SPIN / NOVITA
auguste-ombre
Aria pour l'arrogant, gargouille en famine à tête de chair, baie aux deux haines. Eux, graveurs et peintres aux pinceaux de sang, à deux haines, et eux, leurs détracteurs, spectres numériques aux faces blanchies par trois cent soixante cinq lignes de codes, en semences éparpillées sur l'espérance des premiers. La fin d'une ère, et ceci pour le choix rêvé de la naissance d'une autre, est un temple vide, dans lequel on espère voir un dieu y apporter quelque spiritualité. A dire vrai, l'œil avisé et demeurant lucide, par avidité de mortifications, certainement, n'y voit que des corps pliés, entrelacés dans un enfer liquide. Mer d'or et bulles d'argent, en vortex tubulaires...Voguent en pleurant les anciennes chairs, sourient en saillies tendres, les jeunes amants. Cela est ce qui les lie. La fin précise de toutes choses, hécatombe d'un ciel noir annonçant le renouveau dans une calligraphie d'un nombre plus puissant. Les gargouilles et les spectres chantent et rient un cauchemar, tout en odeurs d'alcools, en s'enlaçant, en dansant sous une lune frivole. Fin de temps, en fin d'an, on y découpe d'une scie en logos de métal brûlant, l'arrogant qui s'aviserait de jeter ne serait-ce que quelques miettes d'ombre, sur une si parfaite toile de maître. On place en exil une raison, qui pour une durée toujours trop longue, nous aura par trop souvent dérangé, de ses doigts d'os frais, sur une gorge chaude et polluée. Les feux d'artifices, maelström mortifère pour ceux qui ne saisissent le temps, à défaut d'être saisis par lui, résonnent dans les pénates des hommes. En une imitation amère des faits et gestes d'une année entière tombée dans l'oubli, ils réactivent leurs corps à l'engouement pour le vide, quelques dix, quinze minutes, durant lesquelles ce temps est paradoxalement suspendu. Dans ces foyers sans flamme véritable, l'abnégation des hommes se révélerait, dit-on, à le voir s'accaparer de choses invisibles, en mille tourments renégociés, enfin, troqués en meurtres de la pensée pour le marchand-malin, contre des souhaits et autres vœux, leur rappelant que s'ils étaient réalisés, nombre d'entre eux seraient absents de cette soirée...Une pendule gravite devant les yeux de l'arrogant, mimétisme d'un métronome qui battrait la mesure des pulsations du sang, dans un cœur angoissé. Le cliquetis des rouages d'acier court en petites araignées, espions organiques de Gaïa la maudite, sur son épiderme gris-modernité. L'arrogant, sous la pression des pairs, soit anti-pairs de l'anti-régularité, en probables parents, sœurs ou frères, ne peut s'empêcher de jouer le théâtre du fétiche à réaliser. Un unique désir. Que les arachnées soient capables de le dévorer, et que les chaussures de soirées foulent jusqu'au dernier grain de poussière du corps qu'il a été. La question de l'espion, enchaîne à sa position. L'espion. Les araignées, ces perles brunes des bois de l'ancien temps? L'arrogant, qui ose porter un bandeau rouge sur ses yeux noirs, et par ailleurs l'assumer? Les spectres blancs du modernisme, qui toutes canines dehors, écoutent le cristal chanter sans même comprendre que c'est leur décrépitude, qui chante à travers lui? La fin d'une ère, stigmates d'une embrassade louant le temps des regrets, puisque rien ne saurait jamais être plus agréable au palais, que ce qui est dès lors terminé...Qu'un passé que l'on voile d'un masque de fumée rouge, dans lequel plonger ne laisse aucune marque de maquillage.