Solitaires Ch9
rainette
CH 9
Luca laissa la BMW de sa fille devant le perron et rejoignit son bureau. Il salua Camille et l'invita à le rejoindre un peu plus tard. Il entreprit de lire ses e-mails, et appela diverses personnes. Les choses se précisaient pour son prochain projet, et pas des moindres, et il commençait à sentir la pression monter. Il passa la majeure partie de la matinée à gérer ce dossier. Passer à la fabrication de produit élaboré était un vrai challenge, mais là, il espérait avoir une prédominance sur le marché. La matinée passa très rapidement, et il ne s'arrêta qu'à l'heure du déjeuner. Il consulta sa messagerie personnelle et chercha le numéro de Charlène Duronsier. Il se cala dans son fauteuil de cuir blanc et composa le numéro depuis son fixe.
-Charlène Duronsier, bonjour.
-Bonjour Charlène, commença Luca d'une voix douce, c'est Luca Valentini.
-Monsieur Valentini....
-Charlène, je suis impardonnable, je n'aurais pas dû te laisser sans nouvelles. Y-a-t-il quelque-chose que je puisse faire pour me faire pardonner.
-Je ne sais pas, tu as une proposition à faire ?
-Une exposition d'art moderne ? Sourit-il en optant pour un ton cajôleur.
-Je ne pense pas que j'adhère, répondit la jeune femme, qui se retint visiblement de rire.
-Un déjeuner.
-Trop banal.
-Avec vue sur la mer.
-Faut voir.
La sentant vaciller, il essaya un dernier argument.
-Dîner, demain, 19H30, près du vieux Port.
-OK. Si j'ai une interview.
-C'est à dire ?, tiqua Luca.
-Un papier à publier, sur toi.
-Ça dépend Charlène, je ne suis pas très porté sur les confidences publiques.
-Un portrait. Les choses dont tu es le plus fier dans ton ascension dans les affaires, tes principes, tes devises, tes conseils à la jeune génération. Ça te va ?
-Je veux un droit de veto.
-A demain.
-A demain, je te fais envoyer une voiture ou tu te débrouilles ?
-Une voiture ? Ah ben tiens, pourquoi pas, on ne me l'a jamais offert.
-19H00 chez toi, ça te convient
-Ok, tu as de quoi noter l'adresse.
-Je l'ai.
-Sans blague ?
-Sans blague.
-Comment ?
-Sécurité oblige.
Charlène se tut un instant avant de le saluer et de raccrocher. Luca resta pensif. Il aimait beaucoup l'esprit vif et de Charlène, mais il n'avait pas la certitude qu'il avait envie d'une aventure. Il avait du mal à se positionner. Habituellement, il désirait physiquement une femme, et si c'était réciproque, il la voyait souvent, apprenait à la connaître. Là, il la trouvait certes désirable, mais il ne ressentait pas le besoin de la revoir. Pourtant, il avait vraiment aimé sa présence. Luca prévint Johnny de sa soirée et se promit de d'en parler à sa fille.
En début d'après-midi, Camille l'appela sur le standard.
-Monsieur, Cabinet Rossini, vous prenez ?
-Oui, merci, répondit Luca, étonné d'être aussi prompt et ravi de cet appel.
-Je vous la passe !
-Mademoiselle Rossini ?
-Bonjour Monsieur Valentini, lui répondit la voix mélodieuse et posée de Mila.
-Comment allez-vous ?
-Très bien, je vous remercie, j'espère que c'est votre cas également, car j'ai préparé votre contrat.
-Voilà une excellente nouvelle, je ne m'attendais pas à un retour si rapide.
-Et bien, ma dernière mission étant terminée, peux commencer rapidement si vous le souhaitez.
-Mais je le souhaite, se surprit-il à répondre.
-Je peux passer dans la semaine ?
-Bien entendu, dites moi quand cela vous arrange, je regarde mon agenda.
-Demain ?
-Si vite ? Vous êtes impatiente !
-Demain pour le contrat. Pour le début de la mission, nous verrons.
Luca consulta son planning. Il avait beaucoup de choses de prévues, sans compter le dîner avec Charlène. Il hésita, puis proposa la fin de journée. Mila prit note et il raccrochèrent.
-Camille, vous pouvez déplacer M Phillipot sur un autre jour ?
-Monsieur, cela fait des semaines qu'il tente de vous rencontrer.
-Oui, je sais bien, mais je dois voir Melle Rossini.
-Vous aviez de la place Vendredi.
-Et bien proposez Vendredi à M. Phillopot.
-Monsieur... insista sa secrétaire
-Camille, ce sera ainsi.
-Je peux faire une suggestion ?
-Allez-y.
-Je peux déjeuner avec lui et voir les premiers arrangements si vous voulez. C'est souvent très administratif. Je l'ai déjà fait pour le dossier Smith l'année dernière.
-Vous vous en sentez capable ?
-Je pense que oui.
-Et bien c'est d'accord. Vous déjeunerez quand ?
-Demain ou mercredi. Et je vous le place vendredi pour poursuivre sur le plus technique.
-Dans ce cas, vous viendrez à l'entrevue. Tenez-moi au courant.
-Très bien Monsieur.
Luca lâcha le bouton de l'interphone. Camille lui était de plus en plus précieuse. Il se félicita de l'avoir embauchée et repensa à Mila Rossini. Leur précédente entrevue lui avait laissé une étrange impression, et il espérait qu'il se sentirait plus à son aise le lendemain. Il la revit entrer dans son bureau, belle, sûre d'elle, professionnelle jusqu'au bout de ses ongles décorés. Elle s'était ouvertement moquée de lui, sans mépris. Il dû reconnaître qu'il n'était pas insensible à ce caractère bien trempé. Décidément, en ce moment, il ne faisait plus dans l'émoustillante ingénue. L'image de Mila vint se superposer étrangement à celle de Charlène, et Luca sentit son corps se crisper. Il se leva brusquement et se plaça devant la baie vitrée pour contempler l'eau qui scintillait sous le soleil timide d'avril. Il ne revint à son bureau qu'à l'arrivée de son rendez-vous suivant, avec les ingénieurs du département Recherche et Développement.
Mila raccrocha, satisfaite. Satisfaite de quoi au juste, se demanda-t-elle. Elle avait été très rapide pour établir ce contrat. La demande était assez générale, elle avait à peine modifier les termes du contrat de base. Ce Valentini ressemblait au genre d'homme qu'elle avait dû mal à apprécier, et pourtant, elle avait senti une arrogance qui ne lui avait pas forcément déplût. Il avait été courtois, et avait désamorcé le malaise avant qu'il ne vienne perturber leur dialogue. C'était très franc. Pourtant cet air un peu suffisant quand il avait évoqué sa puissance financière l'avait agacée. Elle n'avait pu s'empêcher d'ironiser, et diable, il avait pris ça avec élégance. En revanche, elle s'était senti assez mal, sous pression, et cela lui laissait un souvenir désagréable. Alors pourquoi était-elle enthousiasmée à l'idée de le revoir ? Le challenge de l'Audit ? Pas sûr, il n'y avait rien d'exceptionnel à sa demande. Le physique attrayant du chef d'entreprise ? C'était une variable intéressante mais pas suffisante. Mila s'agita sur son siège. Voilà que son discernement la désertait. C'est toujours plus compliqué pour soi.
Elle termina d'imprimer et de relier son rapport et le plaça dans sa mallette pour l'apporter le lendemain à son dernier client en date. Il lui restait quelques heures de liberté aujourd'hui et elle avait envie d'en profiter car les semaines chez Omega allaient lui prendre tous ces prochains après-midi pendant plusieurs semaines. Elle ouvrit son répertoire sur son téléphone et chercha la photo de son amie Joy pour lancer l'appel. Joy était la seule amie qu'elle eût gardé depuis la fac. Elles se connaissaient mieux que personne. Elle était venue en France pour un échange entre université, et n'était jamais repartie car elle était tombé amoureuse. Elles avaient traversé les épreuves de chacune ensemble et cela avait scellé leur amitié. Joy avait été jusqu'au bout de ses études de psychologie et aujourd'hui elle travaillait dans un centre maternel auprès de mères en perdition.
-Joy ? C'est Mila, tu es dispo pour un salon de thé avant de rentrer ?
-Oh, Mila, j'en serais ravie, mais Helen est malade, je dois l'emmener chez le médecin. Tu peux venir dîner par contre.
-Si la petite est malade, je ne vais pas m'imposer ce soir.
-Mais, mais no problem ! C'est Alan qui cuisine.
-Je te remercie, mais je vais refuser. Ce sera pour une autre fois.
-Demain, je peux par contre.
-Alors demain, comme d'habitude ?
-Ok, Bye.
-Bye.
Mila était un peu déçue. Elle sortit de son bureau et déposa ses affaires dans sa voiture. Elle se demandait si elle n'allait pas aller au cinéma quand son regard tomba sur le nouveau salon de coiffure. La vitrine promettait un moment de pure détente. Elle se décida sur un coup de tête. Elle entra dans une ambiance aux couleurs naturelles ficelle, marron, vert. Un maximum d'objets étaient bois ou en métal. Une musique douce avec des chants d'oiseaux faisait régner une sérénité rassurante. Un homme en kimono vint à sa rencontre.
-Que puis-je pour vous ?
-Un petit changement de tête et d'humeur ? Lui dit-elle en souriant.
-Nous devrions pouvoir vous satisfaire. Prenez place. Que souhaitez vous ?
-Je ne sais pas, je ne veux pas de court, je veux juste quelque chose sympa, sophistiqué, souple. J'en demande trop je suppose.
-Pas du tout, c'est exactement ce qui vous ira. Il faut raccourcir jusqu'aux épaules, ça ira ?
-Oui très bien.
-Alors c'est parti.
Elle eut le droit à un shampoing avec massage du cuir chevelu, puis un masque aux huiles et aux plantes. Pendant la pause du masque, elle sentit un massage de son dos par le roulement d'un mécanisme intégré au fauteuil. Elle se détendit peu à peu, et profita du moment. L'image de Luca, immobile devant son bureau lui revint en mémoire, et cela la fit sourire. Il croyait voir un homme, et il avait eu une femme qui assumait sa féminité et décorait ses ongles le soir, se maquillait et avait une flopée de bijoux. Elle sourit de plus belle.
Totalement relaxée, elle se retrouva devant un miroir, avec un jeune garçon qui s'affairait avec des pinces et des ciseaux autour de sa tête. Il sécha ses cheveux uniquement avec les doigts, Mila fut impressionnée. Le résultat lui plût énormément. C'était ce qu'elle voulait, et de surcroît, le massage avait l'avait complètement détendue. Elle remercia le jeune homme et félicita l'homme en kimono sur son concept de salon. Elle rentra chez elle avec un sentiment de bien être qui lui fit du bien. Elle s'installa dans son salon avec un thé et consulta ses e-mails. Elle poussa un soupir et bascula pour s'allonger sur le canapé. Elle sentit qu'elle allait s'endormir. Son téléphone vibra, la tirant de sa léthargie.
-Allo, dit-elle, sans regarder qui l'appelait
-Salut ma jolie, dit une voix masculine claire et enjouée.
-Alexandre, comment vas-tu ?
-Impec. Tu dormais ?
-Plus ou moins.
-Que dirais-tu d'un concert samedi soir, je vais enfin avoir quelques jours de congés.
-Concert de quoi ?
-Pop, des reprises.
-Ah oui ? Sympa, pourquoi pas. Où ça ?
-A Aubagne.
-Tu n'invites que moi ou tu as ta bande de Dons Juans avec toi ?
-Mila, je ne comprends pas pourquoi tu réagis comme ça. Ce sont des potes, certains sont seuls et tous te trouvent séduisante. Tu ne peux pas leur reprocher d'essayer. Aucun ne t'as manqué de respect.
-C'est vrai, mais je n'ai pas envie de passer ma soirée à repousser du mâle.
-Chérie, tu es devenue aigrie à force ! Et pourquoi tu ne te ferais pas un plan d'un soir ? Hein ? Depuis le temps, tu pourrais au moins passer ce pas.
-Pas intéressée Alex !
-Tu devrais ! Je ne te parle pas de liaison, mais de quelques moments de tendresse.
-Tendresse ? Laisse moi rire ! Un plan cul oui !
-Rooooh, non, tous les hommes ne réfléchissent pas comme ça.
-Je sais... mais tu sais bien...
-Oui, mais ça m'ennuie. Il y a forcément un type bien pour toi quelque part.
-Je ne crois pas.
-Mickaël par exemple, il ne tarit pas d'éloges sur toi.
-Alex, encore moins un flic....
-De toute façon, non, il n'a que toi qui est invitée, soupira son ami.
-Bon, ok, mais rappelle moi ça vendredi, je suis capable de zapper.
-Ça marche.
-Ciao
-Ciao, Bella.
Mila, se pelotonna sur son canapé. Elle adorait Alexandre, mais non d'une pipe, pourquoi voulait-il qu'elle ait une relation amoureuse. Pourtant, il savait. Comme Joy, sauf que lui était arrivé après. Plus jamais, elle ne voulait plus avoir d'homme dans sa vie, elle était parfaitement bien seule. Les relations d'un soir ne la tentait pas. Se dévoiler pour ne jamais revoir l'autre ne présentait pour elle, aucun intérêt, et elle ne voulait pas partager son existence avec quelqu'un, donc le choix était vite fait. Elle chassa ses pensées de son esprit et se laissa glisser à nouveau dans un demi sommeil. Elle rêva, à la limite de la conscience. Elle se voyait dans le salon de coiffure, avec les ciseaux du jeune coiffeur qui cliquetais autour d'elle, elle se souvint de la première fois où elle avait fait couper ses cheveux. Elle avait à peine dix-neuf ans, elle l'avait fait pour LUI, un carré court, légèrement plongeant. Il aimait les filles sportives et dynamiques, et elle n'était pas tellement sportive. La coupe lui allait bien, mais ce n'était pas ce dont elle avait envie. Il l'avait complimentée. Elle en avait été heureuse. L'image d'un séduisant jeune homme brun aux cheveux bruns et souples, aux traits légèrement anguleux s'imposa. Il lui souriait et ses yeux marrons sombres brillaient comme ceux d'un enfant dans un magasin de jouets. Et puis elle le vit lui tourner le dos, vêtu un blouson de cuir noir rembourré, il mettait un casque de moto. Elle entendit le bruit strident d'un démarrage rapide. Elle sentit son cœur se tordre de douleur, elle se réveilla brusquement, elle avait chaud, elle avait faim. Le cœur battant, elle alla explorer son réfrigérateur. Elle décida de se faire des œufs brouillés avec un reste de salade. Elle battit les œufs bien davantage que ce qu'il ne fallait. Elle ne parvenait pas à effacer, ça revenait toujours, son passé ne la laissait jamais vraiment tranquille, il se rappelait à elle de temps en temps, et en général, s'en suivait plusieurs jours de moral en berne. Mila se dit que ce n'était pas le moment, avec sa nouvelle mission qui allait commencer. Elle soupira. « C'est bien la peine d'avoir fait psycho et ne même pas réussir à régler ton propre passé ». Elle versa ses œufs dans la poêle ou avait chauffé le beurre et ne tarda pas à s'attabler devant la télévision. Demain serait un autre jour. Il fallait avancer.
Le lendemain, Mila n'eût pas le temps de penser, elle avait beaucoup de kilomètres à faire pour la remise du bilan qu'elle avait terminé. Elle dû déjeuner avec un chef d'entreprise sympathique mais un vice-président qu'elle ne supportait pas, vil, pédant et étriqué dans sa vision des choses. Il n'avait d'ailleurs pas tellement apprécié les conclusions de l'Audit et tentait de faire bonne figure, vis à vis de son patron, mais peut-être pas seulement à en juger par ce genou qui ne cessait d'importuner Mila. Malgré ses efforts pour qu'il cesse, il continuait à la solliciter. Mila décida d'agir. Elle se leva calmement et dit au chef d'entreprise :
Monsieur, je vais prendre congé si vous n'avez plus de question. Voyez-vous, si vous savez tirer parti des conclusions de mon passage chez vous, vous gagnerez en efficacité, à n'en pas douter. Mais sachez que votre plus grand point négatif n'est pas dans le bilan, du moins pas en ces termes : votre adjoint est une personne détestable qui n'a d'ambition que de de profiter des bénéfices sans mouiller sa chemise, mais pire encore, il risquera de faire capoter des affaires juteuses par son comportement inapproprié et vicieux. Il m'importune avec un genou lourd de sous-entendu depuis le début du repas, malgré mes avertissements, et cela est non seulement profondément irrespectueux et dégradant, mais aussi une preuve de son incapacité à se situer dans son rôle. Vous me pardonnerez mais je refuse de prendre un dessert dans de telles conditions, cela me gâcherait le plaisir à jamais. Bonne journée.
Elle parti sans attendre de réponse ou de réaction, elle perçut un faible « bien-sûr Mademoiselle » en regagnant d'un pas tranquille sa voiture. Elle démarra et ressentit un certain plaisir à entendre le moteur sportif ronronner. Elle se dirigea sur Cassis par l'autoroute, ce qui lui permit de se relaxer avant d'arriver à Omega. Elle pesta contre cet individu odieux , puis elle rit de ce qu'elle leur avait dit. Il fallait voir leurs têtes ! Elle en avait maté d'autres lorsqu'elle avait cherché des investisseurs pour l'entreprise d'équipement auto, elle avait négocié âprement alors qu'elle n'avait aucune formation dans le domaine économique, mais elle les avait tenu par son sens de la logique et sa prestance. Une licence de psychologie ne prépare pas à se genre de situation, c'est pour ça qu'elle avait dû arrêter pour prendre mettre le rôle d'associé, sous peine de perdre le peu de capital qu'ils avaient à l'époque. Mila se disait que ça aurait eu au moins ça de bon, elle était capable de tenir tête à plus d'un, et cela lui permettrait d'asseoir son rôle sans remise en cause. Il faut bien trouver le positif dans le malheur, ça permet de le digérer. Elle leva le pied car elle avait eu tendance à accélérer en étant dans ses pensées. Elle était en avance et fit une pause sur une aire d'autoroute, depuis laquelle elle géra quelques impératifs administratifs par mail ou appels téléphoniques. Elle rédigea encore quelques pages avec son ordinateur, puis repris la route, il était temps d'aller s'occuper d'Omega !
Mila franchit la grille principale pile à l'heure. Elle s'extrait de la voiture, un peu engourdie par la route, et prit le temps de détendre ses jambes avant d'avoir à s'asseoir devant un bureau. Elle gagna l'accueil tout en se demandant comment elle allait appréhender cette nouvelle entrevue. Elle salua Camille qui la fit asseoir et prévint Luca. Elle l'informa qu'il était en ligne et qu'elle devait attendre. Mila sourit, elle observa Camille qui semblait absorbée dans ce qu'elle faisait. L'interphone sonna, et Camille répondit avant de faire enter Mila dans le bureau de son patron.
Elle entra et elle le vit venir à sa rencontre. Elle fut frappée par le magnétisme qu'il dégageait, sa prestance était presque palpable. Elle lui serra la main, il n'y eu aucune hésitation, aucun blanc, ils étaient intégralement dans leur rôles respectifs.
-Je suis heureux de vous revoir Mademoiselle Rossini, dit Luca.
-Je le suis également.
-Dites moi tout, je vous écoute.
Mila ne put s'empêcher de lui lancer un coup d'oeil pour vérifier qu'il ne plaisantait pas, mais ce n'était pas le cas. Elle lui tendit le contrat et lui précisa les modalités, elle demandait les accès à divers documents, aux locaux et aux bilans, sous couvert du secret professionnel. Elle encadrait son droit à retirer momentanément un employé de son poste pour un entretien et aussi à garder éventuellement certaines déclarations anonymes. Tout était très détaillé, et maîtrise, il n'y avait plus qu'à signer. Il regarda la dernière page, ou se trouvaient le détail et le coût de la prestation. Elle le vit s'arrêter un moment puis lever les yeux vers elle.
-Vos tarifs sont un peu au dessus des normes, Mademoiselle Rossini, lui dit-il.
-Sans doute parce-que moi aussi je suis un peu au dessus des normes, Monsieur Valentini, rappelez-vous, je suis dans le top 5, ironisa-t-elle.
Luca la regarda fixement. Il était impassible. Elle soutint son regard, durant quelques secondes, ils semblèrent s'épier mutuellement. Mila bougea pour parler, replaça une mèche de cheveux qui lui tombait sur les yeux et vit le regard de Luca changer, il devint plus intense, et Mila commença à sentir un petit fourmillement dans le creux de ses reins. Elle sentait la situation lui échapper, la bouche entrouverte , coupée dans son élan pour parler, elle attendit. Luca semblait ailleurs. Finalement il répondit.
-Vous semblez bien sûre de vous.
En effet, pu enfin articuler le jeune femme. Je vous offre un service clé en main, je m'occupe de tout, pour peu que vous me laissiez comprendre ce qui se passe dans votre société. Vous êtes développé dans des domaines qui se gèrent différemment, ça ne se traite pas tout de la même manière, ce qui explique ce tarif. Vous n'avez à faire qu'à un seul interlocuteur et je n'audite qu'une seule entreprise à la fois, c'est une garantie que je m'imprègne vraiment de votre philosophie et votre gestion des choses. Je ne crois pas être trop au dessus de la valeur du service.
-Je vois. Et bien je suis impatient de vous recevoir ici, lui dit-il en lui rendant son exemplaire signé.
-Je commence quand vous le souhaitez. Dites moi ce qui vous arrange.
-Lundi ?
-Cela peut convenir, toutefois, je vais vous faire une suggestion.
-Allez-y, lui dit Luca en plongeant son regard vert dans le sien.
Et bien, commença Mila, sentant son cœur battre de façon étrange, il faudrait faire la réunion de présentation Vendredi. Ainsi vos employés ne seront pas directement confrontés à ma présence dès l'annonce de l'audit. En général les gens sont un peu, ou même beaucoup, méfiants. Si l'idée peut faire son chemin durant le week-end, ça peut détendre l'atmosphère.
-Vendredi ça va être compliqué. Ou alors en toute fin d'après-midi.
-Ça me va.
Ils calèrent l'horaire et Luca demanda immédiatement à Camille de venir pour décider du lieu et des convocations. Mila sourit, elle avait des documents-type à proposer et ils n'eurent qu'à les adapter. Luca lui offrit un verre, mais elle refusa. Elle se leva pour prendre congé et fut surprise de voir Luca la raccompagner jusqu'à sa voiture. Luca observa le coupé sport Peugeot RCZ et siffla doucement.
-Joli jouet, Mademoiselle Rossini
-N'est-ce pas ? Vous aimez ?
-Sûrement, mais je ne vous aurais pas imaginer dans un tel véhicule.
-Ah ? Encore une histoire d'homme ?
Mila n'avait pu se retenir. Elle se sentait mise en difficulté par certaines de ses phrases et de ses questions, et elle ne parvenait pas à se détacher. Elle réagissait avec l'ironie et l'humour, mais elle n'en comprenait pas la raison. Elle entendit Luca rire, et elle adora le son de ce rire, elle se tourna pour lui faire face, détendue.
-Très bien, j'abats mes cartes. Duval m'avait prévenu que vous jouiez franc-jeu, je dois dire que c'est un peu déroutant, mais tout à votre honneur . Je suis davantage habitué à la navigation en eaux troubles. J'imaginais simplement qu'une personne élégante comme vous serait au volant d'une berline tout aussi élégante, confortable et au comportement routier irréprochable.
Mila jeta ses affaires à l'arrière du coupé blanc nacré, et prit appui le montant de la porte. Elle adopta une pose volontairement nonchalante.
-La tenue de route est excellente, le moteur est un petit bijoux pour sa catégorie, l'émission de CO2 reste honnête. Elle est racée, rapide et nerveuse. Je pourrais atteindre les cents kilomètres heure en huit secondes et elle agréable à conduire. Personnellement, je trouve qu'elle me convient parfaitement. En plus la couleur est sympa, ajouta-t-elle avec un clin d'oeil.
Luca sourit largement, elle vit ses yeux pétiller, le vert de ses pupilles s'intensifia, elle remarqua les minuscules points dorés autour de ses iris. Il se rapprocha d'elle et devint grave. Elle ne put détacher son propre regard des prunelles profondes de cet homme qui la déstabilisait. Ils ne bougèrent pas, Mila ne sut combien de temps, elle resta ainsi, entre lui et sa voiture, le cœur battant. Son portable se mit à sonner, la libérant de ce sentiment étrange. Il s'écarta et elle plongea la main dans son sac et s'excusa pour répondre. C'était Joy. Elle lui promit d'arriver rapidement et en profita pour se soustraire à la présence de Luca. Elle prit congé rapidement, puis démarra sa voiture et faisant légèrement vrombir le moteur à l'intention de son hôte, et sortit avec un signe sobre de la main, laissant Luca seul dans la cour.
Il s'était préparé. Il ne voulait pas se sentir moite et hésitant comme la première fois. Il demanda à Camille de la faire entrer et alla à sa rencontre. Il la vit, aussi belle que l'autre jour, en tailleur jupe gris perle et top en dentelle bleue. Elle avait changé de coupe, et il trouva qu'elle lui donnait encore plus ce charme de maitresse femme tranquille qu'il lui avait remarqué. Leur poignée de main fut hésitante mais il choisit de ne pas en tenir compte et la guida jusqu'à son bureau. Il étudia le contrat et presque autant le croisement des jambes de Mila. Il arriva à la fin et remarqua les tarifs. Elle n'y allait pas de main morte. C'était davantage que ce qui se faisait sur le marché. Il lui fit la remarque et se prit sa remarque ironique de plein fouet. Elle se foutait de lui ! Il la regarda, se moulant dans son rôle de chef d'entreprise, pour chercher à la faire douter. Elle soutint son regard. Il commença à sentir son envie de la faire céder s'émousser. Quel aplomb. Il dût reconnaître qu'il trouvait ça carrément sexy venant de sa part. Elle bougea, entrouvrit la bouche et replaça une mèche folle en place. Luca se maudissait presque de la trouver à tomber dans une telle situation. Elle allait parler, mais il sentait qu'elle ne faiblissait pas le moins du monde. Troublé, il préféra ne pas laisser la situation devenir inutilement problématique. S'offrir les services de Mila n'était pas un problème, et il avait bien envie d'en connaître une peu plus. Il lui tendit la perche, elle parla de ses prestations et de ce que comprenait son tarif et il signa, considérant le sujet comme clos. La suite des événements calés avec Camille, il se surprit à regretter qu'elle le quitte déjà. Il n'avait pas les mains moites, il avait un sentiment étrange qui le guidait au devant de Mila, il se trouvait bien en sa présence. Il ne savait comment interpréter cela, il n'était pourtant pas du genre à se lier d'amitié facilement. Il décida de la raccompagner à sa voiture. Cela lui permettait de goûter encore à ce drôle d'état agréable qu'il ressentait. Il fut surpris de voir un rutilant coupé sport blanc devant lui. Quelle femme surprenante. Il lui fit remarquer qu'elle possédait une voiture assez particulière et il la vit s'animer. Elle lui asséna un coup bien senti. Il n'en revint pas. Elle n'était sûrement pas du genre à se laisser faire. Quelle répartie, elle venait de mettre des mots crus sur ce que, finalement, il avait peut-être pensé inconsciemment. Il la trouvait si perspicace, il aimait beaucoup sa franchise et sa vivacité. Il venait de se faire piéger comme si elle avait lu dans ses pensées cachées. Il se mit à rire. Il voulu lui dire simplement, il trouvait ça en décalage avec l'image qu'il se faisait d'elle, mais elle se défendit par une tirade imparable à laquelle il s'attendait encore moins. Si elle savait combien elle était attirante, posée ainsi contre sa puissante voiture, à défendre ses choix. Il se dit qu'elle ferait une excellente partenaire... dans différents domaines. Il sentit à nouveau son corps se crisper, puis une sorte picotement le parcourir. Il se rapprocha d'elle sans s'en rendre vraiment compte, il sentit un étrange trouble l'envahir lorsqu'il se sentit happé par le bleu de ses yeux, si perçants et si doux à la fois si on prenait le temps de les observer plus d'une ou deux secondes. Il eût soudain très envie d'observer aussi sa bouche dont il avait déjà noté les lèvres bien dessinées. Il se demandait si c'était bien raisonnable lorsqu'il fut tiré de ses pensées par une sonnerie de téléphone. C'était celui de Mila, il recula et la laissa répondre. Elle prit rapidement congé et il s'en trouva frustré, elle le congédiait trop rapidement à son goût. Il la regarda démarrer et faire gronder le moteur, comme pour lui lancer une dernière estocade et le quitter avec un simple geste de la main, l'enceinte d'Omega. Luca resta comme un enfant perdu au bord de la cour. Il reprit le chemin de son bureau, plus il montait, plus il souriait, lorsqu'il franchit la porte de son bureau, il était en train de rire doucement. Camille fit des yeux ronds mais ne dit rien, elle commençait à trouver de le comportement de son patron étrange.
Luca s'installa dans un des fauteuils qui se trouvaient près de la table basse de son bureau. Il se servait parfois de cet endroit pour offrir un verre d'alcool lorsqu'il négociait avec des clients et des partenaires. Les fauteuils étaient très confortables, et cela mettait les personnes qui s'y trouvaient en confiance. Luca n'avait plus aucune motivation pour travailler. Il s'avoua qu'il aimait beaucoup Mila et qu'il ferait attention de ne plus jouer sur le terrain sensible des représentations de genre. Il la revit, nonchalamment appuyée contre son coupé sport, à la manière d'un pilote de Rallye en interview. Soudain il se souvint de son rendez-vous avec Charlène. Il regarda l'heure, mais il avait encore le temps. Il se rendit à son bureau et mit un peu d'ordre. Le dossier sur Mila et son cabinet que Johnny lui avait remit était là. Il le prit puis le reposa. Johnny lui avait dit que c'était « clean », il n'y avait donc rien de particulier, et il décida qu'il découvrirait par lui-même ce qu'il y avait à savoir. Il rangea le dossier dans un trieur et éteignit l'ordinateur. Il informa Camille qu'il quittait son bureau et rejoignit son domicile.
Une fois chez lui, il prit un café et alla se changer. Ce soir, un dîner avec une belle femme, dans un cadre charmant, il devait être classe mais pas en apparat non plus. Il regarda son dressing sans conviction. « On dirait une gonzesse » pensa-t-il. Au sortir de sa douche, il finit par attraper un jean noir, une chemise en soie vert d'eau et une veste noire du plus bel effet. Il dompta ses cheveux hirsutes, songeant qu'il allait devoir appeler le coiffeur bientôt et alla s'installer au salon. Il envoya un SMS à Isaline pour lui dire qu'il sortait dîner ce soir. Elle n'allait pas tarder à rentrer mais il voulait profiter du trajet vers Marseille pour repasser devant des bâtiments qu'il avait remarqué lors d'une sortie à moto. Il vérifia ensuite le planning de la sécurité. Il envoyait Stéphane chercher Charlène. Il serait donc seul jusque là. Il prévint Johnny par SMS et déclencha son tracker. Il serait à nouveau sous protection dès 19H30. Cela lui laissait un peu plus de deux heures, ce qui était sans doute trop, il irait flâner sur le vieux port, il n'avait pas fait cela depuis une éternité.
Deux heures plus tard, en effet, il marchait sans garde du corps sur le vieux port de Marseille. Il observait Notre Dame de la Garde, pensif. Il n'avait pas remis les pieds là-haut depuis qu'il y était allé avec Catherine qui aimait s'y rendre. Elle était croyante, elle était Marseillaise, ce qui n'était pas son cas. Par contre, il trouvait l'édifice admirable. Il marchait au hasard, et se posa la question de l'utilité de sa garde rapprochée. Il était certes convoité, mais il ne subissait pas d'assaut régulier. Il était là, seul et comprenait un peu le désir de sa fille d'être par moment sans surveillance. Et pourtant, Johnny lui avait déjà sauvé la vie deux fois et Malik avait évité qu'Isaline et lui ne se retrouve dans un mouvement de foule en panique l'année passée et il y avait eu des blessés ce jour-là. Le plus marquant pour lui, fut quand Johnny avait intercepté un pauvre gars à une conférence. Il était armé d'un énorme couteau de chasse et s'était jeté sur le groupe d'entrepreneur venu présenter leur dernier logiciel à des entreprises tertiaires. Luca était en tête et il aurait probablement pris le premier coup si Johnny n'était pas intervenu. Il l'avait repéré par son comportement étrange et avait réussit à s'interposer. La police lui avait dit que c'était un homme désespéré par la faillite de sa propre entreprise qui avait eu un geste irraisonné. Luca avait été choqué et marqué par cette histoire. Après ça, il n'avait pas hésité à confier de plus en plus de responsabilité à son jeune garde du corps.
Il était l'heure. Luca se rendit au restaurant et se fit conduire à sa table. Il ne se sentait pas impatient, mais il était content de revoir Charlène. Sa journée finissait de façon agréable, il n'y avait pas de raison que la soirée ne continue pas sur cette lancée . Son téléphone vibra, Stéphane reprenait le service, il éteignit le tracker et attendit Charlène. Elle arriva dans une étonnante robe aux motifs géométriques colorés sur fond noir. Elle était ravissante et lui sourit en l'apercevant. Il se leva et l'aida à s'asseoir. Il lui commanda un mojito, un verre de vin pour lui et attendit. Elle le regarda un moment puis lui dit :
-Je ne sais pas pourquoi tu m'as laissée sans nouvelle, mais je n'ai pas trouvé ça amusant.
-J'imagine mais j'ai eu des contre-temps. Je suis désolé.
-Ça ne marchera pas deux fois.
-Compris. On commence par l'interview ?
-Si tu veux, dit-elle.
Elle mena son interview avec beaucoup de professionnalisme. Luca su qu'il n'aurait pas grand chose à redire sur l'article qu'elle lui soumettrait. Il la voyait se détendre au fur et à mesure que la fin de son plan approchait. Lorsqu'elle eût fini, elle posa sa main sur celle de Luca et dit merci en s'approchant de lui. Luca se trouva stupidement surpris, évidemment, il l'avait quittée après une nuit fort agitée, elle ne pouvait agir autrement, mais lui n'était pas prêt. C'était bien la première fois qu'il oubliait qu'il sortait avec une de ses conquêtes ! Il dût avoir l'air dépité car Charlène lui demanda :
-Tu ménages ton image de marque ?
-Ce n'est pas ça, excuse-moi. Il lui déposa un baiser discret et repris : J'ai la tête ailleurs.
Le dîner se déroula calmement, ils parlèrent des potins économiques et des projets de vacances pour la belle saison. Luca appréciait vraiment la présence de la jeune femme, mais il la sentait de plus en plus séductrice et il n'était pas sur la même longueur d'onde. Il se rendait progressivement compte qu'il n'avait pas envie de la prendre dans ses bras, que malgré la nuit qu'ils avaient passé ensemble, il n'y aurait pas de suite. Il n'éprouvait pas le désir de lui faire l'amour, il était inutile de la laisser espérer, il devait le lui dire. L'opération s'avérait difficile car il se sentait mal à l'aise. Il régla l'addition et il lui proposa de marcher un peu. Elle accepta. Ils arrivaient à quelques encablures du Vieux Port quand Charlène s'arrêta.
-Vas-y Luca, qu'as-tu à dire ?
-Pardon ?
-On marche depuis dix minutes et tu m'as moins approché qu 'entre la galerie et la brasserie l'autre fois.
Luca la regarda, indécis. L'image de Mila en pleine tirade sur les capacités de sa voiture passa devant ses yeux sans qu'il ne comprit pourquoi. Franchise ? « Allons-y se dit-il, rien ne sert de tourner autour du pot »
-Charlène, je ne sais pas exactement ce qui se passe, je ne comprends pas pourquoi, mais il se trouve que je ressens pas suffisamment d'attirance pour poursuivre une liaison, je suis désolé.
-Tu m'as fait venir pour ça ? Demanda-t-elle.
-Non, crois-moi, absolument pas. J'avais envie de te voir, j'apprécie énormément ta compagnie. Je n'ai simplement pas envie d'une liaison.
-Pas envie d'une liaison ou pas envie d'une liaison avec moi ?
-Je ne sais pas encore, Charlène, je ne cours pas plusieurs lièvres à la fois.
-Donc c'est fini ?
-Ecoute, je ne vais pas te mentir, je ne vais pas jouer l'adolescent attardé, répondit-il d'un ton un peu plus sec , je ne souhaite pas poursuivre une relation amoureuse avec toi. Mais il se trouve que j'aime ta présence, ta conversation et partager un repas en ta compagnie, alors si tu n'es pas trop fâchée et que tu me rappelles, j'irais déjeuner ou dîner avec toi. Mais basta.
Elle le regarda fixement, il n'aurait su dire si elle se retenait de pleurer, de crier ou de s'évanouir.
-Ca a le mérite d'être franc, lâcha-t-elle. Pour le moment, je ne suis pas capable de te répondre, je suis passablement vexée.
- Ce n'était pas le but recherché, lui dit Luca.
-Si tu le dis... et l'article ?
-Comme convenu.
-D'accord.
-Charlène... commença Luca.
-Non, merci, coupa-t-elle. Je crois que ça me suffit. Nous n'allons pas débattre du sujet, et je ne souhaite pas entendre tes excuses. Tu n'es pas séduit, je ne le prends pas très bien, mais je peux encore reconnaître ma défaite. Par contre, laisse moi seule m'arranger avec mon ego et ma déception, d'accord ?
-D'accord.
-Au revoir Luca.
--Je te fais raccompagner, dit Luca en sortant son téléphone.
-Absolument pas ! Je prends un taxi.
-Attends je...
-JE paie mon taxi, tu ne me dois rien.
-Mais tu es venue avec mon chauffeur.
-J'aurais peut-être dû rester avec lui, ironisa-t-elle.
Luca grimaça et elle reprit
-Ecoute, j'ai ma fierté et surtout, je gagne suffisamment ma vie pour rentrer par moi-même. N'insiste pas.
-J'attends que tu sois montée.
Charlène soupira et appela un taxi. Ils restèrent silencieux jusqu'à son arrivée. Elle ouvrit la portière et regarda Luca. Elle lui posa un doigt sur le torse et lui dit :
- Ne reviens surtout pas sur ta décision, je n'ai pas d'humour à ce sujet.
Elle monta dans la voiture et ne lui adressa plus aucun regard. Luca était perplexe, mal à l'aise et soulagé à la fois. Finalement, cette journée ne tenait pas toutes ses promesses. Il se sentait las, aussi il appela Stéphane pour rentrer chez lui. En proie à toute une ribambelle de questions auxquelles il n'avait pas de réponse. Isaline, Catherine, le service de sécurité, l'audit, les contrats, le projet HardWare, Mila.... tout cela faisait bien trop. Il pensa qu'il devait se ménager une pause, comme un week-end en mer ou au soleil. Voilà, il fallait qu'il fasse un break, ça lui serait bénéfique. Il se laissa bercer par le roulis de la voiture en imaginant le week-end qui lui conviendrait.
**************************
la suite: http://welovewords.com/documents/solitaires-ch-10