Touche à Touche Part 3
Mini Pouce
Notre prochain rendez-vous était fixé pour la semaine prochaine.
De retour chez moi j’étais comme une enfant, j’expliquais tout ce que j’avais pu apprendre à ma famille, tous les gestes et toutes les notions, je faisais même des démonstrations sur ma table de cuisine. J’ai toujours été une grande enfant et mon plaisir a toujours été de mimer toutes les choses que j’expliquais. Mes enfants adorent me voir agir comme ça, ma fille éclate toujours de rire à chaque fois. Mon mari n’a jamais rien dit il s’en amuse et parfois il regrette que je ne sois pas plus sérieuse devant les enfants, je devrais être un modèle pour eux et non pas un clown.
Cette fois-ci le rendez-vous était fixé à 20h, ma semaine était tellement chargée que je ne pouvais pas faire autrement, et il n’était pas question que je me désiste pour ma 2ème séance de piano.
La nuit était tombée quand je suis arrivée chez lui.
Après avoir sonné, j’entendis seulement un « entrez ! »
- Bonsoir monsieur
- Bonsoir Lili, mais si vous me permettez je préfèrerais que vous m’appeliez Jimmy, à nos âges je suppose que je ne porte pas vraiment le même costume de professeur qu’habituellement.
Il n’avait pas bougé de son fauteuil, son verre de whisky sans glace était posé sur la table basse. Des livres ornaient la table et même tous les meubles environnants. Ces livres avaient la particularité de faire parties de la décoration de la pièce et certains avaient trouvé une utilité en tant que meuble.
- Vous voulez boire quelques choses ? Whisky, vin ?
- - Du vin avec plaisir, je crois que ça peut être parfait pour me détendre un peu et affronter ces leçons.
Il sortit de sa cuisine avec un verre à ballon et du vin rouge, me le tendant naturellement. J’en oubliais presque que j’étais ici pour des leçons de piano et que je payais cet homme.
Il prit le temps, du coup, de me poser quelques questions sur moi, mon métier et pour quelle raison j’avais choisis cet instrument, à aucun moment ses questions ne m’ont parus indiscrètes.
- Est-ce votre métier pianiste ?
- Oui et non, c’est un passe-temps qui se trouve être aussi l’occasion de gagner ma vie, loin de la foule et de l’agitation d’un bureau. Mais le temps tourne, passons au piano maintenant.
Je me suis exécutée sans oser poser plus de question, cet homme m’intriguait, il semblait avoir suffisamment les moyens pour bien vivre et pourtant il m’apparaissait comme un Hermite.
J’exécutais les exercices avec méthode mais au bout de 20min de concentration la frustration était très visible sur mon visage, je soupirais à chaque faute. Il m’expliqua qu’il me fallait avoir un peu de patience pour jouer un exercice et que forcément je ne pourrais pas sortir d’ici aujourd’hui en sachant jouer la symphonie de Mozart.
- Vous êtes pire qu’une petite fille de 5 ans, aussi impatiente !
La comparaison venait de m’agacer, je me sentais déjà ridicule à mon âge de prendre des cours et en plus il appuyait directement sur le point sensible. Il sentit ma frustration et me demanda de lui faire une petite place à ma droite sur le tabouret deux places, qui jusqu’à présent n’accueillait que mon fessier.
Il m’expliqua rapidement ce que je devais faire avec ma main droite, juste 2 notes régulières, aussitôt que je compris le rythme il commença a joué une mélodie de l’autre côté du piano. Je pouvais voir nos deux mains sur le piano, j’essayais de rester concentré pour ne pas faire de mauvaise note, mais par moment j’étais tellement concentrée sur la mélodie et sur ses doigts que j’en perdais le rythme, alors il souri et me redonna le rythme.
Je me sentais idiote et en même temps plutôt fière, mes petits doigts accompagnés des siens arrivaient à coexister et donnaient un son agréable à écouter, il en était entièrement responsable mais quand même. La leçon s’arrêta juste après, en quelques mots il m’avait mis dehors.
Je rentrais chez moi avec un grand sourire, l’air un peu béat dans la voiture, j’avais repris confiance. Il avait toujours cette façon d’arriver à me mettre à l’aise, il devenait un peu séduisant et puis brutalement il cessait d’être ce confident et il me remettait très vite à ma place.
Plus les leçons avançaient et plus je prenais à goût à me rendre certains soirs dans sa demeure, son coin caché de tous, loin des tracas de ma famille, et puis je progressais sérieusement.