Terre de pluies vertes
Antoine Fantin
Au loin la vieille mer en tremblant
remue sa limaille grise que seul apaise
le vol fou criard des goélands
qui sont des échos perdus de la falaise
Le vent agite l'étole de la pluie
où reluit l'automne impressionniste
le pourpre l'or la moisissure l'ancolie
mouillent la porcelaine d'un ciel soliste
Le silence noir d'un homme sur le chemin
le glas rouillé d'un hameau qui s'étonne
nouant la solitude à l'indistinct
sur des rivières où gondolent les aulnes
O terre de pluies vertes
O ma tristesse d'écorce
j'ai de toi cet amour
qui s'ouvre pour mourir
Puis le pays ferme ses yeux
devant ses forêts nues de cimes ivres
jetant leurs bras osseux jusqu'aux cieux
sertis des mille éclats d'un premier givre
La nuit s'éclaire - d'un peu - de flocons blancs
qui enflent le silence à rendre sourd
l'odeur des cheminées semblant
des sentiers égarés au loin des bourgs
Le dessin sur le silence des fenêtres
les yeux séchant sur les brumes du soir
s'émaillent et finissent par disparaître
au loin des jours qui vont sans un regard
O terre de pluies vertes
O ma fenêtre de buée
j'ai de toi cet amour
qui m'efface pour te venir…
paroles : Antoine Fantin