Tiré de "D'autres vivent encore", que vous pouvez trouver sur Thebookedition.
Je te donne ces vers, toi qui ne m'as pas lu.
Dans ce champignon noir, siège des moisissures,
Tu trouveras le faux ; sous l'azur dévolu
Notre usure voilée déploiera ses fissures.
— Avec la poésie nous procédons ainsi :
Nous buvons l'air concret les lèvres à la coupe ;
Assis au bord des quais où le soleil mincit,
Le temps s'étend autant que le monde à ma loupe.
Il faut trouver la forme ad hoc pour le nouveau,
Jeter tous les vers des vingt dernières années ;
Puis la chose sera moins forte que le mot
Mais elle sera belle ou sera condamnée ! —
Nous formerons du neuf pour le monde tremblant ;
Une graine imbibée par les soirées fardées
Raillera cet amour que vous aimez, amants
Bâtards du téléphone. Et plus tard, vous viendrez,
Nous rejoindrons l'immensité et le barbare,
Ces deux valeurs sacrées avec qui vont les vers.
Notre union vibrera pour l'unisson des arts,
Nos cœurs dépoussiérés sortiront de l'hiver
Sans exaltation, par un autre langage,
Nous trouverons la vie vierge à nous exciter.
Nous verrons la Beauté sous d'autres maquillages
Dans la cendre moisie des nouvelles cités !