Un bateau qui coule

[Nero] Black Word

Joyeuse nouvelle année !


Il y eu beaucoup de bruit, beaucoup de cris pendant cette nuit. Des feux d'artifices qui illuminaient l'obscurité. Des feux pour nous éclairer, nous réchauffer. J'étais fatigué. Malgré les hurlements, malgré l'agitation, malgré les feux, artificiels ou non, je bus une dernière gorgé d'un alcool amer avant de sombrer.

Dans un rêve, je tombais du ciel. Les étoiles, ou peut-être de simples lumières, devenaient des rayons scintillants. Telle une mouette, je me suis posé sur un bateau. Ainsi commença une danse digne d'un rêve. Il n'y a que dans ces songes vagues comme l'océan qu'une déesse s'approcherait ainsi de moi. Elle est sortie sur le pont du bateau dans une robe blanche parsemée de bleu. Elle garda le silence, prit mes mains et m'entraîna dans cette fameuse danse.

Mon esprit ne s'égara que le temps de rire d'un constat caricatural. Je venais de voir que j'étais vêtu d'un jean salit et usé ainsi que de ma vieille chemise noire complètement froissée. Sans parler de mes cheveux ébouriffés, de cette barbe mal entretenue, de ces cernes sur mon visage. Et je dansais à présent avec elle, elle qui était si belle dans sa robe. Ses yeux brillants et son sourire. Oui, j'ai perdu l'esprit. C'est elle qui le détient à présent.

Cette danse aurait pu durer une éternité que rien ne m'aurais donné envie d'interrompre ce rêve. Aucune réaction ne se manifesta en moi quand mes pieds furent gelés, ainsi que le moment où de l'eau monta le long de ma jambe. J'étais perdu, contrôlé par une illusion dans mon esprit. Le froid prit de plus en plus le pas sur moi. Le bateau s'engouffra lentement dans l'océan, aussi perdu que je l'étais à cette instant. Nous sombrions en dansant, comme si cette fatalité était un petit plaisir dont il fallait profiter.

À peine avions-nous été avalés par les flots que cette superbe créature vint déposer ses lèvres contres les miennes. Elles étaient aussi froides que cette eau. Dans cet envoûtement, la vie me quitta. Mes poumons se vidèrent d'air et mon regard s'obstina une dernière fois à la regarder elle. Sur la silhouette d'une sirène, mes yeux ce fermèrent.

Une lumière aveuglante ainsi qu'une affreuse odeur me percèrent le crâne. Prenant une profonde inspiration, je me relevais au milieu d'un océan rouge. Seul, debout, entouré de cadavres, je réalise le triste résultat de la nuit.

Les torches étaient à présent éteintes. Plus aucun coup de feu ne se fit entendre. Mes camarades étaient morts, inondant notre poste de sécurité avec leurs corps. Plus aucuns cris ennemis, plus aucun ordre, plus le moindre son de voix. Seul le cri des mouettes venaient perturber ce silence.

 

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