Un David pas trop statuaire ou Pluie céleste à Piazza della Signoria

paoladele

Scénario pour court-métrage d'animation

Un David pas trop Statuaire ou Pluie céleste à Piazza della Signoria

 1.         Intérieur nuit – Studio de Colombe

1.1 - Séjour

Colombe, la vingtaine, étudiante en Beaux-arts, frêle et élancée, traîne dans le séjour de son studio en culottes et débardeur. Elle est perdue dans ses pensées, l’air triste.

Elle attrape un crayon sur son bureau où s’éparpillent des croquis, des pinceaux de diverses dimensions, des textes griffonnés, des magazines mi-découpés, des photos et accommode ses cheveux noirs indisciplinés en un chignon improvisé.

Elle fait quelques pas dans le séjour submergé d’objets et de photos représentant la même personne : un jeune homme à la peau claire, Théophile. Elle s’arrête devant l’une de ces photos affichées au mur, elle hésite et enfin elle se retourne vers la bibliothèque imposante (par rapport à la taille du studio) et prend un gros livre d’art.

 1.2 – Salle de bain

Colombe pleure assise dans sa baignoire transparente qui est vide mais qui se remplit progressivement des larmes qu’elle verse.

En même temps elle feuillette avec désespoir le gros livre d’art qu’elle vient de prendre de la bibliothèque.

Il s’agit d’un livre de sculptures et de peintures de différentes époques représentant des corps masculins nus.

On voit se succéder les bronzes de Riace, Hermès de Praxitèle et des dessins de Rodin réalisés au crayon.

Colombe sanglote de plus en plus et, à un certain moment, elle tire le rideau plastique qui entoure la baignoire et se recroqueville sur le livre.

Le rideau n’est qu’une gigantographie de Théophile à la plage.

Chevelure claire au vent, il sourit en maillot de bain sur le sable, débout, une jambe légèrement fléchie pour dissimuler une érection effrontée, le bras droit au repos et le bras gauche replié sur l’épaule, un foulard dans la main.

Il est bien bâti et très attirant, des muscles prononcés sans être vulgaire, très peu poilu. Taille classique. Corps statuaire.

Colombe relève la tête et continue de pleurer face à l’image de Théophile. En même temps elle tourne les pages du livre, sans faire trop attention à ce qu’elle voit, jusqu’à que son regard s’arrête sur la photographie de « David » de Michel Ange (1501 – 1504), la réplique installée sur piazza della Signoria à Florence.

Colombe est foudroyée par la vision de cette statue.

Elle arrête de pleurer et commence à  regarder sans cesse la statue ; elle suit avec son index ses muscles si magistralement sculptés. Les bras d’abord, ensuite les jambes et les pieds pour remonter vers le torse en s’attardant sur les muscles pectoraux.

Elle pose le gros livre sur le porte-savon et compare les deux images d’un regard malicieux.

Elle s’abandonne de plus en plus à cette contemplation voluptueuse. Elle plonge une main dans les larmes qu’elle a versées, elle se lève et caresse, la main humide, d’abord le visage de Théophile, ensuite celui de David.

Successivement Colombe approche sa main gauche de sa bouche reluisante d’excitation.

Elle lèche ses doigts une par une et les appuie sur le plexus de Théophile.

Elle fait la même chose avec ses doigts de la main droite, pour les appuyer aussi délicatement sur le plexus de David.

Elle ferme les yeux, et renverse la tête en arrière. Le crayon dans ses cheveux tombe dans la baignoire et le chignon se défait. Ses bras flexueux sont tendus symétriquement vers  les deux images, David et Théophile, et ses mains glissent sur leurs sexes, en même temps, avec lenteur.

Les doigts de Colombe dessinent des mouvements circulaires et symétriques sur les deux verges à un rythme variable, selon son désir à elle.

 Ces mouvements se transforment en sillages blancs d’un petit avion lors d’une parade acrobatique dans un ciel d’azur lapis-lazuli.

On entend le bruit d’un avion.

2.      Extérieur jour – Florence – Piazza della Signoria

 Le petit avion atterrit su piazza della Signoria à Florence.

Colombe descend de cet avion. Elle porte un casque et des lunettes d’aviatrice, une veste en cuir  au dessus d’une petite robe dos nu qui s’attache avec un nœud derrière le cou, le matériel pour dessiner et un tabouret sous le bras.

Le soleil vient de se lever, il n’y a pas encore trop de touristes.

Elle enlève ses lunettes d’aviatrice, son casque et la veste pour prendre place juste devant David.

Elle le regarde pendant un bon quart d’heure, d’abord timidement, ensuite de façon insistante, comme on regarderait un homme dans un bar pour le séduire.

Ensuite elle commence à dessiner la statue au crayon par la tête et le buste. A fur et à mesure qu’elle avance dans le dessin, elle est comme prise par une fièvre sensuelle bouleversante.

On devine ses tétons en effervescence à travers le tissu de la robe. Ses joues, son cou, son décolleté sont en feu, elle passe la langue sur ses lèvres pour les humidifier

Elle lance encore de longs regards lascifs à David et continue son dessin, dans un état progressif d’excitation.

Elle vient de terminer les cuisses et l’entrejambe de David mais pour dessiner sa verge, elle change de point d’observation et se rapproche du bloc sculpté en se positionnant de biais par rapport à lui.

Entre temps piazza della Signoria commence à se remplir de touristes et d’autres dessinateurs et dessinatrices originaires du monde entier qui s’installent en face de David pour tenter de saisir son harmonie anatomique légendaire.

Toutefois, parmi tous ces êtres en extase devant sa beauté, David choisit Colombe.

Il baisse la tête en direction de la frêle et excitée étudiante de Beaux-arts et d’un coup, son pénis affiche une érection explosive.

Colombe est épatée et intimidée à la fois. Elle rougit et se jette frénétiquement sur son dessin pour essayer de reproduire ce modèle pas ordinaire. 

 David ne démorde pas. Il est dur comme le marbre.

Certains touristes remarquent l’événement insolite et crient, choqués, au scandale.

D’autres ne croient pas à leurs yeux.

D’autres encore voudraient toucher le membre turgide comme ils toucheraient le talisman de la fertilité.

Mais Colombe les empêche.

 Elle se lève, elle défait le nœud de sa robe qui glisse par terre en la laissant complètement nue, elle monte sur le tabouret et se positionne tout juste devant David, les jambes légèrement écartée, les cheveux longs sur les épaules.

Elle ouvre ses bras comme si elle voulait faire barrage par rapport à la foule qui est en train de s’agglutiner autour d’elle et de la statue.

Elle referme ses bras en faisant un cercle (comme si elle faisait du tai-chi) qui se termine en appuyant les mains sur le sexe de David.

Elle l’empoigne délicatement et le met goulument dans sa bouche.

Elle le suce, l’aspire, le dévore, ses deux mains qui l’encerclent à la base dans une étreinte indissoluble, la tête accompagnant ces mouvements de machinale sensualité.

 Colombe a les yeux fermés et elle ne s’aperçoit pas que David n’est plus une statue.

Tout en gardant la même taille et la même musculature, David a pris l’aspect d’un homme en chair et os : Théophile, tel qu’il était dans l’image du rideau de douche, une érection effrontée et le foulard à la main qu’il va utiliser pour bander les yeux de Colombe.

 Une main de Colombe va se balader dans une région plus reculée : les couilles de Théophile/David. Elles sont dures mais pas trop, comme des abricots qui demandent d’être cueillies. Colombe les caresse et ses doigts jouent avec avant de les prendre dans sa bouche. Elle les enferme quelques secondes dans ce doux enclos comme si elle allait les savourer, les goûter avant de les lécher et de les mordiller.

Les circonvolutions de la langue de Colombe se déplacent des testicules à la verge, dans toute sa longueur, comme une escalade de plaisir qui part de la base légèrement poilue et blonde, jusqu’au sommet glabre du gland.

La pointe de la langue de Colombe s’arrête longuement sur ce sommet, comme un alpiniste qui plante son drapeau en cime de la montagne dont il a été le premier escaladeur.

Le pinacle réagit: il pulse encore plus de désir, secondé par Colombe qui a repris à le sucer sans retenue et de plus en plus vite.

Le plaisir de Théophile/David est à son apogée, il atteint un orgasme d’une puissance inégalable en éjaculant comme un orage sur la foule des touristes de Piazza della Signoria et sur Colombe.

Elle accueille sur son corps nu ces gouttes blanches et épaisses, les yeux toujours bandés, comme une pluie purificatrice après les mois de sécheresse.

Elle retire le foulard de ses yeux, elle pleure et sourit à la fois au destinataire de sa fellation magistrale : David qui a repris son aspect de statue, qui a remplacé son amant perdu et que lui fait un petit clin d’œil face aux touristes abasourdis.

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