This is the End
jean-marcel
The End
Je suis là, comme un gland. Le cul vissé dans mon canapé depuis trois semaines. Une loque. Un raté. Un bon à nib. Un zombie. Pas le courage de me lever. J’ai les guibolles en pâté de foie. Pas envie de me laver. Marre de sentir bon. Pas faim. Mon estomac s’est trop rétréci. Envie de voir personne. Pas envie de parler. Tous des cons. Pas envie de faire semblant d’être heureux. Pas envie de lire. Pas moyen de me concentrer sur un bouquin. Impossible d’ouvrir la moindre bande dessinée. Une main dans le slip pour me gratter les baudruches qui pendouillent, abandonnées à leur triste sort. L’autre main sur la télécommande, les doigts qui pianotent sans relâche sur les touches graisseuses.
Ma télé fait des heures supp. Elle travaille plus quand je gagne moins. Je ne l’éteins pas depuis je ne gagne rien. Du soir au matin je fixe l’écran qui me rattache encore à la vie, à la vie d’avant, à la vie des gens normaux. Je zappe de plus en plus vite. Les émissions de cuisine débiles succèdent aux jeux stupides. Une blondasse coiffée à la Barbie, à poil dans une combinaison hyper-moulante, présente un télé-achat à la con. Un écrivain sale comme un peigne se prend pour Hemingway tandis qu’un metteur en scène, les narines toutes blanches, dégueule sa bouillie verbale insignifiante. Des canassons au bout du rouleau franchissent la ligne d’arrivée. Deux jockeys se donnent l’accolade. Un vieux beau se pavane avec une siliconée en travaux. Photo pour la troisième place. Vraiment rien à foutre de ce Barnum.
Je plains le flic ou le pompier qui découvrira mon corps. Intérêt d’avoir du Fly-Tox pour les mouches et une pince à linge pour l’odeur. Encore un qui ne vole pas ses mille cinq cent euros nets par mois. Allez, courage mon gars, ramasser la merde c’est un boulot comme un autre. Et les gens du voisinage, interrogés par France 3, de commenter, les yeux humides. Si c’est pas malheureux. Un garçon si gentil, qui aimait les animaux et tout ça. Un bon travail. Une gentille femme. Des jolis enfants, biens polis. On ne comprend pas. C’est terrible, je suis bouleversé.
Rien à comprendre. Rien à expliquer. Rien à voir. Circulez. Rangez votre matériel. FR3 Pétaouchnoque go home. Retournez à votre téléfilm merdique où les divorcées sont potes comme cochons et recouchent ensemble sous le regard satisfait de la marmaille réunie dans la maison de campagne en Normandie. Retournez à votre adaptation de Maupassant chiante à mourir, interprétée par des acteurs en fin de cycle affublés de rouflaquettes ridicules. Retournez à votre débat puant où des spécialistes qui avaient tout prévu nous expliquent des événements imprévisibles. Retournez à votre émission de bricolage bidon, à votre recette de cuisine pour bobos désœuvrés, à votre téléréalité en placo-plâtre, à votre match de foot où des milliardaires analphabètes crachent comme des tuberculeux sur une pelouse synthétique.
Mon canapé s'appelle Titanic. Bing. Refus de priorité. Le glaçon géant venait de la droite. Je coule à pic. Je m'enfonce dans les grands fonds. Mon canapé s'appelle World Trade Center. Paf. Un avion en pleine tronche. Un million de gravats sur le ventre. J'attends les secours en sifflant Raindrops keep falling on my head. Des années à me déchirer pour mon boulot. Et puis Badaboum. Viré comme un blaireau. Déposé comme une bouse fraîche dans la rosée du matin. Ma femme se casse. La porte claque. Mes gosses se barrent. La porte reclaque. Je me jette dans le canapé. J'allume la télé. Mon arme de destruction massive ? La zapette. Mon Luger. Mon Smith et Wesson. Foutu pour foutu. Je flingue à qui mieux mieux.
Au milieu des vignes, Nathalie Baye roule un patin à Francis Huster. Musique sirupeuse. On sent qu'il y a une couille dans le potage. Pas clair la Nathalie avec son petit air en dessous. Van Damme dérouille un Chinois haut comme l'Himalaya. Ralenti. Le raisiné coule à flots. Ketchup en bidon de cinq litres. Gabin au volant de son bahut. Un Berliet. Le plein de diesel en se roulant une clope avec du tabac gris. Une gonzesse se pointe. Flic-Flac. Deux tartes dans la gueule. Gabin, un homme, un vrai. Pas une lopette de canapé. John Wayne regarde Lee Marvin droit dans les yeux. That's my steak, Valance. James Steward, trouillomètre à zéro, ramasse le bout de barbaque dans la sciure. Un intello chez les mongoliens. Un non-violent chez les barbares. Jerry tape sur une machine à écrire qui n'existe pas. Jerry le cinoque dans un monde trop sage pour lui. Un air d'harmonica. Il était dans l'Ouest. Une fois. Le fils de Gengis Khan et de Pancho Villa avec un zeste de Geronimo. Le loup des steppes sur le quai de la gare. Les cercueils sont prêts. Trois s'il vous plaît. Et de la bonne came. C'est ma tournée.
Fatigué. J'ai plus l'image. Rien que le son.
Eteins la lumière, montre moi ton côté sombre. Partir un jour, sans retour. Cargo de nuit. You are the sunshine of my life. Il suffira d'un signe. Noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir. Non, rien de rien. Un beau jour, ou peut-être une nuit. This is the end beautiful friend...
L.A. Woman
Je me sens bien. Pas d'angoisse. Pas de lumière au bout du tunnel. Zéro gyrophare. Pas d’extrême-onction. Pas d'odeur de sapin. Ni de formol. Que dalle. Je me balade. Tranquille. Maillot de corps fatigué. Poils sous les bras. Arôme tartiflette. Slip douteux tendance kaki. La classe. Le roi du French kiss. Votre serviteur. Nathalie, prends garde à toi. J’ai une haleine de ragondin. Penicillium Roqueforti. Terminé les bisous de cinéma avec le vigneron pommadé. Là c’est du sérieux. Plus question de phrases sobres. Ni de révolution d'Octobre. Roulage de pelle qui ébranle les amygdales. Elle avait un joli nom mon guide. Le pinard va être costaud cette année. Bohringer presse la grappe. C'est beau une vigne. La nuit. Tsunami de cirrhoses en prévision. Alerte rouge.
Pochette de disque. Rouge. Une fenêtre jaune avec quatre chevelus. Celui de droite avec une barbe de pâtre grec. Jim. Galette sur la platine. Elle saute du lit. L.A. Woman. Elle sort de l'alcôve. L.A. Woman. Elle danse. Nue. L.A. Woman. Nous chantons à tue-tête. L.A. Woman sunday afternoon. Une saloperie de petite larme roule sur ma joue. Mon cœur s'emballe. Ses bras autour de mon cou. Souffle chaud sur mes lèvres. Il faut lui dire. Je tente. T'as de beaux yeux, tu sais. Regard surpris. Elle attend autre chose. Elle m'embrasse. Déçue. Pas compris. Trop con. Puceau du cerveau. Léger duvet sous le pif. Guerre des boutons sur le front. Un gamin. Elle veut Rhett Butler. Elle veut Brando.
J’entre dans le saloon. La télécommande en pogne. Je vais jusqu'au bar. En marche arrière. Je viens d'inventer le moonwalk. Un cow-boy à tête de veau s’approche de moi. Un gougnafier de première. Celui qui a peint mon cheval en vert. Il veut passer la deuxième couche. Un coup de zapette dans le bas ventre. La bouche ouverte à la recherche de l’oxygène perdu. Je lui enquille mon Marine Band dans le gosier. Il s’écroule en jouant My Darling Clémentine en do dièse. Il ne connaît même pas un morceau des Doors. Pauvre mec. Il ne sait pas à qui il a affaire.
Sur les quais. Promenade. Main dans la main. Le Rhône en crue. Des troncs énormes, charriés comme des allumettes. Bing. Bang. Dans les piles du pont de l’Université. Un clodo nous tape une cigarette. Sympa. Instruit. Il nous parle de Gabin. Gueule d’Amour. Pépé Le Moko. Les Cahiers du Cinéma à lui tout seul. Elle se marre. Hi. Hi Hi. Petite musique emportée par le vent glacial. Chocolat brûlant dans un bistrot du vieux Lyon. Pieds gelés. Besoin de chaleur. Besoin de câlins. On rentre chez nous. En riant.
Un coup d’œil dans le miroir. J’ai la tronche d’Henry Fonda. La fossette de Kirk Douglas. Je me regarde l’entrejambe. Wouahou. La production n’a pas lésiné. Monté comme Charles Bronson. En 3D s’il vous plaît. Enfin un premier rôle. Pas beaucoup de texte mais des arguments. Claudia déballe ses seins. Dorés. Petits pains. Tout chauds. Je dégaine. Sergio Léone hurle. Coupez. Elle est bonne.
Sous les toits. Nos rires réveillent le voisinage. Des vieux. Qui baisent plus depuis René Coty. On les emmerde. Pas le temps de faire le lit. L'Amour en continu. Jour et nuit. La piste aux étoiles. Lion de l'Atlas. Trapèze volant. S'il te plaît, va tourner le disque. La face B est géniale. Chute du plumard. Je me fracasse. Sans filet. Le cul à l'air. Rires. L.A. Woman. Are you a lucky little lady in The City of Light.
Whitechapel. Planquez-vous. Mayday. Mayday. Aux abris les tapineuses. Jack is back. Ma zapette-rasoir se régale. Petits ventres blancs. Tchic Tchac. Pamplemousse bien juteux. Abricot à la peau fine. Aïe. Aïe. Aïe. Et oui les morues. Ca coupe. C'est du Laguiole. Authentique. Avec l’abeille. Elle m'accoste. C'est elle. Elle est revenue. Ouf. Marre d’attendre. Je lui tends la main. Je ne vous connais pas Monsieur. Je m'appelle Elizabeth Short. Future star de la Métro. Los Angeles County. Mon petit Dahlia. Je voudrais pas crever. Sans avoir connu les chiens noirs du Mexique. Sans te serrer contre moi. Une dernière fois. Viens. Elle me gifle. Encore. Encore. Encore. La tronche en steak tartare. Coups de poings. Dans la poitrine. Mes côtes se brisent. La vache. Dégustation. Buffet campagnard gratuit. Je lâche ma zapette. Je m'effondre. Gros tas de merde sur le pavé londonien. Coups de pompes. Dans les bijoux de famille. Malaise. Je gerbe. Adieu la vie. Adieu l’Amour. C’est à Craonne, sur le plateau, qu’on va laisser notre peau. Hello Jim. J'arrive. Je joue un peu d'harmo. On fera un bœuf ensemble. L.A. Woman. Or just another lost angel. City of Night...
Regard bovin. Monique. Piqueuse d'élite. A l'hosto, elles s'appellent toutes Monique. Ou Sylvie. Ou Nathalie. Bavarde. Elle déroule sans prompteur. Les voisins. L'odeur. La musique à fond. Soldats du feu. Samu. Tartes dans la poire. Petit coup de deux-cent vingt dans le buffet. Miracle dans la 34ème rue. Hosanna. Fameux toubib. Le Ritchie Blackmore du diagnostic. Redonnerait vie à une paupiette de veau congelée. Tuyaux de partout. Pipeline dans la bouche. Une raffinerie. Catastrophe. Bhopal. Bip. Bip. Capitaine Kirk. Vous me recevez. Les Klingons arrivent. Faut sauver Enterprise.
Monique me tend une télécommande. On vous a mis la télé. Douleurs. Ouille. Ouille. Ouille. Bouge la main. Doigt d'honneur...
Baker Street
Psychiatrie. Etat mélancolique aggravé. Je chiale en regardant Derrick. Zappe. Maigret bourre sa pipe. Zappe. Pêcheur en short sur le Mékong. Zappe. Andouillette marchand de vin. Zappe. Consonne. Voyelle. Consonne. Voyelle. Six lettres. Pas mieux. C'est à vous monsieur Chombier. Prurit. Applaudissements. Pas la force de rire. Ni de sourire. Tout m'indiffère. La connerie me submerge. Dring. Dring. Nathalie. Un petit Prozac en plus. Ce serait possible. Ni vu ni connu. La Sécu en déficit. Rien à braire. Mettrez sur ma note. Nervous breakdown.
Lyon. Ville aux trois collines. Fourvière. Colline des cathos. Croix-Rousse. Colline des canuts. Vinatier. Colline des cabossés. Asile de fous. Haut lieu de la dinguerie. Woodstock des givrés. Un grand parc pour se perdre. Ou se retrouver. Des prés pour gambader en hurlant. La bave aux lèvres. Entonnoir sur la caboche. Esplanade spacieuse. Campus pour redoublants multirécidivistes. Pendant la guerre les dingos ont bouffé l'écorce des arbres. Bu leur pisse. Maintenant ça va. Les restrictions sont terminées. Démocratisation de la viande de dinde. Pour la soif Evian sponsorise. Piaule aux petits oignons. Mobilier robuste. Lit scellé dans le sol. Murs capitonnés. Porte sans poignée. Fichet-Bauche. Œilleton de surveillance modèle Alcatraz. Judas. Pour voir si Jésus revient sauver le service public. Activités multiples. Macramé nœud-nœud. Poterie New Age. Patchwork polychrome. Découpage avec ciseaux à bouts ronds. Gommettes à collage linguale. Dessine-moi un mouton. Bêêê. Grosse flemme. Corps amorphe. Tête vide. Jamais su dessiner. A part la tête de Pif le chien. Et encore. Faut faire un effort pour le reconnaître. Un peu de bave sur le Canson. Je tire une langue de six pieds de long. Normal. Les cachetons me font saliver comme un clébard.
Victoria Station. Elle s'écroule sur son sac à dos. Vingt heures de voyage. Toujours le sourire. Même fatiguée. Caractère en or. Perle rare. Bijou. Un coup d'œil au kiosque à journaux. Pope is dead. Paul the Sixth a cassé sa tiare. Vont sûrement trouver un septième. Ou commencer une série. Fais du feu dans la cheminée. Les tabloïds persifleurs. Moqueurs. On rigole. On s'en fout. On veut voir Londres. Et ne jamais mourir. Nos chemins ne mènent pas à Rome. Première nuit sinistre. Une ruelle à la Dickens. Hôtel boui-boui. Moquette épaisse qui sent l'urine. Le proprio à la gueule en vrac. Souvenir du Blitz. Eclat d'obus dans la mâchoire. Recousu de travers. Sorti tout droit des studios Hammer. Un Picasso en live. Terrifiant. Accent cockney prononcé. Rien compris. Elle flippe. Moi aussi. Earl's Court. Quartier turc. B and B douillet. Lit grand comme un stade. Wembley à guichets fermés. Douche dans le couloir. Continental breakfast. Yes. Please. Un disquaire de folie. Soho. Regent Street. Une montagne de vinyles. Neufs ou d'occasions. King Crimson. Sparks. Caravan. Pink Floyd. Musique à tous les étages. Nirvana du rocker. Extase suprême. Bouffe dans un Wimpy's. Incroyable. C'est bon. Cinéma à Covent Garden. Revenge of the Pink Panther. Peter Sellers fait un malheur. Les gens fument. Mangent. S'engueulent. Chantent. Bordel indescriptible. La fête du slip. On se marre comme des baleines. Rien compris au film. Londres en long. En large. En travers. Des Punks. Des Hell's. Des Krishnas. Anarchy in the UK. St James Park. Regent's Park. Hyde Park. Roulades dans l'herbe. Baisers sans fin. En apnée. C'est bon l'Angleterre. God save the Queen.
Anafranil. Mon amour. Le dealer s’appelle Nathalie. Voilà vos gouttes. Laroxyl. Saveur papaye. Je baille. Prenez bien vos cachets. Tranxène. Témestat. Boire un petit coup. C’est agréable. Hop. Cul sec. Derrière la cravate. Guérison à l’horizon. Dong Dong. Embarquement immédiat. La croisière s’amuse. Bienvenue à bord. Voici Isaac. Notre barman. Grand sourire fluoré Gibbs. Spécialiste du cocktail médicamenteux. Je pars. Shooté comme un coureur du Tour. Echappée solitaire dans le Beaujolais. Yvette Horner. Debout sur le toit de la Traction avant. Elle envoie du Deep Purple. Sans ampli. A la force du poignet. Le vent de face. Tark touf . Tark touf. Le batteur est une pointure. Vingt ans chez Moulinex. Je baille. Tomber de rideau. Extinction des feux. Rêves en couleur. Lazy. You just stay in bed.
Tara King me tient la main. Venez Steed. Ils veulent nous tuer. Je la regarde. Wouahh. Linda Thorson. Six pieds deux pouces avec ses bottes. Brune aux yeux verts. Vert comme le green de Saint Andrews. Lèvres tendres comme un Toffee. Style je viens de sortir du lit. Toute chaude de sommeil. Réponse du tac au tac. Après le thé. Ma chère. Humour britannique en rafales. Niveau BBC. Steed. Mère Grand nous attend. Demi-tour. Canne épée. J'embroche un Russkoff. Un mal élevé. Un primitif. Adepte du collectivisme. John Steed. Dix ans à Shaolin. Même classe que James Bond. Royal Navy. Tobrouk. Hastings. Les Malouines. Trafalgar. Au service secret de sa Majesté. Klaxon. Autobus à impériale. Des gosses me sourient. Get on board. Get on board. Come and join the Double-Deckers. Je soulève Tara. Une brindille. La cloche sonne. Le bus démarre. Basil Rathbone contrôle les billets. Vous. Vous êtes français. Chapeau Sherlock. Comment avez-vous deviné. Peau de saucisson sur le col. Taches de vin sur vos godasses. Houla. Fort le limier. Très fort. Special guest star à Scotland Yard. Vous descendez où. Baker Street.
Windin' your way down on Baker Street. Light in your head and dead on your feet.
Kimono my House
Liberté. Liberté chérie. J’écris ton nom sur mon ordonnance. Trois pages. Ecriture serrée. Longue comme un dimanche sans Drucker. Je l’agite. Un trophée. Etendard arraché dans la bataille avec les psys. Récompense. Malade appliqué. Fait des efforts. Bonne conduite. Ne bavarde pas en classe. Premier en section pâte à modeler. Félicitations du jury. Bon de sortie. Carte Vitale. Ne passez pas par la case départ. Ne touchez pas vingt mille. Ordonnance format A3. La fortune du pharmacien du coin. Le loto du pharmago. Adieu la nef des fous. Je suis guéri. Guéri pour eux. Bourré de médicaments mais guéri. Je peux vivre normalement. Normalement pour eux. Comme tous les gens normaux bourrés de médicaments qui vivent normalement. La normalité quoi. Près d'une officine. Livraison à domicile. Tiers-payant. Part mutuelle. Tout le Tralala. Le trip remboursé à 100%. Highway to hell. Livin' easy. Lovin' free.
Maladie connue. Classée. Cataloguée. Amnésie antérograde. Syndrome de Korsakoff. Sans Rimski. Juste Korsakoff. Joli nom. Un côté symphonie du Nouveau Monde. Avec des cuivres et la grosse caisse. Boum Boum. Tin Tin Tin. Exaltation du socialisme qui renverse les montagnes. Planification du bonheur. Le rouleau compresseur du Progrès social. L’avenir est devant nous. Du passé faisons table rase. Une vie nouvelle. Une nouvelle vie. Je ne sais pas trop dans quel ordre.
Petit tour à la Fnac. Pas mal de rééditions. Santana. Crosby Still and Nash. Je saute sur Kimono my House des Sparks. Merveille. This Town Ain't Big Enough for Both of Us. Pas une ride. Le riff de génie. Les frères Mael. Le must. Le chevelu et l'autre. La tronche d'Hitler. Moustache timbre poste. Regard méchant. Des clowns musicaux. Tout compris les gaillards. Un train d'avance sur les autres. Au moins. This Town Ain't Big Enough for Both of Us.
Edimbourg. C'est loin. Trente ans derrière. Deux papes. Trois présidents. Une seule femme. Elle. Qui n'est plus là. Princess street. Bras dessus. Bras dessous. Promenade. Découverte. Les Ecossaises n'ont pas froid aux cuisses. Jupes courtes malgré le soleil timide. Elles ont les joues rouges. C'est l'air venu de la mer du Nord. Pas la honte. Une fusée de pierre noire. Gothique. In Memory of Walter Scott. Le Victor Hugo scottish. Sont cintrés pour faire un monument pareil. Ou très admiratifs. Un pays où le génie de l'écrivain est reconnu. Ca existe. Serrement sur le cœur. Serment sur la vie. Never. Never. Jamais je ne te quitterai. Trop de joie. Trop de bonheur. Trop d'un seul coup. Trop beau pour être vrai. Beau comme un film de Minelli. Brigadoon en cinémascope. Avec nous dedans. Cyd Charisse. Gene Kelly. Waverley Bridge. Jeunot qui s'époumone dans une cornemuse. Vingt pences dans la coupelle. Mérités. Sacrée vacherie cet instrument. On se marre comme des bossus. On esquisse deux pas de danse. Brigadoon. La fête au village. Faudra attendre cent ans avant la prochaine. Dansons maintenant. Rien d'autre à faire.
Déambulation dans les rues de Lyon. Personne à qui donner la main. Trop de gens. Je regarde des femmes qui ne me voient pas. Trop de bruits. Je parle à des gens qui n'entendent pas. Trop de bagnoles. Des gamins qui braillent. Des vieux qui se mouchent. Des pompiers qui pimponnent. Des Roumains qui folklorisent. Des minettes qui caquètent en tordant du cul. Odeur de frites pourries. Les MacDos sont pleins. Gamins qui se la pètent. Coiffures au gel. Acné en cours. Gamines qui se la jouent. Nichons en avant. Les Wonderbras ne sont pas pleins. Eux. This Town Ain't Big Enough for Both of Us.
Le métro couine au freinage. Ding Dong. Annonce au micro. Incompréhensible. Tu Tu Tu Tu Tu. Les portes se ferment. Une vieille coince son cabas. Elle gueule. Et merde. Bande de cons les TCL. Les portes s'ouvrent. Tu Tu Tu Tu Tu. Les portes se referment. Un contrôleur regarde la vieille à travers la vitre. Le métro s'ébranle. La vieille fait un bras d'honneur. Espèce de guignol. Va te faire mettre. La journée commence bien. Un vacarme. Sacré merdier. A deux doigts de faire demi-tour pour retrouver ma cellule douillette. Ma zapette de compète. Vite. Je rentre chez moi. Vite. Me jeter dans le canapé. Retour. My sweet home. Guéri.
Ce parfum. Que je ne peux pas oublier. Charlie. Elle est venue chez nous. Je le sens. Je cours dans la baraque. La pompe sanguine à plein régime. Boum Boum Boum. Les tempes gonflées. Sur la platine un disque des Doors. L.A. Woman. Message sublime. Subliminal. Un bouquin sur la table basse. Couverture verte. Guide Michelin. Londres. Je l'ouvre. Cannes tremblantes. Plus une goutte de salive. Première page. Dédicace. Cette ville est bien assez grande pour nous deux. Je t'aime. C'est tout. C'est beaucoup. C'est énorme. J'enquille Kimono my House dans le lecteur CD. Ce soir j'arrête les cachets. J'arrête de me souvenir. J'arrête les conneries. Je balance la zapette. J'installe mon fauteuil devant la porte. Guide Michelin sur les genoux. Les voyages forment la jeunesse. Et déforment les chapeaux. Je ris. Je pleure. Elle va venir me chercher.
L.A. Woman sunday afternoon. Je t'attends.