la famille près de vous ? En italie ?

Prononcer son prénom l'émue profondément, elle se sentit trembler et elle cacha ses mains pour qu'il ne vit rien.

Et bien...... Luca hésita, puis répondit, j'ai une fille.

Oh ? Quel âge ?

Vingt ans ! Vous rendez-vous compte ? C'est une femme. Ça ne me rajeunit pas.

Vous n'êtes pas vieux, lui répondit Mila en riant.

Merci du compliment, répondit Luca en posant sur elle son regard vert et or.

Mila le contempla, elle allait poursuivre ses questions, mais elle se ravisa. S'il avait dit « une fille », c'est qu'il y avait un nœud au niveau de la mère. Le regard de Luca se durcit quelques instants, puis il se radoucit et il lui dit.

Vous devez vous poser la question de sa mère j'imagine...

Mila hocha la tête en disant :

En effet, mais je ne comptais pas vous le demander.

La mère d'Isaline n'est plus avec nous... elle... elle nous a quittés il y a douze ans maintenant.

Quittés ? Demanda Mila craignant d'avoir compris, quittés comment ?

Décédée dit Luca, devenant très pâle.

Je suis désolée, répondit Mila. Je n'aurait pas dû....

Elle essaya de se redresser, mais Luca, plus prompt qu'elle, la fit rasseoir, doucement mais fermement.

Ce n'est rien, vous ne pouviez pas savoir, et c'est moi qui ait commencé. A vrai dire, je crois que je n'ai jamais dis ça à personne ouvertement, et finalement, j'y suis parvenu sans trop en souffrir, alors, merci pour cette expérience.

A Votre service ! Répondit Mila, ne sachant quelle attitude adopter.

Luca lui fit un de ces merveilleux sourire et Mila ne pu se cacher davantage l'évidence, elle était amoureuse de Luca Valentini, et cela lui compliquait sérieusement la vie, et à tout point de vue.



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