Surveillance des citoyens américains par des drones, en 2012.

yangum

En 2001, l'arsenal militaire américain comptait 50 drones.

En 2012, l'arsenal militaire américain compte 7500 drones, allant du petit objet espion au gros lanceur de missile.

En 2020, l'arsenal militaire américain comptera 30000 drones.

Drone: Un drone ou un UAV (Unmanned Air Vehicle) est un aéronef inhabité, piloté à distance, semi-autonome ou autonome, susceptible d’emporter différentes charges utiles le rendant capable d’effectuer des tâches spécifiques pendant une durée de vol pouvant varier en fonction de ses capacités. Les drones peuvent être équipés de caméras infrarouges, de détecteurs de chaleur, de GPS, de détecteurs de mouvement, d’un lecteur automatisé de plaque d’immatriculation, d'un système qui intercepte n'importe quelle conversation électronique ou téléphonique, et, prochainement, d'un système de reconnaissance faciale.

Ces drones, utilisés au départ par l'armée (comme en Irak ou en Afghanistan), ont, dès 2005, été utilisés par la police des frontières, pour traquer les immigrés clandestins et les trafiquants de drogue, dans la logique de barricade des frontières américaines.

Mais l'utilisation de ce genre d'objets empiète de plus en plus sur la vie privée des américains (et de n'importe quel citoyen sur la planète, au passage, puisque les USA, en tant que première puissance mondiale et comme vous le lirez plus bas, s'octroient le droit de surveiller et massacrer n'importe quel citoyen d'un autre État) Le 14 février 2012, le congrès a voté (et Barack Obama promulgué) la loi "FAA (Administration Fédérale de l'Aviation) Modernization and Reform Act of 2012", qui ordonne à la FAA d'accélérer d'ici à 90 jours le processus par lequel les agences gouvernementales peuvent obtenir la permission d'utiliser leurs propres drones sur le sol américain. Les drones plus légers doivent voir leur utilisation autorisée presque immédiatement par n’importe quelle « agence de sécurité publique gouvernementale ». Dans un délai de six mois, la FAA doit établir un programme pilote pour intégrer les drones dans le « système de l’espace aérien national» dans six régions tests réparties sur l’ensemble du territoire. Mais ce n'est pas tout... À ce qu'on rapporte, ce sont les lobbyistes eux-mêmes du complexe militaro-industriel (Lockheed Martin, Boeing, General Dynamics, Northrop Grumman, Raytheon, etc...) qui auraient rédigé cette loi.

Selon la "Federation of American Scientists", plus de 110 bases d'activité pour drones existent ou sont en construction dans 39 états américains.

La carte ici: https://www.eff.org/deeplinks/2012/12/newly-released-drone-records-reveal-extensive-military-flights-us Évidemment, de nombreux spécialistes s'interrogent sur le lien de plus en plus évident entre l'explosion des interventions militaires à l'étranger et de l'augmentation du pouvoir de l’État policier à l'intérieur du pays. On peut aussi remarquer que la ''lutte contre le terrorisme'' est l'argument principal et bancal de cette course effrénée contre la liberté individuelle.

Dans un document non-classifié publié par Naomie Wolf dans le "Guardian", on apprend que ''les drones ne pourront pas mener de surveillance non-consensuelle sur des personnes américaines spécifiquement identifiées, sauf si approuvé expressément par la secrétaire à la Défense.'' Ce qui se résume par "nous pouvons surveiller les moindres faits et gestes d'une personne non-spécifiquement identifiée (surveillance des consommateurs, du comportement d'un citoyen normal, etc...) et d'un groupe de manifestants, de militants, d'activistes trop gênant, mais aussi ceux d'une personne spécifiquement identifiée, si la secrétaire de la Défense l'approuve''

La surveillance des citoyens a, de plus, déjà commencé, à ''titre d'entraînement''. Lors d'un reportage en groupe dans une ''drone zone'', un journaliste du New York Times témoigne, après être entré dans une salle étrange:

“ Cela n’a pris que quelques secondes pour comprendre exactement ce que nous regardions. Un véhicule blanc, roulant sur l’autoroute à côté de la base, arrivait dans le viseur au centre de l’écran et était traqué alors qu’il roulait vers le sud le long de la route déserte. Quand le véhicule sorti de l’image, le drone commença à suivre une autre voiture.

“ Attendez, vous vous entraînez à traquer l’ennemi en utilisant des voitures de civils ?”, demanda un journaliste . Un officier de l’armée de l’air répondit que ce n’était qu’une mission d’entraînement et le groupe de journalistes a été précipité hors de la pièce.»

Ok... l'armée peut donc stocker des informations sur n'importe quel citoyen, c'est déjà le cas, suivant cet exemple qui n'est sûrement pas un cas isolé, et peut-être un des moins choquant...

Que deviennent ces informations ensuite? La réponse confirme un peu plus les précédentes lignes: Chacune de ces informations reçues par inadvertance peut être gardée 90 jours, en attendant de savoir si elles ont une utilité quelconque. Flippant, n'est-ce pas? Naomie Wolf dénonce d'ailleurs un coup de grâce au quatrième amendement des USA, qui protège les citoyens américains contre les perquisitions et saisies non motivées et non justifiées. Il est intéressant de mentionner que depuis 2001 (et régulièrement depuis 2009) les États-Unis ont effectué de manière délibérée et préméditée les meurtres de personnes soupçonnées de terrorisme à l'étranger.

La pratique des États-Unis d'"Assassinat ciblé" a entraîné la mort de milliers de personnes, dont des centaines de civils (femmes/enfants/hommes sans armes). Alors que certains assassinats ciblés ont été effectués dans le contexte des guerres en Afghanistan et en Irak, beaucoup ont eu lieu en dehors du contexte des conflits armés, dans des pays dont le Yémen, la Somalie, le Pakistan, le Soudan, et les Philippines.

Ces meurtres se fondent sur de vagues normes juridiques, un processus de décision fermé, et la preuve n'a jamais été présentée devant les tribunaux. Le meurtre d'Anwari al-Awlaqi, suspecté de ''terrorisme'' (l'excuse la plus en vogue aux USA actuellement pour justifier l'injustifiable), tué par un missile envoyé par un drone dans sa voiture avec au moins trois autres personnes, est également à retenir (son fils de 16 ans a été tué plus tard dans le bombardement d'un restaurant au Yémen, en plus de six autres personnes) Le feu vert de ce genre d'action (violant plusieurs droits fondamentaux des citoyens américains) est donné par de vagues normes juridiques, dans un cadre fermé...

Les américains accueillent les drones avec méfiance. 42% ont répondu qu’ils seraient «très inquiets» à la question: «A quel point seriez vous inquiet si les forces de l’ordre américaine commençait à utiliser des drones avec des caméras haute technologie?». Les questionnés refusent aussi (à 67%) l’utilisation des drones lors de dépassement de vitesse... mais sont cependant largement favorable à l’utilisation des robots pour le contrôle de l’immigration illégale (64%), la poursuite des criminels (67%) ou encore pour des missions de recherche et de secours (80%)...

Autrement dit, on se retrouve dans un cas de figure complexe, où le fautif est le plus puissant, où la liberté de chaque être humain de la planète est mise en danger par ces milliers de drones au nom de la lutte contre le terrorisme, et dont personne ne parle de toute façon. Une affaire comme ça devrait ébruiter les médias du monde entier pendant des semaines, et n'est mentionnée, en gros, que sur ces sites (qui sont mes sources):

http://www.rue89.com/2012/12/29/apres-lirak-et-lafghanistan-les-drones-envahissent-le-ciel-americain-238186

http://www.wsws.org/francais/News/2012/fev2012/pers-f23.shtml

http://www.marianne.net/obj-washington/Assassinats-cibles-de-citoyens-americains-a-l-etranger-les-famille-reclament-justice_a122.html

Signaler ce texte