Timbuktu - Abderrahmane Sissako
Alice Grenon
Sorti en 2014 et réalisé par Abderrahmane Sissako - merci mec pour ton blase irretenable - Timbuktu a reçu pas moins de 7 oscars dont ceux du meilleur film et du meilleur réalisateur. Autant dire que ça valait au moins un visionnage.
On en est sortis tous retournés. Non pas qu'on ignorait la situation au Mali et les horreurs qui s'y passaient, mais on n'avait jamais vu ça de si près. Car le réalisateur prend ici le parti, plutôt que de nous en montrer un aperçu global, de nous exposer des tranches de vie, nous amenant au plus proche de ces personnages.
On commence donc par voir de simples scènes du quotidien, et au début, on les trouve même légères, on y voit de l'espoir, on imagine une porte de sortie, on croit encore un peu en l'humanité des membres de l'EI. D'ailleurs ils le sont, humains, ils ont aussi une vie, des centres d'intérêt, ces gens. Ils parlent de football, ils aiment danser. On comprend vite qu'eux même ne sont pas capables de supporter les restrictions qu'ils sont chargés d'imposer, qu'ils sont entrés dedans par désœuvrement, par peur peut-être, de prendre trop de coups en ne ralliant pas la cause.
Et puis l'histoire avance et la tension monte crescendo, jusqu'à l'explosion finale, puis le noir. Générique. Entre le début et la fin, on n'a rien vu venir, on n'a pas vu les étaux se resserrer, où l'on n'a pas voulu les voir. Avec tant d'humanité montrée, tant d'intimité dévoilée, difficile de croire à l'horreur avant d'en faire le constat. Et puis l'on se rend compte que ça se passe sûrement comme ça pour de vrai, là-bas à Tombouctou.
C'est un film électrochoc, qui permet de comprendre la situation bien mieux que 50 documentaires sur le sujet. Et on vous le conseille.