Sound Pellegrino - SND.PE, Vol. 4: Melodic Mechanisms

Alice Grenon

Chronique de la compilation SND.PE Vol.4 : Melodical Mechanisms de Sound Pellegrino paru sur le site downthewall.com

Emmenée par Teki Latex (devenu aujourd'hui bien plus qu'un ex TTC) et Dj Orgasmic (dont on se demande parfois à quoi il sert), la maison Sound Pellegrino a sorti en janvier dernier une nouvelle compil'. L'occasion de prendre la température du côté aventureux de la musique électronique.

Avant “SND.PE Vol. 4”, Teki avait sorti un mix intitulé “Deconstructed Trance Reconstructed”, qui avait pour principe d'utiliser des morceaux de trance débarrassés de leur rythmique, puis de leur greffer des beats empruntés à la grime. Le résultat, un O.V.N.I. musical, planant entre le voyage des mélodies trance et le coté dansant et plus terre à terre de la grime. Et surtout, surtout, on peut vous le garantir, bien éloigné de ces genres tels qu'on se les imagine.

Le grand patron ayant donc montré l'exemple sur 42 bonnes minutes, et ce d'une main habile, l'idée était née. Et quel meilleur format qu'une compilation pour promouvoir l'expérimentation sonore à grande échelle ? Le bien nommé “SND.PE, Vol. 4: Melodic Mechanisms” était en marche.

Si le disque, bien heureusement, ne se concentre pas uniquement sur l'accord entre trance et grime, il s'ouvre sur Karidja, une piste du dernier recruté du clan, Doline, qui s'en inspire clairement. Avec sa mélodie aiguë, futuriste tombant en pluie sur un beat sec et affirmé, le ton est donné. On regrette qu'il soit suivi par le Mauvais garçon d'Orgasmic, dont le titre annonce au moins la couleur et qui n'est qu'un classique et limite décevant morceau de trap augmenté de sonorités industrielles empruntées à la techno. Sérieux mec, va te coucher.
Vient ensuite Seydou, qui s'essaie aux transpositions avec un vocal se transformant en mélodie, une rythmique nerveuse et des basses instrumentalisées, voire vocales pour un ensemble proche de la future, dont l'audace plaira aux oreilles fines.

On ne va peut-être pas tout vous passer en revue, on risquerait d'en lasser certains, ou d'en décevoir d'autres. Mais on a apprécié la trance-dance-techno du Brigitte de Koyote, on vous conseille aussi de ne surtout pas passer le Haunted Piano de Nicolas Malinowski, un morceau sombre et prenant, oscillant entre future et acid techno. Et on vous met au défi d'écouter entièrement le Shaquana de Mathias Zimmerman, qui nous évoque une track de PC Music passée à la moulineuse… (non, ça n'est pas une critique, on a des fans de PC Music ici, en train d'écrire cet article).

On n'est qu'au milieu de la compil', et voici qu'arrive une de ses meilleures pistes, à savoir Late Visitor, créée à 4 mains par Chilly Gonzales et P. Morris : un morceau de piano à première vue léger et agréable, que vient assombrir un “poum-tchak” lancinant et quelques vocaux ecclésiastiques, quasi épiques. Classico-électronique ou futuristico-religieux, s'il est difficile à classer, le morceau illustre à merveille l'esprit du disque.
Pour le reste, Voltery ne se foule pas trop, mais inverse rythmique et mélodies, CYPHR s'essaie à une dance un brin tribale, voire futuriste, Crystal sort une merde intitulée Bill Gates (il a trop trainé avec Orgasmic), Moleskine invente un nouveau genre bien sympa, entre trap et festif, qu'on enverrait bien lui aussi chez les copains de PC Music et le P11 de Medicis et Vanshift sert d'outro super bizarre.

Une compil' ou l'on voit que l'écurie Sound P. ne choisit pas ses poulains par hasard. Résultat : elle reste assez en avance pour se permettre de malicieux tâtonnements dans la vaste partie inexplorée de l'électronique. Une belle aventure sonore.

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