Un début de roman

Aglaé Zebrowski

Les premières lueurs de l’aurore surgissent dans le ciel. Les nuages, sombres comme mes yeux, s’éloignent vers l’horizon. Poussés par la brise matinale, ils suivent leur chemin d’une manière languissante, lascive, nonchalante. Le rythme de mes pas ressemble à leur lente progression. L’endolorissement qui saisit mes muscles se propage jusque dans mon cerveau. À l’intérieur, les idées s’y bousculent violemment. Je cligne plusieurs fois des yeux pour éveiller mon regard. Mais je ne perçois plus que les couches irrégulières de neige au sol - neige aussi blanche que ma peau glacée.

Maëva et Stephen me devancent de peu. Ils marchent, certes plus vite que moi, mais cette distance ne m’empêche pas de palper la chaleur émanant de leurs corps. J’ai un frisson de bien-être en me nourrissant de cette tiédeur réconfortante. J’inhale une longue bouffée d’oxygène pour m’imprégner de leur odeur;

Le parfum de leur peau, inspirée des bois sauvages, emplit mes naseaux. Les effluves de leur chair excitent mes sens. Mon instinct animal redouble ma raison. Je presse le pas et m’intercale entre mes compagnons. Aussitôt, leurs bras enlacent mes reins. Un tendre incendie se déclenche immédiatement en mon intérieur. Je souris.

Désormais, je suis moi-même. Entière.

Et en accord avec ces deux parties de moi.


Je suis Alysson.

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