Toi, la maladie

elora-maisie

« Douze années que tu es dans ma vie. Douze années que tu fais partie de moi. Tu es arrivée par une belle journée d’été, sans crier gare. Sur place, tu m’as foudroyée. Pendant des mois, je n’ai pas pu marcher. Je pensais que tu ne faisais que passer, mais petit à petit, tu t’es installée. Tu as fait ton nid et peu à peu, tu t’es emparée de mon corps sans que je puisse t’en empêcher. Comme mon corps ne te suffisait pas, tu as monopolisé mes pensées et les as assombries. Mon esprit embué, cherchant à comprendre le « pourquoi » et le « comment » est devenu esclave dépressif. En quelques mois, tu avais le monopole sur ma vie. Tu as balayé mes projets, anéanti mes envies. Pendant cinq longues années, les cachets étaient devenus mes compagnons d’infortune. Ils avaient fait de moi un automate qui n’aspirait plus à rien dans la vie, juste que cette douleur chronique et lancinante qui me parcourait le corps tout entier, s’arrêterait un jour. Faux espoirs. Il y a quelques mois, j’ai appris que toi et moi ce serait pour la vie. Je me suis trouvée abattue, déboussolée et je n’ai pu m’empêcher de m’effondrer.  Après un long cheminement, je t’ai enfin acceptée. Je me bats tous les jours en sachant que ce n’est plus toi qui dirige ma vie, tu l’orientes dans un certain sens uniquement. Tu ne me définis pas, tu es juste une part de moi. Je reste une personne à part entière avec mes envies, passions, qualités et défauts. Certes, tu seras toujours là mais sache que je ne baisserais pas les bras, même si je sais que certains jours seront plus pénibles que d’autres. Chaque infime moment de joie je le saisirais. Chaque petite parcelle de bonheur je la savourerais, ne sachant pas si je serais capable d’en profiter le lendemain. Le plus dur restera de me battre contre les préjugés que tu émanes, car l’invisible fait tout autant de dégâts que le visible parfois.» (Toi, la maladie)

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