Un ado, un maître et un panda
Alice
Panda est parti
Je m'en fiche, nous étions d'accord là dessus. Peu de temps, juste celui avant de rejoindre sa fiancée à l'autre bout du monde:
"_ Je suis parfois impuissant
_ Tant pis pour moi
_ Je me drogue
_ Tant pis pour toi
_ Je ne m'attacherai jamais à toi
_ Tant mieux, tu ne m'attires absolument pas. Tu me rends vide."
Pourquoi ne pas aller contre ses principes avec un quidam tout cassé/tout moche ? Il était gentil Panda, on rigolait pas mal. Il me passait des cigarettes malgré mes "j'ai arrêté, ça tue et je veux plus jamais fumer". Il puait le tabac froid et grimpait là-haut, attendant de me prendre quelques minutes avant qu'il ne tombe en panne. Voilà, j'ai eu un amant qui tombait en panne. Même pour une chose aussi banale qu'un plan cul, je ne sais pas faire comme tout le monde.
J'ai perdu la demeure de mon corps depuis longtemps. Je n'arrive pas à donner, je me déteste de recevoir. Où il est ton corps à toi ? J'ai pas oublié ta bouche, ni ton ventre, ton dos, tes mains, tes doigts que j'embrassais avec amour. Pourquoi tu m'as pris en premier en sachant que tu partirais pour ne plus jamais revenir ? Il fallait me laisser, on ne touche pas à quelqu'un qui ne connait que ton corps, tu leur tue l'amour, le sexe, le plaisir. Tu les fais pleurer plus d'un an encore après.
Je me suis punie, on m'a fouetté avec un câble, fessée avec une cuillère en bois, on m'a humilié sur des choses dont on a pas idée, on m'a consolé, on m'a aimé. Je n'ai pas su rendre, j'ai donné pour me punir, rien de plus. L'homme est parti, j'étais trop jeune et je lui avais déjà fait trop de mal dans mon mutisme dédaigneux. J'ai fais les mêmes erreurs qu'avec toi : j'ai demandé pardon de toute ma violence. Je me suis calmée seule cette fois ci, j'ai vite oublié et j'ai trouvé Panda. Lui, je l'ai laissé partir sans problème, je respecte l'amour, sauf le tien parce qu'il n'est que mensonges.
Tu m'avais dis que tu ne l'aimais pas, qu'elle t'indisposait avec ses phrases anglaises, ses poneys, son bac, ses photos. Tu te délectes à présent de tout ça et tu couches. Moi j'ai baisé et je ne vis plus. J'ai essayé, j'ai travaillé un an, j'ai eu un diplôme, de la reconnaissance, des amis, des amants, un début d'explication à ses crises.
Mais je suis vide, Lapin, je suis vide au dedans, bien trop occupée à tout dissimuler au dehors. J'en ai, des mots doux : belle, jolie, belle. Ils me voient de loin, comme j'ai changé, comme c'est agréable à regarder. Mais personne ne creuse plus pour voir qu'il n'y a rien derrière ma peau. Je suis encore devant cette cabine, en crise, en larmes, à entendre cette voix nasillarde qui se fout de ma gueule. Cette fille que je n'ai jamais jugé, que j'ai défendu contre toi quelques fois. Cette honte qui vient d'elle et non de moi. Cette faute qui vient de toi à ne rien m'avoir dit. J'ai disparu quand j'ai su, c'est aussi simple que ça mais tu jouis de la complexité à blesser.
J'ignore si ce couple qui dure me rend réellement jalouse, tu construis tout en ci-ment, je ne conçois pas qu'on passe d'un tel dédain à l'amour. Je n'y crois pas, est ce réellement possible ? Je suis trop naïve, c'était ma première fois, c'était le premier, le mauvais, déjà les coups de trop.
On ne devrait jamais juger une personne avec les mots des autres. Vous êtes tous coupables en condamnant une personne sans l'entendre. On m'a déjà jugé par le passé, j'ai tenté d'expliquer que moi j'aimais, que je n'avais pris la place de personne mais que moi on m'avait trahi en récupérant ses fonds de poubelle. J'étais triste et folle de rage, j'ai expliqué que l'amour il faut s'en méfier quand c'est un homme, qu'il envoie des photos intimes à des rivales, qu'il n'avait aucun droit de faire ça et que nous on a défendu celle qui nous fait du mal.
Voilà, j'étais jeune mais j'ai gardé ce fond là, je refuse qu'on touche à l'intégrité d'une personne, même de mon ennemie. Pourquoi ces filles s'en prennent elles alors à moi et ne veulent pas entendre qu'elles ont été aussi bernées que moi ? Sera -t-elle un jour assez intelligente et enfin propre sur elle pour saisir ses erreurs ? Je déteste de tout mon être, les autres lui souhaitent de rester l'idiote à la petite vertu qu'elle est. Elle mange le pain qui m'a fait vivre si mal mais si intensément.
Je ne vis et change que dans une optique, une éventualité, un espoir. Je pensais avoir rencontré à nouveau l'amour mais je me suis méfiée. Je lui ai donné rendez-vous de loin et il n'est pas venu. Je ne donnerais pus jamais sans qu'on me considère réellement. Qui es tu ? Que fais tu ? J'aime quand tu chantes, écris, sautille joyeusement, ris, me fais l'amour, m'aimes. Il devra nous aimer, moi et mon amour. Il devra venir me chercher, je ne bougerais pas. S'il me veut pour de vrai et pour de bon, il m'aura. Il devra alors accepter que moi je l'aime et me batte pour lui. Pas de crises, pas de larmes, même pas ton prénom dans le récit de ma vie. Il devra m'aimer assez pour accepter mes silences aux questions trop indiscrètes:
"_ Qui était là avant moi?
_ Avant, ça ne compte plus, ça s'est effacée, mon corps a oublié
_ Toi, tête dans les nuages, tu te souviens
_ Il y a eu un adolescent méchant, malsain et un peu débile sur les bords, un maître et un panda. Tu es content ?"