Suite de l'histoire de John...

Collectif D'auteurs Atelier Les Cris De L'écrit

Atelier du 8 novembre 2016 - Geneviève

Je m'appelle John et je déteste la pluie.

 Mais pourquoi fallait-il donc qu'il pleuve ce jour-là lorsque je suis sorti de chez moi, au coin de la 42ème et de la 5ème rue à Manhattan et que je découvris un chien mort sur le palier.....

 … Déjà ce matin, tout allait mal. Comme tous les gardiens des immeubles de la rue, je suis chargé de la mise en place des poubelles et, naturellement, l'une d'elles, mal fermée avait été visitée par quelques corbeaux affamés, quelques chats téméraires. L'odeur fétide des déchets éparpillés, la puanteur des restes de repas m'avaient pris à la gorge juste après mon café matinal. Horreur ! Difficile de débarrasser mes narines de ces relents pestilentiels.

 Maintenant ce chien crevé ! Qu'en faire ? C'était un beau chien, certainement pas un animal errant car son pelage, hormis les endroits souillés par les blessures et le sang semble soyeux et sain. Sans doute s'est-il fait écraser devant l'immeuble. Il n'aurait pas pu aller mourir à l'entrée de l'immeuble d'à côté, non ? Sa gueule entr'ouverte paraît sourire à la mort venue le libérer de la souffrance du choc.

 Je dois me débarrasser de cette encombrante épave échouée devant la porte. Muni d'une bâche plastique, je me penche, retenant mon souffle pour ne pas respirer l'odeur de mort qui émane certainement déjà de sa dépouille. L'effort fourni pour soulever la masse inerte m'oblige à emplir mes poumons d'air. Surprise ! Une odeur légère et agréable se dégage de la fourrure de l'animal. En emballant comme un paquet cadeau la pauvre bête, une réminiscence olfactive traverse ma pensée.

 Je vois la silhouette fine d'une jolie demoiselle qui a emménagé la semaine dernière. Je me remémore sa voix douce me demandant comment accéder aux locaux communs du sous-sol, je revois son sourire de remerciement et me souviens de la senteur subtile qui flottait autour d'elle. Je reste accroupi un instant aux côtés de mon triste colis.

 C'est alors que la porte d'entrée s'ouvre. Un léger cri me fait relever précipitamment. La jeune femme est là, une main sur la bouche, les yeux égarés. Elle a compris : son chien lui avait échappé la veille au soir et, peu habitué à la ville, il s'est fait heurter par une voiture. Il a réussi à se traîner jusqu'ici, au pied de l'immeuble de sa maîtresse.

 Impuissant, je compatis sincèrement mais ne trouve pas de mots pour atténuer son chagrin.

 Oui, c'est vraiment une sale journée ; en plus, il continue de pleuvoir !

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