Triangle 

My Martin

A6

Lundi 20 août 1984. Deux cousines de 22 ans, Françoise Bruyère et Marie-Agnès Cordonnier appellent leurs familles en Belgique (Liège). Elles arrivent à Mâcon 

Deux jours plus tard, mercredi, elles quittent le domicile de leur ami 

Elles sont aperçues sur le pont Saint-Laurent, sur la Saône 

Plus de nouvelles. Les parents donnent l'alerte 
 


 

Vendredi 14 novembre 1986. Sylvie Aubert (22 ans), caissière à l'hypermarché Mammouth de Chalon-sur-Saône (situé à l'emplacement de l'actuel Géant Casino), quitte son travail à 21 heures 

A mobylette, elle emprunte une route pour rejoindre la maison de ses parents, à Saint-Loup-de-Varennes (8 km au sud de Chalon-sur-Saône) 

Le temps passe. Inquiet son père part à sa recherche. A quelques kilomètres de son domicile, le vélomoteur, le sac à main de Sylvie. Au milieu de la chaussée, une chaussure 

Avril 1987. Cinq mois plus tard, le corps de Sylvie, dans la Dheune, un cours d'eau qui traverse la commune de Géanges (nord de Chalon-sur Saône), à 30 km de son domicile 

Les poignets noués avec un fil électrique. Etranglée   
 

2017. Les gendarmes établissent un rapprochement avec le tueur en série allemand Ulrich Muenstermann. Né en 1958, prédateur condamné pour le meurtre de Sylvie Baton, 24 ans, étudiante en lettres tuée en mai 1989 à Avallon (Yonne). Retrouvée morte dans sa baignoire. Poignet et chevilles attachées, le visage déformé par les coups. Violée, frappée et étouffée 

Recherche ADN. Détenu à Fleury-Mérogis (Essonne), Ulrich Muenstermann nie en bloc 
 

Janvier 2019. Le juge d'instruction de Chalon-sur-Saône rend une ordonnance de non-lieu. Fin des investigations 

Les avocats de la famille de la victime font appel devant la chambre de l'instruction 

Mai 2019. Annulation de l'ordonnance de non-lieu     
 


 

Jeudi 18 décembre 1986. Le Creusot   

Vers 12 heures 30, Christelle Maillery (16 ans) sort du collège pour aller déjeuner chez elle 

Son corps dans le local à vélo d'un immeuble HLM du quartier des Charmilles, à 200 mètres de chez elle. 33 coups de couteau 
 

Les enquêteurs disposent de deux cartes postales, dans lesquelles le meurtre est revendiqué 
 

1990. Non-lieu. Les pièces à conviction de l'affaire -notamment « les vêtements de la victime, ses bijoux, le couteau retrouvé à 200 mètres du lieu du crime »   sont détruites par le service des scellés du tribunal de grande instance de Chalon-sur-Saône 
 

2003. L'enquête menée par un détective privé relance l'affaire 

2005. L'information judiciaire est réouverte 
 

Décembre 2011. Recoupements, témoignages. Jean-Pierre Mura, ouvrier métallier (44 ans, né en 1968 au Creusot) est identifié grâce au couteau du meurtre. Arrestation   

Ancien habitant du quartier des Charmilles, consommateur de drogue et d'alcool. Avant son arrestation, interné en hôpital psychiatrique près de Chalon-sur-Saône. Décembre 1986. Jean-Pierre Mura revenait régulièrement dans le quartier pour fumer des joints avec un ami 
 

Juin 2016. Condamnation à vingt ans de réclusion 
 


 

Samedi 15 août 1987. Bande d'arrêt d'urgence de l'autoroute A6, à hauteur de Saint-Albain (44 km au sud de Chalon-sur Saône). Le corps de Marthe Buisson (16 ans), une jeune fugueuse, pensionnaire d'un foyer pour l'enfance. Le crâne fracassé 

Selon plusieurs témoins, elle a été jetée d'une « grosse voiture claire » 
 


 

Nathalie Maire (18 ans) est entendue par les gendarmes dans l'affaire Marthe Buisson 

2 septembre 1987. Employée saisonnière d'une sandwicherie (baraque à frites) sur l'aire d'autoroute de Mâcon Saint-Albain. Le corps de Nathalie Maire, sur son lieu de travail. Frappée à coups de manche à balai, étranglée avec la rallonge électrique du congélateur 
 


 

Samedi 17 novembre 1990. Bois de Rozelay, près de Montceau-les-Mines, à quelques centaines de mètres de son domicile 

Carole Soltysiak (13 ans). Des chasseurs découvrent son corps nu et partiellement brûlé. Violée, poignardée   

« Quatre coups de poignard ont été portés au thorax. Des traces de strangulation sont relevées »   

Carole a été enivrée, avant de subir des violences sexuelles 

Le sperme isolé par les enquêteurs possède la particularité de ne pas contenir de spermatozoïdes. Anomalie génétique rare, dont Francis Heaulme est atteint 

Francis Heaulme (né en 1959), le « routard du crime ». Reconnu coupable de onze meurtres, dans au moins neuf affaires criminelles françaises. Arrêté le 7 janvier 1992. Condamné à la réclusion criminelle à perpétuité 

L'ADN est comparé à celui du tueur en série et de deux autres hommes qui étaient présents sur les lieux. Sans résultat 
 


 

Samedi 28 décembre 1996. Blanzy (Saône-et-Loire)   

Christelle Blétry (20 ans). Elève au lycée agricole de Verosvres, en stage dans la maison de quartier de Blanzy 

Soirée chez des amis. Vers minuit, Christelle regagne son domicile, à deux kilomètres         

Viol. Mort. 123 coups de couteau 

Le lendemain, vers midi, le postier découvre le corps dans un fossé, le long d'un chemin boueux menant à une ferme isolée 
 

9 septembre 2014. Recherche ADN. Pascal Jardin (né en 1958. 58 ans) est identifié et appréhendé 

A l'époque du meurtre de Christelle (1996), l'ancien chauffeur demeure à Blanzy, lieu de vie de Christelle 

2004. Tribunal correctionnel de Chalon-sur-Saône. Pascal Jardin est condamné pour une tentative d'agression sexuelle avec un couteau sur une jeune femme, Magalie G. 

Libéré en 2005, Pascal Jardin déménage et refait sa vie dans les Landes. Ouvrier agricole 

Il avoue le meurtre de Christelle Blétry. Il signe ses aveux « le monstre » 

6 octobre 2014.  Il impute ses premières confidences à la pression policière. Il se rétracte 
 

Me André Laborderie, avocat. « Pascal Jardin ne souhaite s'exprimer ni avant, ni pendant, ni après le procès » 

22 janvier 2017. Cour d'assises de Saône-et-Loire. Procès 

Expertises. « Dangereux, peu enclin à se remettre en cause et doté d'une forte haine de l'image féminine » 
 

14 Mars 1997. Blanzy. Marie-Rose Blétry, la mère de Christelle Blétry, fonde l'association "Christelle", qui apporte de l'aide aux familles victimes d'agression criminelle -une dizaine de dossiers suivis 

Corinne Herrmann et Didier Seban, avocats associés. Me Corinne Herrmann, avocate de plusieurs familles et spécialiste des affaires non élucidées. « Au cabinet, nous travaillons sur huit dossiers » 
 


 

Vendredi 7 février 1997. Virginie Bluzet (21 ans) passe la soirée avec des amis dans un bar, à Beaune, en Côte-d'Or 

Le 17 mars 1997. Le corps de Virginie est retrouvé en bord de Saône, à Verdun-sur-le-Doubs, après cinq semaines passées dans l'eau 

Virginie a été menottée, bâillonnée, la tête recouverte d'une taie d'oreiller 

Le petit ami de Virginie est suspecté par la police. Sa culpabilité n'est pas établie 
 

Février 2010. Nouvelles analyses, sur des scellés non exploités jusqu'alors. Sans résultat 

 Les investigations se poursuivent, à la demande de la famille de la victime et de ses avocats 
 

Michel Bluzet, le père de Virginie, serein mais déterminé. « Une tache de sang a été retrouvée dans le bâillon. Malgré toutes ces années, on sait désormais que l'on peut retrouver des éléments probants, je croise les doigts » 
 


 

Mardi 1er juin 1999. Disparition à Mâcon, de Vanessa Thiellon (17 ans), apprentie cuisinière 

5 juin 1999. Son corps est retrouvé cinq jours plus tard, dans la Saône, à Mâcon 

Overdose. Vanessa a été droguée et frappée avec sauvagerie (visage méconnaissable). Sa famille reconnaît son corps grâce à ses vêtements. Pas d'agression sexuelle 
 


 

Samedi 19 mars 2005. Mâcon     

Anne-Sophie Girollet (20 ans), étudiante en troisième année de médecine à Lyon 

Anne-Sophie vient de participer à un gala de danse à Mâcon. Elle s'apprête à rejoindre en voiture, son petit ami 

2 avril 2005. Son corps flotte près d'un pont de Mâcon 

Violences sexuelles. Etranglée. Coups reçus au thorax. Mort par suffocation 

La Peugeot 405 d'Anne-Sophie est retrouvée immergée dans la Saône 
 

2012. Prélèvements biologiques, recherche ADN. Arrestation de Jacky Martin (né en 1962). Vols, recels de voiture, récidiviste de l'agression sexuelle. 22 fois condamné avant son premier procès d'assises 

Jacky Martin. " Je suis un voleur, je ne suis pas un tueur. Je n'ai pas tué Anne Sophie Girollet " 
 

29 Septembre 2016. Jacky Martin est condamné à trente ans de prison, assortie d'une peine de sûreté de vingt ans, pour la séquestration et le meurtre d'Anne-Sophie Girollet 

Il fait appel de cette décision 

5 décembre 2018. En appel, Jacky Martin est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité avec une période de sûreté de 22 ans, par la cour d'assises du Rhône, pour l'assassinat d'Anne-Sophie Girollet 

Les avocats de la défense vont introduire un pourvoi en cassation 
 


 

28 juin 2005. Corinne "Anouk" Taret (née en 1968. 37 ans) 

Le corps de Corinne Taret est découvert par sa colocataire à Saint-Pierre-de-Varennes (centre équestre dans une ferme), dans la caravane qu'elles partageaient ensemble. Corinne, le visage ensanglanté, tient une arme dans la main droite 

5 février 2007. Après deux ans passés dans un état végétatif, Corinne Taret décède 
 

Septembre 2021. Non-lieu, contesté par la famille de la victime 
 

6 avril 2022. Non-lieu confirmé. La justice conclut à un suicide et referme définitivement le dossier 

Soutenue par l'association Christelle, La famille de Corinne Taret souhaite que l'enquête se poursuive 

Sa mère, Ghislaine Chaput, est persuadée que sa fille ne s'est pas donné la mort. "Je la vois comme elle était, passionnée, dynamique. Ce n'est pas possible qu'il soit arrivé quelque chose comme ça, c'est impensable. On a eu beau essayé de me faire croire que c'était un suicide, c'est impossible. Ça ne lui ressemblait pas" 

Passionnée de chevaux, Corinne Taret avait créé son propre centre équestre à Saint-Pierre-de-Varennes, au bord de l'étang de Brandon. "C'était son paradis. Elle avait ses chevaux autour d'elle dans les prés et quelques animaux qu'elle élevait" 

Corinne Taret avait des projets et avait même signé des contrats, quelques jours avant de perdre brutalement la vie 
 


 

Région Bourgogne-Franche-Comté. Saône-et-Loire 

1984 à 2005. Neuf ans. Les victimes sont des jeunes femmes, dans un rayon de 200 kilomètres aux abords de l'autoroute A6 

Triangle délimité par Chalon-sur-Saône (nord), Montceau-les-Mines (ouest) et Mâcon (sud) 


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