T'oublier

Je savais que ce serait difficile… Même bien avant de décider de tout arrêter. Je savais que je ne sortirai pas indemne de notre histoire. J'ai espéré que tout puisse bien se passer, qu'on puisse s'accorder, trouver une certaine harmonie, pendant un certain temps. S'aimer, tout simplement. Je crois que nous avons essayé, nous y avons même un peu goûté. Mais quand tout devient trop compliqué, qu'une distance s'installe tellement qu'elle nous blesse de ne pas parvenir à la briser, quand nous n'arrivons plus à communiquer, quand on se sent bloqué dans une impasse qui oblige à se faire du mal pour en sortir… Il fallait rompre ce nous, malgré les sentiments et le manque. Parce que, malgré les bons moments passés ensemble, les étincelles extraordinaires, cette connexion unique qu'on croyait avoir, la tristesse accumulée prend le pas sur l'extase éphémère qui semble impossible à retrouver. J'aurais aimé ne jamais avoir à te quitter. Je savais que j'aurais mal, longtemps. C'est pour ça que j'ai coupé tous les ponts, d'un coup, du jour au lendemain. Première étape du sevrage : enlever tout ce qui me lie à toi, tout ce qui vient de toi, tout ce qui me fait penser à nous. Je t'ai supprimé en quelques clics sur tous mes appareils. J'ai jeté tous les objets que tu avais laissés chez moi, les uns après les autres. Radical. On pourrait penser que c'était simple à faire, que j'ai tourné la page en rien de temps, que tu ne comptais pas plus que ça pour moi, mais c'est tout le contraire… Parce que ça aurait été trop douloureux de garder un lien si différent de celui que nous avions, en sachant pertinemment qu'on ne serait plus jamais amoureux. Inquiète du nombre de jours qu'il faudrait pour ne plus penser à toi dès le réveil, au plaisir disparu, si intense, d'ouvrir les yeux à tes côtés, j'ai voulu tout effacer. Mais il n'y a pas de remède contre ce que nous laissons derrière nous, ce qui n'est pas palpable et qui revient toujours sans prévenir, les chansons que nous avons écoutées, les films que nous avons regardés, les rues dans lesquelles nous avons marché, les discussions que nous avons eues, ce que tu aimais, tes gestes, tes expressions, et tout ce qui me fait instantanément penser à toi à la moindre apparition… Combien de temps faut-il pour voir ces souvenirs, ces images, se dissiper ? Combien de larmes doivent couler pour réparer un cœur brisé ? Chaque histoire d'amour est différente. Mais si tu le sais, rassure-moi, s'il te plaît. Si seulement il était possible d'appuyer sur un bouton et de vider la corbeille… Revenir en arrière, ne rien commencer ensemble – si j'avais su que je me sentirai fragile après t'avoir rencontré. A avoir comblé un vide entre mes bras, j'en ai créé un autre, encore plus toxique et tenace. Ou juste avancer suffisamment dans le temps pour me sentir à nouveau vraiment moi-même, ne plus être au bord des larmes quand ma vie sentimentale m'effleure l'esprit, ne plus me demander si j'ai eu raison ou pas, si tu vas bien, si j'arriverai bientôt à effacer définitivement tes dernières traces… T'oublier, tout simplement.