Souvenirs africains
pytheasfrog
je pense à toi évidemment
touchant jusqu’à l’ennivre
le satin de tes seins aux médailles de cuivre
étoffe de safran sur un lit bleu de moire
tes grands yeux cernés de deux virgules
interrogent des rêves de pierre noire
que rien ne vient corrompre
tes cheveux sombres let lourds
contenus dans un voile
sont réservés à mes caresses
ton regard orageux et brillant
ton front lisse et limpide
laisse voir des pensées dont je suis le sujet
les ailes de ton nez palpitent à mes langueurs
tes lèvres de jasmin ornées de perles rares
brillent dessous tes doigts
lorsqu’un rire les pare
ah ! ton rire !!
c’est fou comme il m'attire
j'y devine des orgies inconnues
des soupirs
d’odalisque des appels à l'amour
l’ébauche de ton corps dans une robe mauve
panachée de fils d'or se devine et frissonne
j'y suppose ton ventre et rêveur je m'évade
en rêvant aux sultanes
qui peuplaient les harems des nababs d’Ecbatane
j'aborde à ton rivage où s'évasent des criques
ornées d’un foisonnant et touffu tapis noir
j'y vois les souvenirs séchés sur des barriques
remplis de sel marin et de poissons bizarres
des caresses languides fanées et obsolètes
des plaisirs parfumés montant des cassolettes
posées sur l'athénienne en marbre de Carrare
où l'encens mélangé au miel du mont Hymette
s’étire en volutes blanches dans l’air du soir
je m'allonge et je rêve à ton corps sur le mien
à ta main sur mon front qui rafraîchit mes nuits
qui morphine mes peurs
mais las ! ce n'est qu'un rêve
j'attendrai donc demain que les brumes s'estompent
pour revivre avec toi les douceurs de Saba
avec toutes leurs pompes
dans une odeur de cèdre et de santal mêlés
j’attendrai les moiteurs des aubes océanes
et les noirs crépuscules des déserts africains
je baignerai mon corps d’un peu de lait d’âne
dont jadis Cléopâtre arrosait ses bassins
d’un geste fort et lent j’étirerai mon corps
en écoutant tes pas frôler les pavements
d’obsidienne et d’agathe et de pépites d’or
je songerai alors à ce Sardanapale
mollement étendu sur de riches coussins
rafraîchit par d’éventails aux plumes pâles
qu’agitaient deux éphébes abyssins
je deviendrai ce vieux roi d’opale
dont les femmes à ses pieds dévêtues de brocarts
se déchiraient le sein
perclues de nonchaloir
4/05/09