Tout va bien

Crystal Esis

Je me suis refait vomir aujourd'hui. Cela faisait un petit moment que je ne m'étais plus retrouvée ainsi, agenouillée près des toilettes, la tête dans la cuvette. Pourquoi aujourd'hui tu vas me dire ? Je ne sais pas... probablement car j'ai craqué sur le muffin et les sablés qui restaient et que je m'en voulais. J'avais oublié à quel point c'est repoussant quand ce n'est pas bien préparé. La préparation, il n'y a rien de mieux pour trouver ça non seulement moins culpabilisant mais aussi presque agréable.
Cette fois-ci, je me suis retrouvée très vite les yeux rouges, larmoyants, le nez coulant un fin filet liquide, la gorge irritée, associée à des quintes de toux indiscrètes. Heureusement qu'il n'y avait personne dans la maison. Ma toux et mes réflexes nauséeux bruyants demeureront secrets.

Tout ça pour aboutir à un rejet plus que décevant. Rien d'autre que quelques minimes morceaux de gateaux.

J'aurais préféré plus... Mais, je n'étais pas préparée. J'avais réussi à l'époque à établir tout un tas de conseils pour évacuer le plus possible sans être épuisé après un rien. Manger de petits morceaux en mâchant longuement. Boire pendant les repas pour liquéfier le tout. Le mieux c'est quand on réussit à stimuler ses glandes salivaires avant, pour que le contact des mains avec le fond de la gorge soit moins sec. Il est nécessaire d'y aller directement après les repas aussi, pour qu'il n'y ait pas trop d'acide, que le goût puisse être encore doux. Un rouleau de papier toilette à côté, bien plein. Une chasse d'eau qui évacue correctement. Un lavabo pour se débarbouiller le visage et s'assurer du retour de sa pâleur habituelle. Sans oublier les indispensables outils de l'hygiène bucco-dentaire.


J'ai encore pleuré aujourd'hui. J'en ai marre de pleurer. Je n'en peux plus d'être malheureuse. Je ne sais pas quoi faire pour aller mieux. J'ai déjà essayé beaucoup de choses. Je n'arrive pas à abandonner. Je ne suis pas prête à abandonner. J'y tiens beaucoup à ces sentiments. Les laisser tomber me changerait entièrement. Pourtant, ils me détruisent peu à peu, à petit feu. Ces crampes qui me contractent tout l'abdomen, ces sanglots qui me remonté jusqu'à la gorge. Des larmes encore et encore. Cette indifférence. Ce refus de ce corps et de cette personnalité qui m'héberge et me pèse, encore et encore. Quotidiennement.


Et toi ça va ? J'espère que toi ça va...

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