Un évènement marquant

monime

J'ai écrit ce texte en début d'année pour un devoir de français. Le thème était "un évènement important dans votre vie". Ce récit n'est pas du tout fictif, rien n'a été inventé.
Cher lecteur, Ce que je vais te raconter est personnel, et ça me gêne un peu de t'en parler. Mais bon. Je vais être sincère tout au long de mon récit, et si jamais il y a quelque chose que je ne souhaite pas te dire, je te le signalerais. Je m'engage à ne pas mentir, alors engage toi à ne pas me juger. Sinon, arrête de lire ces lignes. Mon père est mort après les trois années les plus marquantes de ma petite vie. Il n'est pas mort "naturellement" puisqu'il a eu un cancer du poumon, qui a été soigné. Ce terme a été clairement utilisé par les médecins un mois avant que l'on découvre une récidive. Un cancer du cerveau cette fois, et aucune chance de guérison. C'est là que tout a vraiment commencé. La maladie était présente au quotidien et je ne vais pas te parler des détails. Bref, quand mon père est mort, ça a été malheureusement un soulagement. J'ai un peu honte de l'avouer, mais c'est la vérité. Ça fait maintenant six mois, et j'ai traversé de nombreuses étapes. Après avoir connu un bref soulagement, j"ai compris que ça allait être très dur, et j'ai eu peur de l'avenir sans lui. Alors j'ai fuit. Je suis partie en voyage scolaire. J'ai loupé sa crémation. Beaucoup m'ont jugée, peu ont cherché à me comprendre. En rentrant, j'ai commencé à ressentir de la colère et à rechercher des coupables. J'en voulais aux médecins de nous avoir laissés croire qu'on allait pouvoir prendre un nouveau départ. J'en voulais à mon père, d'avoir essayé de faire comme si tout allait bien. J'en voulais à des tas de gens, qui ont arrêté de m'emmerder quand il est mort. Les gens ont pitié. Quoi que l'on fasse, il y a toujours des excuses qu'ils trouveront à certains moments de notre vie. "Elle est triste...son père...". Alors qu'avant ils nous auraient craché dessus. Mais plus que tout le monde, j'en voulais à moi-même. Personne ne peut imaginer à quel point je suis rongée par le remords. D'ailleurs, "ronger" ne suffit pas. Les remords me dévorent un peu plus chaque jour. Je pense tout le temps au passé. "J'aurais pu faire ça, être plus gentille". Mais à quoi bon? Je sais qu'il faut que j'avance. Mais c'est dur sans père. Même si je n'ai plus peur de personne. Les gens peuvent penser ce qu'ils veulent de moi, je n'en ai plus rien à faire. Quelques personnes me reprochent de faire comme si tout allait bien, ce qui est certainement faux, mais au plus profond de moi, je suis heureuse. Je ne suis pas partie avec lui, j'ai été plus forte. J'en ai bavé, et j'en bave encore, mais le contraire serait étonnant, n'est-ce pas? Ce sont les choses qui nous tuent qui nous font sentir vivant. Ça me fait mal de savoir qu'il ne me verra pas grandir. Je n'aurais pas de conversation d'adulte avec lui. Je suis en pleine croissance, en train de me construire, de me forger mon opinion, mes idées. Et je ne pourrais pas les partager avec lui. La vie est comparable au sport. On croit que l'important est de participer, mais l'important est la manière de participer. Nous connaissons le résultat : perdants. Alors pourquoi de ne pas en profiter? Jouons! Discutons avec l'arbitre, trichons, changeons les règles. A la fin du match, nous serons morts. Gagnons du temps, le plus possible. Amusons-nous. Profitons. Ne nous avouons jamais vaincus. Battons-nous jusqu'au bout, chacun à notre façon!
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