Trois semaines
lyciagarou
Trois semaines ! Trois semaines que nous faisions comme si rien ne s'était passé, que nous étions toujours copains comme cochons. J'aimerais dire que j'étais toujours dans l'incertitude, que j'avais encore espoir, mais j'avais appris à me protéger, aussi pour moi l'histoire était enterrée avant même d'avoir commencée. Le « kidnapping » du mois précédent n'avait pas eu l'effet escompté, malgré ma déclaration fébrile après le fiasco du restaurant surprise.
Nous étions chez une de tes voisines ce jour-là, une amie commune de promo. Nous étions en train de bosser sur un projet informatique, mais je digérais encore mal les algorithmes et autres boucles à point-virgule. Ta présence dans un si petit appartement n'arrangeait rien.
Je ne sais pas si c'était un élan désespéré de ma part ou une tentative de te mettre devant tes responsabilités, mais je t'ai envoyé un texto. Ca a payé, car tu m'as invité à te rejoindre chez toi. Toujours par sms, loin du regard et des oreilles des autres.
Mon cerveau a dessiné tous les scenarii possibles. Nous nous sommes installés sur ton petit lit pour regarder un film. Étais-tu vraiment à ce point mal à l'aise avec moi ? Je n'ai regardé ce DVD que d'un œil, guettant le moindre geste de ta part : une main vers moi, attrapant la mienne, ou juste ta tête sur mon épaule. Mais non, rien. La fin de Mr & Ms Smith ne t'avait pas donné d'idée pour nous, alors j'ai commencé à m'habiller pour repartir. Quelle journée de merde, vraiment. Mais au moins, j'étais fixé.
J'étais sur le pas de ta porte. Je t'ai regardé une dernière fois, prêt à faire mon deuil. Notre étreinte de la veille ne voulait donc rien dire … ?
Puis, c'est là que j'ai eu un aperçu de ton caractère si… aléatoire. Tu as posé tes lèvres sur les miennes, très furtivement, puis tu t'es reculé en lâchant un « Pfiou, ça, c'est fait ! » de soulagement, comme si tu t'ôtais une douloureuse épine du pied. En voilà une déclaration originale et passionnée.
« Tu as perdu l'habitude de roucouler. » ne pus-je m'empêcher de te faire remarquer. Tu as ri, nous nous sommes embrassés une nouvelle fois, et la nuit est devenue nôtre.