Un conte de Noël - XI

Olivier Verdy

Tous les contes de Noël ont une fin.

-          Bon je ne sais pas comment vous dire ça.

-          Ben allez-y, quoi encore ? vous allez me dire que la petite doit se déshabiller ? parce que là c'est non. Vous lui avez assez fait de mal. Maintenant vous allez lui foutre la paix. Vous voyez bien que ce n'est qu'une gamine perdue et qui n'a rien demandé à personne.

-          Venez avec moi dans le camion, on doit parler.

-          Et Maggy ?

-          On s'en occupe.

-          Maggy ? je reviens dans deux minutes. Je suis juste là dans le camion, appelle-moi si tu as besoin de quelque chose

 

Quelle est encore cette nouvelle fantaisie ? C'est quoi ce truc ? Que veulent les flics ? Dan a fait tout ce qu'il pouvait pour aider Maggy; il a fait tout ce qu'il devait pour aider la police. Il serait temps que cette histoire s'arrête. Maggy une terroriste quelle blague!

 

-          Asseyez-vous s'il vous plait

-          Alors dites-moi: qu'est ce qui se passe encore ?

-          On s'est planté.

-          Quoi ? comment ça « planté » ?

-          Laissez-moi vous expliquer

-          Quoi ? Qu'elle n'est pas poseur de bombes ? ça le je savais.

-          Non. Disons que c'est un peu plus compliqué

-          Alors je vous écoute et soyez rapide mais complet.

-          Bon, avec les attentats récents, on est un peu sur les dents quand même, surtout en cette période de fête. On a été prévenu hier après-midi d'un danger arrivé par avion depuis Madrid. Du coup, on a cherché et surveillé les différents passagers tout en menant des enquêtes sur tous. L'idée était de les surveiller et de ne pas intervenir tant qu'on n'avait pas de preuves. Comme ça, on évitait de gâcher les fêtes des autres on va dire.

-          Et vous vous êtes trompé de gugusse.

-          Ce matin, il nous restait trois personnes encore suspects. Dont le père de Maggy. Imaginez, il rentre de Madrid. Au lieu d'aller chez lui, il se rend au bar d'un hôtel rencontrer un autre homme. Puis, il va direct dans une gare. Et ce midi, il récupère un colis à la terrasse d'un café avant d'emmener sa fille au marché de Noël. D'où la décision d'intervenir.

-           ?? et la petite? pourquoi la laisser sur place ?

-          Disons que les hommes, dans la précipitation et la discrétion de l'opération, n'ont pas prêté attention à elle. Et puis, il était la cible.

-          Et maintenant, il est hors de cause ?

-          Mmm. Il a fourni des explications pour chacun de ses faits et gestes. L'homme au bar était son patron. C'est confirmé. En gare, il a pris des billets pour deux, une surprise à son épouse. Un week-end à Bruxelles.

-          Et le colis ?

-          Le colis, des vêtements pour sa fille.

-          OK. Donc il va pouvoir la rejoindre non ?

-          Il est en route.

-          Attendez. Pourquoi il a eu les vêtements dans un colis et pas dans un magasin ?

-          Par un ami….

-          Hein ? et puis qu'est-ce qu'il y avait comme vêtements ?

-          Des tee-shirts, des trucs chauds.

-          Et vous avez vérifié ?

-          Quoi donc ? à quoi vous pensez ?

-          Elle a un tee-shirt très épais contre sa peau….

Dan se précipite dehors suivi par le policier. « Maggy ? Maggy ? » ; Deux policiers pointent vers un stand de boissons, «par là avec son père ». Dan et son acolyte courent vers le stand, les quatre yeux scannant tous les visages. Dan essaie surtout de retrouver Maggy – ne connaissant pas son père- « Maggyyyy Maaaaggy !!! », Les voix sont couvertes par l'animation musicale et fendre la foule de visiteurs dégustant leurs vins chauds prend du temps. De son côté, le policier appelle des collègues afin de faire évacuer la place tout en la sécurisant. Personne ne doit pouvoir la quitter sans franchir le cordon de Police.

Soudain, Dan la voit. Maggy tient son père par la main. Ils regardent un père noël assis sur un traineau. Les vingt-cinq mètres à parcourir lui semblent une éternité. D'autant que des passants lui coupent sans cesse le chemin et que, de ce fait, il les perd de vue. Et là, alors qu'il n'est plus qu'à quelques mètres, Dan distingue l'homme, accroupi devant sa fille les mains dans l'anorak de la petite. « NOOOON » 

 

-          Papa, c'est lui Dan. C'est le gentil monsieur qui m'a aidé à te retrouver.

-          Voilà, ferme bien ta veste pour ne pas avoir froid…Bonjour Monsieur, je suis le père de Maggy. Je ne pourrai jamais vous remercier assez d'avoir si bien pris soin d'elle. Que faites-vous pour le réveillon ?

Dan est à genoux devant Maggy. Elle le serre très fort. Il n'avait pas ressenti ce bonheur depuis si longtemps. Des larmes coulent sur ses joues. Un noël ? Un vrai noël. ? Son premier depuis cinq ans. Son retour dans le monde des vivants.

Tic, tac, tic, tac.

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