Solitaires Ch 7
rainette
CH 7
C'était le grand jour ! Ce soir, aurait lieu sa fête d'anniversaire, et Isaline était impatiente. Elle s'était levée très tôt après une nuit agitée ou c'étaient mêlés le menu, la décoration et la voix de Johnny qui, la veille au matin lui avait dit « Bonne journée Isaline »... pas Mademoiselle, juste son prénom... que de douceur... Elle était donc dans un état d'excitation assez avancé, et Luca n'osa guère la contrarier, aussi il la laissa faire et parti faire un peu de sport au rez-de-chaussée. Elle ne mangea presque rien au petit déjeuner, au grand dam d'Alberta, et se rendit dans la grande salle à manger , proche du salon, dans laquelle les meubles avaient été retirés. Une fois les portes communiquant avec le salon ouverte, on avait une très grande pièce de réception. La société événementielle n'allait pas tarder à apporter le mobilier et à l'installer. Elle attendait environ vingt-cinq invités, en comptant son père qui dînerait dans la cuisine... elle avait tenté de le faire participer au moins au dîner mais il n'avait concédé que l'arrivée du gâteau. Elle préférait presque cela, mais elle était gênée de reléguer son père dans la cuisine.
Le coiffeur arriva vers onze heures et il entreprit de faire un soin aux longs cheveux d'Isaline. Pendant la pose, il lui proposa un catalogue de coiffures de soirée parmi lesquelles elle choisit un chignon banane agrémenté de petites tresses et de mèches faussement échappées de l'ensemble. Elle se regardait dans le miroir, avait-elle changé depuis que Johnny l'avait embrasée de la sorte ? Son regard était-il plus intense, son visage plus lumineux ? Elle ne voyait rien, et pourtant elle se sentait tellement différente, tellement plus consistante depuis une semaine, c'était incroyable. Le coiffeur la tira de sa rêverie en lui demandant si elle trouvait le chignon à son goût. Elle scruta les détails dans le jeu de miroir et approuva. Elle remercia l'auteur de cette jolie coiffure, et le régla avant de revenir à l'intérieur de la maison. Elle croisa Alberta.
Mademoiselle, il faut que vous mangiez quelque chose, sinon vous n'allez pas tenir debout ce soir. Ou pire, à la première coupe, vous allez tourner de l'œil, vous aurez l'air de quoi ? Dites moi ?
Ce n'est pas la peine de faire votre œil méchant Alberta, je vais manger un petit peu, mais léger, je n'ai vraiment pas d'appétit, dit la jeune fille amusée.
Ah !!! Va bene ! s'écria la gouvernante, je vous prépare un petite salade avec une part de quiche, cela vous convient ?
C'est exactement ce qu'il me faut, merci beaucoup.
Alberta s'en alla satisfaite et Isaline décida d'aller voir comment cela se passait dans la salle de réception. Elle poussa un cri. Elle vit des amoncellements de palettes sur lesquelles étaient entassées des chaises, des tables pliées attendaient dans un coin, des malles étaient dispersées partout, des plants, des panneaux sur roulettes et des chariots bloquaient la vue sur la terrasse. Elle chercha quelqu'un à qui parler et fini par trouver un petit homme brun, aux cheveux hirsutes, qui s'agitait un peu partout dans son costume vert bouteille.
Monsieur, demanda-t-elle doucement, je suis Isaline Valentini, je suis un peu inquiète, il y a beaucoup de désordre, est-ce que...
Ah bonjour Mademoiselle, je suis ravi de vous voir ! Ne m'en parlez pas, je suis dans tous mes états ! Je suis arrivé en retard car j'avais oublié ma carte d'identité et personne n'a voulu m'ouvrir, et voilà le résultat, grand diiiiiiieu, c'est le bazar !
Mais...
N'ayez crainte, je vais tout arranger, j'ai l'habitude de travailler avec ces patachons. NOOOOOOOOOOOOOOOOON ! Cria-t-il soudain, à un homme vêtu de noir qui posait une malle près des chaises, pas là, c'est la vaisselle !!!! , derrière les panneaux, là bas, vous n'avez aucun sens de l'organisation. Enfin, reprit-il en revenant à Isaline, j'y laisserais ma chemise, mais je vous assure que tout sera prêt pour 18H00.
Bien, si vous le dites, répondit la jeune fille, hésitante.
Écoutez moi, ne venez pas avant 17H00, sinon vous allez vous inquiéter inutilement. Allez vous reposer, faites un masque et prenez un bain chaud, profitez du calme. Vous verrez, à 17H00 il ne restera que les derniers détails, c'est juré.
Il lui fit un clin d'œil et la raccompagna gentillement mais fermement jusqu'à la porte et reparti d'un pas décidé vers la salle à manger.
Et bien je me suis fait jeter dehors je crois bien ! murmura Isaline
Mademoiselle, s'impatientait Alberta, venez donc manger, il est déjà tard.
J'arrive.
La jeune fille s'attabla devant le déjeuner préparé par Alberta. Elle n'avait pas son pareil pour faire des festins avec des choses très banales. Isaline dû reconnaître qu'elle avait eu raison de la forcer à manger car il s'avérait qu'elle avait faim. Elle naviguait sur internet, un peu au hasard, elle discutait sur Facebook et donnait des indices pour que ses amis essaient de deviner le thème de la soirée. Elle finit son repas et chercha son père. Ne le trouvant pas elle alla jusqu'à son bureau et frappa. En l'absence de réponse, elle entrouvrit la porte et ne vit personne. Elle se résolut à l'appeler.
Papa ?
Oui Princesse ?
Mais où es-tu ?
Je suis allé régler un détail en ville.
Un samedi ?
Ai-je dit que c'était pour le travail ?
Pour quoi alors ?
Et bien, tu verras peut-être plus tard. Tout se passe bien ?
Heu.. plus ou moins, tu fais quoi au juste ?
Je ne peux rien te dire ma puce, je suis confus.
Non ! Tu n'as pas le droit !
Je suis encore ton père, je fais ce qui me plaît.
Mmmmm tu m'énerves.
Elle entendit son père rire, et ils raccrochèrent. Elle regarda sa montre et se dit que le conseil du petit bonhomme en vert dans la salle de réception n'était peut-être pas mauvais. Elle se rendit dans sa salle de bain et chercha de quoi faire un masque pour illuminer sa peau. Elle se regarda dans la glace et s'appliqua une pâte à base d'argile violette qui lui donna l'air beaucoup moins élégante. Elle rit et alla chercher ses chaussures pour la soirée. Elle sorti une boite en carton blanc et ôta le couvercle. Elle pris un magnifique escarpin blanc satiné, orné de paillettes violettes et d'arabesques dorées. Elle avait dessiné le motif et cherché longtemps comment le reproduire elle-même sur des chaussures existantes. Un jour elle ferait faire ses propres chaussures... mais pour le moment elle devait faire preuve d'imagination. Elle vérifia que tout tenait parfaitement bien en place et les disposa devant son lit. Elle alla ensuite ouvrir la housse qui renfermait la robe qu'elle avait choisie pour la soirée. Elle ouvrit la fermeture éclair et sorti de son écrin une sublime robe violette style empire, avec une partie en voile de même couleur qui laissait percevoir la taille.. Elle était décorée de bande de dentelle dorée et de petits strass blancs. Une unique bretelle strassée assortie retenait la robe. Un voile irisé était fixé derrière les épaules et pouvait se retirer et se placer comme un sari, ou sur les cheveux. Elle sourit en se rappelant le regard effaré de Luca lorsqu'elle l'avait essayée. Mais elle était si belle cette robe ! Elle la disposa aussi sur le lit et soupira avant d'aller rincer le masque qui commencer à lui tirailler la peau. Elle passa ensuite sous la douche en prenant bien soin de ne pas mouiller sa coiffure. Elle sorti au bout d'un quart d'heure et s'enveloppa dans son peignoir. Elle s'assit dans le fauteuil près de son lit. Elle contempla la tenue qui l'attendait et regarda l'heure, il était 15H30, et elle était impatiente. Son esprit vagabonda et elle se retrouva rapidement avec l'image de Johnny qui lui souriait devant la voiture, à la sortie des cours. Il serait présent ce soir, présent sans vraiment être là, il allait veiller sur elle, mais il ne pourrait lui tenir la main, ni l'embrasser, ni rien du tout. Elle fit la moue. A présent, elle trouvait ça bien peu. Johnny était tellement beau, quand elle le voyait maintenant, elle ne pouvait plus calmer les battements de son cœur. Elle avait pourtant grandit auprès de lui, il l'avait accompagnée, au collège, au lycée, il lui avait fait faire des tours de moto et l'avait même consolée de son premier chagrin d'amour, à 16ans. Le Cow-boy, avec ses jeans et son air impassible, toujours à scruter les environs ou en costume sombre à leurs côtés, lorsqu'elle est avec son père, dans la foule ou les lieux publics chargé de monde, n'était plus le même à ses yeux. Elle le voulait rien que pour elle, elle le voulait avec cette tendresse qu'elle ressentait depuis quelques jours, elle le voulait avec même plus que ça. Elle s'imagina lui enlevant son t-shirt moulant qu'il portait souvent, elle eût des frissons à rêver que ses mains s'approchent de son corps musclé.
-Isaline ! Tu es là ? tu dors ?
Elle sursauta brusquement et rougit immédiatement au son de la voix de son père.
Euh, non, non, j'étais pensive.
Je peux entrer.
Oui, bien sûr.
Son père passa la tête dans l'entrebâillement de la porte et regarda sa fille avec un air surpris et attendrit.
Tu viens prendre un café avec moi ?
Oh oui, volontiers.
Elle serra la ceinture de son peignoir et suivi son père dans l'immense cuisine. Ils prirent place et Luca servi le café. Alberta avait confectionné des biscottis qu'ils trempèrent exactement de la même manière dans leur mug de café. Elle tenta de savoir ce que son père avait fait à Marseille, si cela concernait son cadeau d'anniversaire, mais Luca resta muet sur le sujet, lui rappelant que la véritable date de son anniversaire était la semaine suivante. Il s'informa ensuite de l'installation du décor et de la préparation du repas.
Et bien je me suis fait gentillement expédiée ce midi, le type qui gère ça m'a conseillé de ne pas revenir trop tôt. Il y avait un vrai chantier, j'ai un peu paniqué.
Ah bon ? dit Luca en fronçant les sourcils, je vais aller jeter un œil aussi alors, j'espère qu'ils ne font pas de dégâts avec tout leur matériel.
Ils ont installé leur camion-cuisine en bas et passeront par le hall apparemment. Ils auront les jambes musclées, plaisanta-t-elle.
J'imagine, mais ils n'ont pas voulu la cuisine, c'est leur problème.
Tu ne vas pas passer la soirée là tout de même ?
J'irais dans la bibliothèque avec mon ordinateur portable, et je me morfondre rais tranquillement.
Je n'aime pas quand tu me dis ça.
Lili, je serais bien mieux comme ça qu'au milieu de tes invités, je suis un vieux solitaire, tu le sais bien.
Moui… mais tu viens pour les bougies !
Oui, c'est promis. A quelle heure déjà le traiteur prévoit ça ?
Aux alentours de 23h. Ils viendront te prévenir, ne vas pas trop loin.
Très bien, je te ferais honneur ma chérie, lui sourit son père.
Ils prirent leur temps pour leur pause café et ensuite Isaline décida d'aller se maquiller. Elle choisi avec soin un fond de teint qui lui conférait un teint lumineux, une poudre pour ne pas briller. Elle souligna ses sourcils et très légèrement ses pommettes. Elle mania les fards à paupière avec soin pour fondre le dégradé de prune et d'or, rehaussé d'un khôl de circonstance. Enfin, elle appliqua un mascara qu'elle recouvrit d'un top coat pailleté. Elle se regarda, satisfaite : ni trop , ni trop peu, c'était très bien, un smocky revisité pour la soirée. Elle enfila un t-shirt large pour ne pas abîmer sa coiffure et son maquillage, un vieux jean et se décida, un brin inquiète, à aller voir dans la salle de réception.
Elle poussa un cri d'admiration en ouvrant la porte. Des panneaux avaient été placés autour de la pièce, créant un sublime décor aux couleurs choisies. Des fenêtres et des tentures en trompe-l'œil donnaient l'impression d'être dans un palais digne du Taj-Mahal. La table en arc de cercle scintillait de vaisselle blanche et dorée , y compris les couverts, sur une nappe blanche, les verres à thé violets, roses et or rappelaient le décor, et de petits bouquets de fleurs roses, blanches et prunes terminaient cet arrangement magnifique. Les chaises étaient parées de voiles blancs, sauf celle d'Isaline qui était rose, et les serviettes blanches était pliée en forme de fleur sur lesquelles étaient disposées de petites boites à crayons assorties au décor qu'Isaline offrait en souvenir à ses amis, clin d 'œil à sa formation et sa passion.
Le buffet d'apéritif était déjà dressé et reprenait le décor de la table. Les verres était posés à l'envers et de jolis plateaux attendaient de recevoir les gourmandises prévues. Quelques tables ornées de nappes blanches étaient réparties autour de la pièce et allaient proposer des fruits, des gâteaux et autres douceurs à déguster tout au long de la soirée. Enfin, près de la baie vitrée, un homme branchait des câbles, des ordinateurs et des enceintes . L'animateur de la soirée, à peine la trentaine, en chemise violette et pantalon blanc était déjà bien concentré , il ne remarqua pas la jeune fille. Isaline était ravie, c'était tout à fait ce qu'elle souhaitait.
L'organisatrice de la société événementielle entra et Isaline lui sourit.
C'est splendide !
Merci Mademoiselle.
J'adore, c'est comme ça que je l'imaginais.
Vous m'en voyez ravie. Je fais un dernier tour et je vous laisse aux bons soins du traiteur et de Monsieur Simon, que vous avez vu ce matin.
Très bien, à bientôt.
Passez une merveilleuse soirée, très bon anniversaire.
Merci, sourit Isaline, heureuse. La fête allait bientôt pouvoir commencer.
Il était presque 19H00. Isaline reçu un SMS d'Annabelle lui indiquant qu'elle allait partir et qu'elle était impatiente. Elle rejoignit alors sa chambre et enfila la robe et les chaussures qui l'attendaient sagement. Elle senti le contact de l'étoffe soyeuse l'envelopper, elle lissa le bas de la robe et se regarda dans la glace. C'était sensationnel ! Elle remonta le voile sur son bras et glissa ses pieds dans les chaussures, elle se sentit comme une princesse allant au bal. « Sauf que ton prince charmant est parmi les gardes » sourit-elle. Pour terminer, elle pris de jolies boucles d'oreilles en or et améthyste qu'elle accrocha à ses oreilles, elle acheva de se parer avec une petite chaîne sur laquelle brillait un tout petit diamant, la bague de sa mère, comme toujours depuis ses dix huit ans, et quelques bracelets indiens. Elle fit quelques pas de danse et admira le mouvement de sa tenue, elle pris une photo d'elle se reflétant dans le miroir, avec son téléphone portable, puis quitta sa chambre pour aller voir son père. Elle le trouva dans la bibliothèque, avec un album photo sur les genoux.
Papa ?
Ah c'est toi ma chérie, ça y est, tu es prête ? Tu es tout simplement somptueuse, fit-il, ému.
Ça va ? Que regardes-tu ?
Oh, dit-il, embarrassé, ce sont des photos de toi petite. Cette soirée me rappelle combien tu as grandi.
Ne vas pas te faire un plan déprime, OK ?
Elle s'approcha et prit l'album ou figuraient les photos de vacances. Elle était sur une balançoire, vêtue d'une petite robe verte, à côté d'elle, une femme brune au regard sombre et au teint mat rayonnait d'un rire qu'on devinait venir du fond du cœur.
Maman aurait aimé cette soirée, je pense.
Sûrement, Lili, sûrement. A moins qu'elle n'aie pu te décider pour un thème plus espagnol qu'indien...
Je lui aurais peut-être tenu tête ?
Ça aurait été quelque-chose, fit Luca en secouant la tête.
Il n'aimait pas ce genre de conversation, mais sa fille avait besoin par moment d'imaginer ce que Catherine aurait fait. Luca était certain qu'elle aurait été la plus parfaite des mamans pour une jeune fille qui abordait la vie adulte. Il regarda les photos et soupira. C'était si loin. Il ne parvenait plus à entendre le son de sa voix, si ce n'est à travers quelques intonations d'Isaline, il ne se souvenait plus du contact de sa peau ou de ses lèvres. Il savait seulement que c'était incroyablement bon de l'avoir contre lui. Il regarda encore sa fille qui était plus belle qu'il n'aurait pu le décrire et il lui sourit. Il devait se réjouir de l'avoir avec lui, qu'elle ait grandi et qu'elle soit devenue une belle personne au sens noble du terme. Il devait se réjouir qu'elle ait survécu, c'était la seule chose importante.
Aller, Princesse, il est l'heure, en scène ! Lui dit-il en l'embrassant.
Merci à papa, à tout à l'heure. Sois sage !
Ils se sourirent et Isaline se plaça dans la salle de réception, saluant l'animateur, prête à recevoir ses invités.
Une musique douce envahit la pièce, les lumières faisaient scintiller le décor et Isaline parcourait la pièce du regard. Elle vit Malik entrer, suivi de Johnny, son cœur s'emballa immédiatement, elle chercha un miroir pour vérifier sa tenue mais n'en trouva pas. Malik avançait vers elle, mais Johnny marqua un temps d'arrêt et l'observa avec une attitude qui en disait long sur ce qu'il éprouvait à ce moment précis. Malik se retourna pour le voir et Johnny s'approcha aussi. Les deux jeunes gens faisaient de gros efforts pour garder une attitude aussi normale que possible. Les gardes du corps, armes sous la veste de leurs costumes gris anthracite, oreillettes vissées et micro au poignet lui expliquèrent la répartition des rôles et lui souhaitèrent une belle soirée. Johnny accompagna sa déférence envers le protocole d'un clin d'œil auquel Isaline dû se retenir de répondre par un rire.
Elle était encore en train de sourire quand Annabelle entra avec pertes et fracas.
Liliiiiiiiiii, c'est majestueux, c'est grandiose, tu es un génie. J'adore, sincèrement je suis sur le cul !
Seigneur, pensa Isaline, comment peut-elle utiliser un vocabulaire aussi différent dans une même phrase !
Merci Anna, bienvenue.
Joyeux anniversaire ma chérie ! Dis moi, je viens de croiser ton bodyguard, il est canon en gris et blanc, il est de service je suppose ?
Oui, en effet. Il supervise.
Tu auras sûrement une occasion ou deux de le faire s'inquiéter ce soir, il y a des mets de choix, suggéra Annabelle d'un air entendu
Oh, je ne sais pas, c'est mon anniversaire, tu sais, je ne...
Tiens, par exemple pourquoi pas Matthieu ? Il te dévore des yeux.
« Voilà autre chose ! » se dit Lili en son fort intérieur. Et dire qu'à peine quelques semaines auparavant, elle en aurait été toute retournée, mais là, elle n'en avait pas du tout envie, et en regardant Matthieu les rejoindre, elle dû reconnaître qu'Anna avait raison, il la regardait de manière insistante. Elle le salua et il fit le pitre comme toujours. Elle l'aimait bien, et elle espérait fortement que ça s'arrêterait là. Matthieu lui expliqua, faussement contrit, comment il avait enchaîné les gardes pour se libérer ce soir. Marc et Gaétan, les ingénieurs du groupe les rejoignirent bientôt, avec leurs petites amies qu'Isaline connaissait peu, mais avec qui elle avait beaucoup aimé la dernière soirée qu'ils avaient passé ensemble. Les garçons réclamèrent bientôt de débuter l'apéritif et Isaline les guida vers le buffet. Elle fit un signe et le serveur commença à distribuer les verres. Les amis arrivèrent ainsi les uns après les autres et elle les salua tous chaleureusement. Quand enfin elle estima que tout le monde était arrivé, elle pris elle même un verre et demanda le silence par l'intermédiaire de l'animateur qui lança un petit jingle au sonorités orientales.
Chers amis, commença-t-elle, je ne sais comment décrire la joie que j'éprouve ce soir à vous avoir tous autour de moi. J'ai préparé cette fête avec ferveur et vous m'avez fait l'immense plaisir de tous venir. J'espère que vous ne serez pas déçus.
Un léger brouhaha monta de la troupe, lui indiquant que ce n'était pas le cas. Elle poursuivi :
Je voulais vous dire que je vous aime tous, chacun de vous m'est précieux et m'apporte quelque-chose qui me touche. Vous me savez, je suis pour dire le plus possible les choses qu'on a dans le cœur, car il se pourrait que demain il soit trop tard. Je vais avoir vingt ans dans quelques jours ! Et je n'aurais voulu pour rien au monde, fêter ça sans vous !
Ses amis commencèrent à applaudir et à siffler mais elle reprit la parole.
Je ne vous vois pas tous aussi souvent que je le souhaite commença-t-elle, mais elle s'interrompit quelques secondes qui lui parurent très longues, car Johnny était entré dans la pièce. Annabelle la vit interdite et se retourna pour comprendre, puis fit signe à son amie de poursuivre. Sans le lâcher des yeux, elle termina enfin
Cela ne veut pas dire que je ne pense pas à vous ou que je ne vous aime pas, c'est juste que la vie est parfois capricieuse. Elle fixait Johnny par dessus les invités, et il la regardait aussi. Mais il suffit de pas grand chose pour la modifier. Alors ce soir, ce soir, osons, soyons fous, dit-elle avec émotion, amusons-nous et profitons du fait d'être tous réunis. Bonne soirée, je vous adore !
Johnny sorti en parlant dans son micro, et ses amis firent un vacarme d'enfer en scandant son prénom. Elle fut serrée en embrassée de toute part, et elle en était toute émue. Elle passait de petit groupe en petit groupe pour passer un peu de temps avec chacun, et elle était heureuse.
Ses amis lui avaient préparé des jeux et une séance photo projetée sur un mur par l'animateur. Tout n'était pas flatteur mais ils rirent beaucoup car chacun y allait de sa petite anecdote. Chaque invité avait donné une photo lui rappelant un moment avec elle. C'était si bon de se rappeler de tout ça, qu'elle ne vit pas le temps passer. Quand l'animateur vint la voir pour demander s'il fallait lancer le repas, elle fut surprise qu'il soit déjà si tard.
Le repas fut donc servit sans plus attendre. L'ambiance était excellente et Isaline savourait ce moment avec délice. Annabelle était assise à sa droite et parlait avec Théodore, son ami d'enfance assis en face d'elle, qui vivait à Toulon. Ils se voyaient peu depuis qu'elle était entrée au lycée, mais ils avaient joué ensemble enfant, leur parents s'entendaient très bien. Et puis ils avaient déménagé. Elle était d'autant plus ravie de l'avoir auprès d'elle ce soir qu'ils ne s'étaient vus depuis plusieurs mois. Elle savait qu'elle le verrait le lendemain puisqu'il dormait dans une des chambres d'amis. En attendant, Annabelle était toute à lui et cela amusa beaucoup Isaline, qui, connaissant les personnages, se demandait ce qui allait pouvoir advenir des trésors de séductions que son amie déployait.A sa gauche, Matthieu était au petit soin pour elle. Elle essayait de le garder un peu à distance, mais elle ne voulait pas non plus paraître distante et elle était un peu mal à l'aise. Annabelle, à qui rien n'échappe jamais dans ce genre de situation lui glissa à l'oreille :
C'est le moment de flirter pour faire bouger ton cow-boy, Matt te mange dans la main !
Non, Anna, ce n'est pas gentil pour lui, et je n'ai pas envie, je ne veux pas d'histoire
Tu es trop intègre, soupira son amie. Bon, et Théodore, il a quelqu'un dans sa vie ?
Pas que je sache, mais tu sais, je ne suis pas très au courant de sa vie sentimentale.
Je vois.... je peux toujours tenter ma chance !
Anna, fais attention, il n'est pas du genre à se faire appâter par tes jolis sourires.
On verra !
Isaline secoua la tête, impuissante. Après tout, qu'elle fasse comme elle voulait, ils étaient assez grands pour se débrouiller. Elle repris part à la conversation avec Matthieu et Claire, qui était dans sa promotion. Elle avait peine à finir son poulet, tellement elle avait mangé.
ma parole, ma robe va exploser ! » dit-elle à Claire
Moi aussi j'ai cette impression, mais c'était tellement parfumé, un délice !
Ma Lili, rien de tel ne t'arrivera jamais, tu es bien trop jolie, glissa Matthieu à l'oreille de sa voisine.
Tu pourrais avoir des surprises, lui répondit-elle.
Elle croisa le regard de Matthieu et se rendit compte qu'il avait un air grave, ce qui contrastait avec le personnage. Elle ne savait pas comment réagir. Elle allait parler quand elle sursauta
Mademoiselle ? Lui murmura Johnny
Oui ? Répondit-elle, totalement affolée
Un appel pour vous semble-t-il.
Ah bon ? fit Isaline, surprise. Mais qui ?
Johnny posa la question dans son micro, et se pencha à nouveau vers elle.
M Valentini Francesco, votre oncle.
Quoi ? Il n'en est pas question, je suis occupée, il appelle tous les cinq ans, il n'a qu'à attendre demain.
Bien Mademoiselle.
Contrariée, Isaline pesta, ce qui fit se retourner Théodore. Elle murmura « Francesco, téléphone » et Théodore lui fit un geste d'apaisement de la main et lui proposa une danse. Elle accepta. Elle fit un signe à l'animateur qui lança une musique, en invitant les gens à venir digérer et brûler quelques calories avant le dessert. La proposition fut accueillie avec joie et de nombreux invités les accompagnèrent sur la piste. Théodore la pris dans ses bras pour danser en couple.
Cela fait longtemps qu'il ne t'avait appelée ?
Je ne sais même pas quand c'était, il est gonflé ! Ça me stresse.
Ça stresse surtout ton père. Tu as raison, laisse le rappeler plus tard.
Oui, ça stresse papa. Mais quel besoin d'appeler aujourd'hui ?
Il ne sait pas qu'aujourd'hui est un jour important.
One Point, lui répondit-elle. Bon et toi, quoi de neuf, ça fait une éternité qu'on ne s'est pas parlé.
Pas grand chose ma grande, je bosse beaucoup, le droit c'est vraiment prenant.
On ne devrait pas rester sans nouvelle aussi longtemps. Tu n'as même pas Facebook !
Ah pour Facebook, je n'y peux rien, c'est non, mais pour les nouvelles je ferais un effort.
A moins que tu ne viennes plus souvent ici pour voir Annabelle.
Je préférerais te voir toi.
Je crois que tu lui plais, tu sais.
Je crois que ce n'est pas réciproque.
Elle va être déçue.
Je ne pense pas.
Two points ! Répondit Isaline en riant !
Elle dansa avec quelques autres invités, puis alla se rafraîchir aux toilettes. Les gens avaient l'air de s'amuser, quand elle revint dans la salle de réception ; tout le monde s'amusait, les chaises étaient toutes vides. Elle sourit en les regardant faire les fous. Claire faisait des sauts de cabri, Marc se déhanchait, Annabelle se mouvait avec grâce, quelques-uns avaient entrepris une sorte de chenille. La soirée semblait bien partie, et elle en éprouvait une grande joie.
Elle quitta le décor somptueux et sortit sur la terrasse. Il faisait très doux pour la saison, et elle avança, écoutant distraitement les musiques qui passaient, les cris et les rires. L'appel de son oncle l'avait perturbée. Il ne venait guère les voir, tout au plus tous les trois ou quatre ans, et encore. Il passait voir son père, ils déjeunaient ou dînaient ensemble, il lui parlait quelques instants et disparaissait plusieurs années. Alors pourquoi appelait-il ce soir. Et pourquoi ELLE, et pas son père, qui était probablement disponible. Isaline soupira. Elle descendit quelques marches pour voir la mer, mais il faisait déjà trop noir. Évoquer sa famille qu'elle ne voyait presque jamais l'amena à penser à sa mère. Elle lui manquait particulièrement ce soir. Isaline essaya de se souvenir, mais c'était trop loin maintenant. Elle soupira.
Isaline, ça va ?
Elle s'immobilisa, le cœur battant. Elle senti des fourmillements s'étendre de sa nuque jusque dans les moindres recoins de son corps. Elle se tourna et le vit, là, juste devant elle, seul, magnifique dans son costume, la surplombant d'une marche. Elle se sentait toute petite.
Je... s'entendit-elle dire d'une voix trop aiguë à son goût, je vais bien, j'avais juste besoin de réfléchir quelques instants.
Johnny descendit la dernière marche et retira sa veste pour la déposer sur ses épaules.
Vous allez prendre froid.
Il fait doux, mais merci.
Elle serra la veste qui dégageait le parfum de Johnny et se senti fondre de bonheur.
Que faites-vous ici ? Vous êtes loin des autres
Je pensais à mon oncle, à ma mère.... un petit moment de blues... ce n'est rien.
Johnny la regarda avec tendrement, elle baissa les yeux. Il s'avança encore et la pris dans ses bras. Isaline n'entendait que les battements de son cœur. Elle se laissa aller contre le torse de Johnny, ou elle se sentait si bien. Il la serra plus fort.
Ça va aller, c'est un tout petit coup de blues, la soirée n'est pas finie, il y a encore plein de choses à faire ce soir.
Elle se serra encore contre lui, elle ne voulait plus aller nulle part, elle voulait juste rester là . Elle n'avait attendu que cela depuis des jours.
Isaline, vous ne pouvez pas rester là, dit-il mollement
Elle leva les yeux pour croiser les siens. Alors elle fut certaine. Johnny la regarda fixement et puis il murmura quelques mots qu'elle ne comprit avant de se pencher vers elle. Elle accueillit son baiser avec ferveur. Leurs lèvres se trouvèrent sans peine, leur baiser fut plus intense que la fois précédente. Ils avaient tellement attendu. Johnny lui caressa les cheveux, les épaules, le cou, il lui saisit le visage. Elle cru défaillir, elle commença à laisser ses mains parcourir le dos de Johnny, et continua à descendre, elle caressait sa taille, descendit sur le haut des cuisses, surprise par sa propre hardiesse. Johnny ne cessa de l'embrasser qu'une seconde pour chercher son regard. Éperdue, elle lui livra ses sentiments par un regard embué mais décidé. Il lui enserra la taille et l'embrassa à nouveau, sans plus se retenir. Isaline répondait à ses baisers , elle se sentait comblée, elle passa ses doigts dans ses cheveux aux reflets dorés comme elle en avait rêvé de nombreuse fois. Elle sentait un désir violent monter de son fort intérieur et elle se plaqua contre l'homme qui la tenait. Johnny continuait à la caresser et il posa ses mains sur son sein. Isaline gémit légèrement, elle était totalement transportée. Soudain Johnny recula. Hébétée, elle le regarda sans comprendre. Il leva la main pour la stopper et sembla attendre.
Tout le début de soirée, il n'avait pu s'empêcher de l'observer. Lorsque Malik l'avait traîné pour repréciser les choses à Isaline et qu'il l'avait découverte dans sa robe de soirée, Johnny avait été abasourdi, elle était resplendissante, il n'avait d'autre envie que de la soustraire à tous ces gens et la garder contre lui. Il avait perçu son message lors de son discours, il n'avait même pas besoin de la regarder pour savoir qu'elle lui parlait dans un message à double sens. Oser.... elle osait en effet, de plus en plus. Il était sur des charbons ardents tant il la désirait. Il avait vu ce Matthieu la dévorer des yeux, et il n'avait pas aimé le voir prendre place près d'elle au repas. Quel soulagement ce fut quand il pu les distancer en venant parler à Isaline. Elle ne l'avait pas entendu arriver, mais il avait perçu son trouble. Johnny savait qu'il ne tiendrait pas longtemps à faire semblant de rien, tellement elle l'embrasait. Et après la dernière ronde, elle n'était plus là. Il avait dit à Malik qu'il allait la chercher. Elle était en contrebas de la terrasse, seule, les yeux dans le vague . Il fit un effort pour se retenir et lui demanda si tout allait bien. Mais elle était triste, elle était belle, son regard l'appelait. Il lui avait donné sa veste pour ne pas qu'elle prenne froid. Il ne pu se retenir de la consoler, et à peine l'avait-il dans ses bras qu'il comprit qu'il était perdu. Jamais il ne renoncerait à elle. Il avait essayé de lui dire de ne pas rester là, mais un dernier regard au raison de lui. Marmonnant « what the hell »1, il fit ce qui le tenaillait depuis le samedi précédent, il l'embrassa et la caressa avec toute la tendresse qu'il avait retenu. Elle était délicieuse et répondait à ses baisers avec ardeurs, il sentait ses mains explorer son dos, et descendre sur ses cuisses. Elle lui faisait un effet démentiel. Johnny s'écarta un court instant pour être certain qu'ils étaient sur la même longueur d'onde, et ce qu'il vit le plongea dans une spirale de désir. Leur baiser devint passionnel et il osa la caresser davantage, sa taille, sa poitrine. Elle avait enfouit ses mains dans ses cheveux et Johnny n'avait qu'une envie, l'emporter jusqu'à son appartement. Tout à coup, son oreillette gresilla et il entendit la voix de Malik le sermonner, il s'écarta brusquement de la jeune fille.
Johnny, t'es avec Mademoiselle Isaline ? C'est bon ? Qu'est-ce que tu fabriques ?
Johnny leva la main et fit comprendre à Isaline de ne pas bouger.
Oui c'est bon Malik, elle est là, tout va bien.
Ben rapplique ici, ils ont tout éteint et ils apportent de drôles de paquets, on n'y voit rien du tout, je ne sais pas de quoi il s'agit.
OK, on arrive, mec, calme toi, ce n'est rien.
Il replaça les mèches décoiffées pendant leur étreinte et caressa la joue d'Isaline, puis ajouta.
Il faut y retourner, ils vous attendent, là bas, je crois que c'est pour vous...
Il la raccompagna jusqu'à la baie vitrée, veillant à rester derrière elle. Il annonça leur retour à Malik qui donna le feu vert. Il posa les mains sur ses épaules pour lui retirer sa veste, et la poussa légèrement vers l'intérieur. Elle avança à regret et pénétra dans la salle sombre. Johnny resta à l'extérieur, à l'écart pour la regarder. Il chercha rapidement Malik des yeux. Malik le regardait avec un air foncièrement réprobateur qui ne laissa guère de doutes à Johnny. Il lui fit signe de se concentrer et resta encore sur la terrasse.
Isaline, encore frissonnante, entra dans la salle silencieuse. Soudain elle entendit un bruit sourd qui montait. Ses amis scandaient son nom doucement :
-Isaline, Isaline, Isaline, Isaline.
Un cierge magique chacun dans une main, ils criaient de plus en plus fort.
Elle commença à sourire quand brusquement, la lumière fut rallumée, ses invités crièrent « joyeux anniversaire » et elle aperçu une énorme chaussure montée en cartons et boites diverses. Un air de flamenco enflamma les invités qui tapaient des mains et des pieds. Elle rit de ce clin d'œil au côté espagnol de ses origines, et vit le carton qui formait le talon de la chaussure s'ouvrir. Une danseuse de flamenco improbable en sorti en faisant des figures plus ridicules les unes que les autres. C'était Matthieu ! Elle éclata de rire, ils étaient formidables.
L'artiste fut applaudit et Isaline alla l'embrasser et le remercier. Matthieu prit ses mains et lui glissa « ce fut un plaisir » et la conduisit devant la chaussure de carton.
Lili, je sais que ce n'est pas la création de ta vie, mais cette chaussure est remplie de tout plein d'attentions à ton égard ! A toi de jouer.
Elle s'approcha et remarqua de nombreux petits paquets accrochés sur l'œuvre crée par ses amis. Elle ouvrit les paquets un à un. Le magnifique bracelet de Théodore, le livre sur les chaussures de Claire, les boucles d'oreilles de Marc et son amie, le week-end à Séville d'Annabelle et le dernier CD de Matthieu, celui dont ils avaient parlé lors de leur première rencontre.... ils l'avaient tous gâtée. Elle pleurait de joie et riait en même temps. L'amitié de ses invités, les baisers de Johnny, l'absence de sa mère, tout se mélangeait, entre rire et larmes et Isaline pensa qu'elle avait bien de la chance car elle était heureuse.
Matthieu vint la chercher et la fit tournoyer puis réclama la musique, invoquant sa performance au flamenco pour être le premier à faire danser la reine de la soirée.
Isaline, commença-t-il
Oh Matt, s'il te plaît, il est l'heure de s'amuser, on parlera une autre fois.
Non, ma belle, je veux être sûr.
Elle le regarda et le trouva bien trop sérieux.
Je t'écoute, dit-elle craignant une déclaration dont elle ne saurait que faire.
Je t'ai toujours trouvée merveilleuse, tu sais. J'aurais voulu t'offrir une histoire d'amour, tu es une si belle femme, aussi bien dans ton âme que dans cette robe magnifique. Mais je ne sais pas faire ça, je suis un papillon qui ne reste pas en place. Isaline, je serais probablement toujours un peu amoureux de toi, mais ne crois pas que je cherche à te séduire. Je te l'ai dit, pas toi, je te blesserais et je m'y refuse.
Incrédule, elle le dévisagea quelques instants.
Merci de ta franchise, en effet j'ai cru ce soir que tu espérais autre chose.
Je serais toujours là pour toi, je viendrais à chaque fois que tu auras besoin d'un ami. Je n'irais pas au-delà.
Merci, lui dit-elle avec un merveilleux sourire, soulagée.
Par contre fait attention.
A quoi ?
Tu es totalement accro au type en costume gris qui te surveille de dehors, et ça va finir par se voir.
Quoi ? S'exclama-t-elle, horrifiée.
Hey, baby, je suis un pro, je vois ce genre de chose.
Surtout ne dis rien, souffla-t-elle, rouge de confusion.
Ne t'en fais pas pour ça. Ceci dit, je crains que tu ne te vendes toute seule.
Isaline était déstabilisée, des sentiments divers l'assaillaient, la peur, l'amour, le bonheur, le soulagement. Elle pensa à aller s'isoler un instant aux toilettes, mais la musique cessa, la lumière s'éteignit à nouveau et le silence se fit. Elle vit son père entrer, vêtu d'un costume bois de rose, d'une chemise grise et d'une boutonnière blanche. Il était d'une classe terrible, et il lui souriait, les yeux emplis de tendresse, ce qui émut profondément sa fille. Elle vit arriver l'élégant gâteau, orné de vingt bougies qui illuminaient à présent la pièce. Les invités entonnèrent un « joyeux anniversaire » et son père vint à ses côtés et les jeunes gens formèrent un arc de cercle en face d'eux. Son bonheur fut à son comble quand elle vit Johnny s'approcher pour se placer près d'eux. Elle lui fit le signe de la main comme les autres fois et il répondit. Alors, elle prit une grosse inspiration et souffla autant qu'elle put. Malgré tout l'air de ses poumons, elle ne vint à bout de toutes les flammes et réclama l'aide de ses amis et de son père, elle en profita pour faire venir Malik et Johnny, restés à l'écart. Luca approuva d'un signe de tête et ils firent un nouveau décompte et soufflèrent ensemble les dernières bougies. Des cris et des applaudissements fusèrent, la musique repris et tous se félicitèrent. Isaline rayonnait de joie.
Son père s'approcha d'elle alors qu'elle parlait avec Annabelle.
Ma Princesse dit-il, je dois te dire quelque-chose.
Oh là, on là, Monsieur Valentini, pas comme ça, voyons, c'est la fête ! Ne bougez pas.
Annabelle se dirigea vers l'animateur et lui emprunta sans hésiter le micro et lui demanda de mettre la sonorisation en route. Elle tendit le micro à Luca et lui fit un clin d'œil Il la fixa quelques instants, mais Annabelle n'avait pas froid aux yeux et lui fit des gestes d'encouragement en désignant Isaline, puis elle prit un air implorant. Luca fini par se dérider et porta le micro à son visage. Comme pour une présentation aux clients, il parla de sa belle voix grave et posée, en couvant sa fille du regard.
Isaline, ma chérie, voilà que tu fêtes tes vingts ans, déjà, entourée de tes amis les plus chers... et de ton vieux père. Il reste encore quelques jours avant ton véritable anniversaire, mais pour que cette soirée soit aussi mémorable que tu le souhaitais, j'ai décidé de t'offrir ton cadeau dès ce soir.
Luca fut applaudit et Isaline lui sourit en se demandant ce qu'il lui avait choisi comme cadeau.
Elle est à toi, dit-il en lui tendant un petit sachet de tissus à pois rose et blanc.
Elle ouvrit le sachet et écarquilla les yeux de surprise, le silence se fit total dans l'assemblée. Isaline sorti du sachet une clé. Une clé de voiture sur laquelle apparaissait le sigle BMW.
Ses amis sifflèrent et lui firent des compliments.
Où ? Demanda Isaline, bouleversée.
Devant le perron.
Isaline se précipita dans le hall, suivi de sa petit troupe de curieux. Annabelle passa devant Luca en levant le pouce. « génial » et il ne pu se retenir de lui sourire en hachant la tête. C'était une amie précieuse pour sa fille.
Isaline ouvrit la porte d'entrée et découvrit une sublime BMW série2 coupé, bleu nuit métallisé. Elle poussa un cri et appuya sur la télécommande. Elle se mit au volant, et retourna vers son père qui la rejoignait.
Mais papa, tu n'a jamais voulu....
Et bien disons que je dois admettre que tu sois à présent une adulte.
Elle est superbe !
Par contre Isaline, pas n'importe quand. Pour aller au lycée, c'est avec un chauffeur, de toute façon se garer là bas est un enfer. Je pense plutôt aux week-ends, aux visites à tes amis. Et ça ne veut pas dire qu'un garde du corps ne te suivra pas dans un autre véhicule si besoin. C'est compris ?
Oui papa.
Elle l'embrassa et reparti admirer le véhicule. Liberté ! Elle avait gagné de la liberté. Elle savait combien cela avait dû coûter à son père de lui donner de quoi se soustraire à sa surveillance. Ils avaient eu tant de fois ces discussions stériles ou elle demandait à faire des choses seules et où il s'obstinait à la faire protéger en tous lieux. Cela avait commencé après l'agression dont il avait été victime, elle avait une dizaine d'année. Un individu, vraisemblablement motivé par l'argent, les avait menacés d'une arme à la sortie de leur propriété et les avaient fait retourner chez eux pour avoir accès à un coffre. Luca avait voulu se rebiffer mais il avait reçu une balle dans le bras. Il ne durent leur salut qu'à l'intervention de Xavier, l'ami de son père, venu leur rendre une visite impromptue. Depuis ce jour, Luca s'était formé à divers techniques de combat et avait monté son service de sécurité. C'est ainsi que Johnny fut embauché quelques temps plus tard.
Tout le monde remonta dans la salle de réception pour déguster la forêt noire et blanche, et boire du champagne. De toast en plaisanterie, de danse en groupe de discussion, la soirée continua de se dérouler dans une ambiance chaleureuse, Isaline se sentait comblée.
Johnny était resté pour observer la scène de la chaussure. Les amis d'Isaline avait contacté l'animateur et il était venu lui en parlé avant la soirée. Johnny ne portait pas Matthieu dans son cœur, mais il dû reconnaître qu'il avait donné de lui pour amuser la jeune fille. Elle était tellement belle, son émotion la rendait encore plus désirable. Il se crispa en la voyant se laisser enlacer encore par Matthieu pour une danse rapprochée, mais il ne vit aucun signe qui lui indiqua qu'il la draguait. Pourtant, il en était sûr, ce gamin en pinçait pour elle et il n'aimait pas ça . Lorsque le gâteau fut apporté, il se rappela de sa demande, le samedi précédent. Aussi il pris la décision de rester avec Luca pendant que Malik était dans la salle. Ainsi, il était près d'elle, indirectement. Le petit signe de la main lui avait montré qu'elle avait parfaitement saisi sa démarche. Et puis, futée, elle profita du rassemblement autour du gâteau pour l'avoir plus près d'elle afin de finir d'éteindre les bougies, en y incluant Malik. « Elle est terrible » pensa-t-il, ravi.
Petit à petit, les invités prirent congé, et Johnny ferma la porte d'entrée et verrouilla la grille. Il demanda à Stéphane de faire un dernier tour de la propriété et Malik de vérifier le rez-de-chaussée. Il s'occupa de la terrasse et des pièces du premier étage. Il ne restait qu'Isaline, Théodore et Luca.
Luca s'informa du déroulement de la soirée et Johnny lui assura que tout allait bien.
- J'attends de faire le point avec Stéphane et Malik et je termine. Je peux rentrer la voiture de Mademoiselle au garage si vous souhaitez.
S'il vous plaît, dit-elle en lui donnant la clé.
Je vous la rends personnellement, insista Johnny.
- Parfait dit Luca, Princesse, je vais de ce pas me coucher, bonne nuit les enfants.
Théodore suivi Luca et se rendit dans une des chambres d'amis. Johnny indiqua discrètement la terrasse à Isaline. Elle retourna donc dans la salle et attendit près de la baie vitrée en admirant une dernière fois le décor de la soirée. Elle repensa aux merveilleux moments qu'elle venait de passer et se sentit bien. Elle entendit Johnny arriver et elle ouvrit la baie vitrée. Il lui fit signe de sortir, aussi elle attrapa un plaid et se couvrit les épaules.
Voici votre clé, Mademoiselle.
Johnny, il faut que l'on parle, dit-elle en prenant la clé, le regard brillant.
Je sais, mais il va falloir attendre un peu. Malik m'a l'air d'avoir des soupçons et la maison est sous surveillance vidéo, les bandes sont visibles à tout moment par un garde ou votre père.
Mais je ne pourrais jamais supporter d'être sans vous !
Mardi. Mardi vous finissez plus tôt, j'ai modifié le planning pour que l'on vienne vous chercher à l'heure habituelle, ce qui nous laisserait deux heures. Voulez-vous que je le laisse ainsi ?
Oui répondit-elle timidement.
Alors, à mardi, Isaline.
A mardi
Il la guida au ras de la baie vitrée, qu'il savait être un angle difficile à observer depuis les caméras lorsqu'elles étaient fixes et il lui déposa un baiser sur le lèvres avant de s'éclipser.
Isaline resta pensive, puis avança au bord de la terrasse, au-dessus de l'appartement de Johnny. Elle le vit ouvrir son portillon. Il leva la tête, lui sourit, lui fit un clin d'œil et lui envoya un baiser, auquel elle répondit de la même manière.
Ce soir là, Isaline se coucha le sourire aux lèvres, pendant que Johnny, bien qu'inquiet, commençait à envisager plus sereinement l'avenir.
1Et puis zut
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Alors??? ça vous plaît? Ne croyez pas que le meilleur de cette histoire est passé ;)
la suite ici:
http://welovewords.com/documents/solitaires-ch8