Sur Mémoires d'une jeune fille rangée de Simone de Beauvoir

emma

« Etrange certitude que cette richesse que je sens en moi sera reçue, que je dirai des mots qui seront entendus, que cette vie sera une source où d’autres puiseront : certitude d’une vocation… »

 Simone de Beauvoir ne pouvait pas être plus proche de la réalité en écrivant ces mots dans son carnet. La preuve est que, bien des années après la publication de ses livres, bien des années après sa mort, elle est toujours lue. Etrange destin que celui de cette petite fille ayant vécu dans le monde de la bourgeoisie, où la jeune femme peut faire des études, mais où elle doit bien vite se ranger dans le mariage, devenir une épouse. Choyée par ses parents, elle se sent très vite unique, et ce n’est pas sans orgueil qu’elle découvre la vie. Elle sait très tôt que le mariage n’est pas pour elle, choquant son milieu, et ses parents. Dans cette ouvrage, Simone de Beauvoir explique comment elle du surmonter les épreuves, les pièges que lui tendait son milieu. S’affirmer ne fut pas facile. On ne peut lire ce livre sans ressentir un minimum d’admiration pour cette femme. Mais ce qui est plus surprenant encore, c’est de se rendre compte qu’aujourd’hui, on puisse encore se poser les mêmes questions qu’elle. Se sentir proche de Simone de Beauvoir, voilà qui rend la lecture tout à fait exceptionelle. Je crois bien ne pas avoir ressenti cela depuis la lecture de Du côté de chez Swann, de Marcel Proust. Cette envie de dévorer le livre, de ne jamais s’arrêter, et pourtant craindre d’arriver à la fin. La vie de Beauvoir se lit comme un roman, tant elle fut incroyable, pleine de rebondissements. Et par delà sa vie extraordinaire, par delà son travail en philosophie, ses études, ses relations, par-dessus-tout, son écriture à elle seule donne envie de tourner les pages sans s’arrêter. Je crois bien ne plus avoir connu de tels sentiments lors d’une lecture depuis longtemps. Il y a cette envie maintenant de lire tous ses ouvrages, de me plonger durant des heures dans son œuvre. Le Castor savait qu’elle aurait une vie hors du commun, elle savait qu’elle avait du talent, qu’elle serait lue. Un brin orgueilleuse, parfois. Mais elle avait raison, elle touchait à la vérité. Simone de Beauvoir est exceptionnelle. Il n’y avait aucun mal à ce qu’elle le sache, et à ce qu’elle le dise.

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