Tomber dans le vide

Encore une journée s'était écoulée. Une de plus. Une mauvaise de plus devrait-elle dire.
Encore et toujours les mêmes problèmes. 
Ce sentiment de renfermement.
Elle avait, certes, ce qui pouvait se rapprocher le plus d'amis. Mais elle ne pouvait ou ne voulait, de toutes façons entre les deux il n'y a qu'un pas, rien dire.
Par pudeur ? Elle n'en savait trop rien. Peut être que l'impression de n'être écoutée que d'une vague oreille y était pour quelque chose. 
Elle détestait cette expression qu'ils affichaient tous, cet air de profond ennui, lorsqu'elle parlait de ses problèmes. 
Enfin. De ses plus légers. 
Les autres, elle les gardait pour elle, tentant de les enfouir au plus profond d'elle même du mieux qu'elle pouvait.
Juste... oublier.
Mais parfois ils revenaient en force, petits détails faisant de gros dégâts. Dans ces moments là, elle avait l'impression d'étouffer,  se contrôlant au mieux. Pour rester forte, au moins en apparence.

La nuit était tombée, la pâle lueur de la lune se reflétait sur le miroir situé en face de la fenêtre. 
La fenêtre qui était ouverte. 
Le vent s'y engouffrait, faisant voler le rideau.
Alors la solution lui apparut. Une porte de sortie.
Elle ferma les yeux, secouant la tête. Non, elle ne céderait pas à la tentation. 
Paupières closes, elle avança un pied. Puis un autre.
Encore un pas et elle put grimper sur le rebord.
Seulement quelques centimètres la séparaient du vide, et de la délivrance. 
Il suffisait juste d'avancer le pied.
De faire un pas. Un seul.
Et tout ses problèmes disparaîtraient. 
Les larmes se mirent à couler le long de ses joues.
Ce pas, elle le fit. 
Elle se sentit tomber, de plus en plus vite. 
Sentant que le sol se rapprochait, elle ouvrit les yeux.

Elle était toujours sur le rebord de la fenêtre, haletante. Le vent lui fouettait les cheveux. Ses larmes coulaient toujours.
Elle ne l'avait pas fait. Elle était encore en vie.
En vie.
Elle ne céderait désormais plus.
Elle était maîtresse de sa vie.