"Suis-moi !"

la-musique-de-l-ame

30/11/2015 (666 mots... *Sourire* Un hasard ! )

Elle portait une longue robe fendue ce jour-là, pareille à ces modèles chinois qui épousent idéalement le corps. Leur matière m'avait toujours attiré, à tel point que j'en étais venu à souhaiter l'essayer, un jour... Elle avait assorti sa robe de chaussures ouvertes à large talon, un choix cohérent avec le temps magnifique qui nous était offert, moins avec le sol fortement pavé que nous imposait le vieux centre. Sa tenue était inhabituelle et la rendait ô combien délicieuse. Les épaules nues, l'ouverture sur sa jambe modeste mais plaisante, une fermeture éclair en travers de la poitrine, cette robe lissait sa silhouette à merveille et je regrettais déjà de ne pas avoir posé ma main au creux de ses reins durant les embrassades. Définitivement non, le soleil n'était pas le seul pour qui elle avait enfilé cette tenue, j'en étais maintenant persuadé et cela me ravissait au plus haut point. La première partie de l'après-midi s'était écoulée autour d'un verre à discuter de choses et d'autres.

De retour sur les pavés de la vieille ville, je lui dis sans la regarder ni transition : "Jolie robe à propos...", puis marque un temps d'arrêt. Je l'entends qui s'apprête à me répondre - probablement par un remerciement classique, tout sourire ou quelque peu gêné - mais la devance en ajoutant : "Merci !". Elle marque à son tour un silence, percée à jour. Je m'en délecte et me retourne vers elle à ce moment, vil, pour achever d'asseoir son embarras, nos jeux remontant d'un coup à la surface. Prise au piège elle s'oblige à me répondre dans un bégaiement contenu : "D...e rien.", le sourire ténu et tapi dans la rougeur de ses joues. Amusé je détourne à nouveau le regard et m'enfonce dans la brèche : "As-tu aussi mis tes plus beaux sous-vêtements ?". Un nouveau silence, je souris. Je sens qu'elle manque de s'arrêter - et son cœur avec elle - sous l'effet de la surprise, mais elle ne décroche pas et poursuit sa marche à mon rythme, comme si elle en avait le devoir. Les mots montent mais restent logés dans sa gorge. Elle sait qu'en ne me répondant pas c'est moi encore qui le ferai, acceptant ainsi sa lente descente vers une soumission entière et assumée. Je mets un terme à son calvaire par un : "Je vois.". L'empourprement dont je la sais victime me donne envie de poser une main sur son visage pour la voir fondre littéralement et se décomposer de l'intérieur. Une boutique de lingerie fine se montre à point nommé, adossée à un sexshop. Je sors un billet de ma poche et le lui donne. "Achète-toi le plus bel ensemble et porte-le en sortant !" lui dis-je. Je la laisse aller seule, pour ne pas la braquer et la tenir en équilibre vertigineux sur ce fil duquel on craint de tomber au moindre faux pas, à la moindre hésitation, mais qui nous oblige à avancer quoiqu'il en coûte, sans retour en arrière possible. Dans ces conditions elle accepte et me gratifie d'un "Oui." encore fébrile avant de s'éloigner billet en main, la démarche observée. Je la tiens, prisonnière d'un combat de titans entre excitation et appréhension, la première surpassant de très peu la seconde. En acceptant ma dernière requête elle s'est rendue définitivement mienne, sans réserve, et elle le sait.

Je profite de l'attente - longue - pour acquérir quelques accessoires au sexshop et me poster devant la boutique d'où elle ressort enfin, sac en main et sans aucun doute apprêtée. Avant qu'elle n'expire un mot j'entoure son cou d'un collier à anneau sans autre lien que celui, invisible, qui l'unit maintenant à moi. Son pouls s'accélère, son souffle est chaud, démonstrations de son envie, de son impatience et de son inquiétude. Je sens la tension qui étreint son corps tout entier et souris à l'idée de la voir bientôt tirer la fermeture éclair de sa robe pour s'effeuiller devant moi, lentement, obligée. Et moi de lâcher une fois la boucle du collier refermée : "Suis-moi !".

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