A la terrasse du café
onii
Assis à la terrasse des cafés, nous avons toujours l'air idiots. Présents sans l'être dans cet espace temps, nous attendons tous quelque chose. Que ce soit l'être qui s'apprête et nous rejoins, celui qui ignore nos pensées tournées vers lui, ou ce sourire, cette parole, si proche à la table voisine, celle de ceux que nous ne voyons plus.
La cristallisation de toutes nos frustrations est déposée à la terrasse des cafés comme tant de mégots à moitiés finis, brûlés par l'envie, dont la fin ne mérite jamais plus qu'un coin de bitume.
J'inspire une derrière fois l'épaisse fumée, me brûlant au passage, et je jette enfin l'illusion de plaisir à terre, afin qu'elle rejoigne l'éternelle abysse du manque et de la solitude.
L'envie me consume et tout comme le mal qui règne en mon cœur, elle est fustigée par ces faux-semblants, ce masque de rires éclatés, feints et insipides et pourtant si salvateurs pour nos egos.
Je pleure cette humanité dépourvue de fin, éternel recommencement, somme nulle d'un jeu sans règle, pour lequel nous nous battons avec acharnement pour une réussite compromise.