Un carré oublié

Coincé entre les bureaux 283 et 284, au petit bout du bout du couloir avec, d'un côté, un mur de larges briques, et au sol, un carrelage à gros carreaux et au motif si pratique pour dissimuler les tâches !

Assise par terre, adossée aux briques, j'attends. Le dos, le postérieur, et de temps en temps, quand ma tête s'abandonne, l'arrière du crâne se refroidissent au contact de la matière.

En face, la lumière du jour vient, coupée en lanières par le store toujours gris et baissé. Et puis derrière, de la vie ! Ou plutôt de la survie : des plantes qui n'attendent rien ni personne pour continuer leur petite existence végétative. A gauche, un banc sombre, de bois usé et moussu. Tout autour de ce patio, des baies vitrées munies de stores. Mais aucune porte ! Voici un lieu où mobilier et végétation attendent d'accueillir quelque moment convivial. Mais rien ne permet d'y accéder ! Alors, à qui est-il destiné ? Peut-être à tous ces bouts d'âme, que, chacun, nous laissons à force de errer entre ces murs. Là, ils peuvent observer, se souvenir, sans se mêler à ceux qui aujourd'hui hantent les lieux. Peut-être qu'en me regardant, là, ils se souviennent de cette sensation de fraîcheur transmise par le carrelage quand on attend, stressé, de passer son premier oral dans son premier bureau d'université ? Peut-être nous disent-ils que tout va bien se passer et que le temps va bien finir par, lui aussi, passer. Peut-être.

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