Un conte de Noël -V

Olivier Verdy

Dan en a un peu marre, déambuler comme ça en ville avec une gamine de six ans, c'est pas le top. Elle ne marche pas vite. Même si ça lui permet de ne pas trop solliciter sa jambe. Vivement l'arrivée chez les flics. Il leur refile la petite et se rentrera tranquillou. Peut-être même qu'il sera considéré comme un héros. « Un homme sauve une petite fille d'une mort certaine dans le froid ». Il est prêt pour les magazines. Non. Ce qu'il veut c'est surtout être seul, rentrer chez lui et qu'on arrête de l'emmerder. Un chocolat chaud ? pfff..Dan préfèrerait de loin un irish coffee à défaut de mieux. Mais bon, on ne sait jamais, peut-être qu'il trouvera un bar sur le chemin pour s'en jeter un petit, histoire de reposer sa jambe. Ou histoire d'oublier qu'il boit trop depuis quatre ans. Mais que c'est son unique plaisir dans ce qu'il lui reste de vie. Le commissariat n'est plus très loin, Dan voit l'enseigne se profiler entre les arbres. Dans la rue, les voitures sont bien alignées, et comme dans les villes du sud, le double file est d'actualité. Un van devant l'entrée, feux de détresse allumés. Classique. Il ressemble d'ailleurs au van de tout à l'heure. En s'approchant, Dan essaie de voir la plaque…'MIB' C'est LE van. Ils sont là. Le papa doit être ici alors. Un homme passe devant eux précipitamment et ouvre la portière.

- Eh eh vous s'il vous plait !!!

L'homme gominé regarde Dan d'un œil mauvais puis le snobant pose une chaussure sur le marchepied

- S'il vous plait, monsieur, excusez-moi.

- Quoi ? Tu as un problème ? Dégage avant que je t'en colle une

- Je veux juste vous parler un instant, s'il vous plait

Dan entend « c'est sa fille, monte vite » juste avant que son interlocuteur ne le repousse a deux mains, le faisant presque tombera la renverse puis s‘engouffre dans le van. Dan s'accroche à la poche de son agresseur et la déchire pendant que ce dernier s'installe et claque la porte. La camionnette démarre alors d'un seul coup, forçant à piler une voiture qui arrivait par derrière. Un coup de klaxon et d'appels de phares plus tard, Dan est sur le trottoir, Maggy à ses côtés. Il tient dans sa main une carte plastifiée qu'il a dû saisir quand il s'est accroché pour ne pas tomber. Dan la regarde d'un air distrait, se demandant encore ce qui vient de lui arriver. La carte d'un cercle de jeu indique que Jean Pierre Morgan est un membre actif et qu'à ce titre, il est autorisé à pénétrer et jouer dans une salle du centre ville. Voilà qui va aider Dan au commissariat. Il la donnera aux flics.

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